« J’avais déjà participé à la première édition de la Nuit de la lecture dans le cadre de mes précédentes fonctions au Labo des histoires. Par ailleurs, j’ai été étroitement associée à la célébration du 10e anniversaire de la mort d’Aimé Césaire aux côtés des éditions Bernard Chauveau qui lui ont consacré un ouvrage », explique Rosita Agnoly. Aujourd’hui professeur de lettres modernes au collège Edmond Lucien Valard de Saint-Esprit en Martinique, c’est tout naturellement qu’elle a poursuivi le travail autour d’Aimé Césaire avec ses élèves de troisième et décidé d’en montrer le résultat à l’occasion de la deuxième édition de la Nuit de la lecture.
Dans un territoire enclavé et rural, le pari d’intéresser les élèves à l’œuvre et à la vie d’Aimé Césaire était loin d’être gagné. Et pourtant... Les élèves ont immédiatement perçu la beauté et la poésie de son écriture
Un message universel
Sur le modèle de celles publiées par les éditions Bernard Chauveau, les élèves du collège ont à leur tour tous écrit une lettre à Aimé Césaire. « Trois classes ont participé à ce projet, explique Rosita Agnoly. Sur la base d’une sélection des passages les plus intéressants retenus dans les lettres des élèves, chaque classe a écrit sa propre lettre. Puis à partir de là, un nouveau travail de repérage et d’identification a été fait. Celui-ci a abouti à la version finale présentée lors de la Nuit de la lecture ».
Dans un territoire enclavé et rural où « seulement 16,6% des jeunes obtiennent le baccalauréat selon les chiffres de l’INSEE en 2014 », le pari d’intéresser les élèves à l’œuvre et à la vie d’Aimé Césaire était loin d’être gagné. Que le pronostic ait été déjoué n’est pas la moindre des satisfactions de Rosita Agnoly. « Les élèves savaient peu de choses d’Aimé Césaire et ne connaissaient absolument pas son œuvre. Nous avons étudié le mouvement de la Négritude, certains textes du Cahier d’un retour au pays natal, et visionné des documents vidéo. Les élèves ont immédiatement perçu la beauté et la poésie de l’écriture d’Aimé Césaire. Ils ont aussi eu la sensation de le connaître intimement ce qui a eu pour effet de les rapprocher d’autres auteurs et figures politiques contemporaines. Leurs lettres en portent le témoignage. Sans compter que ce travail leur a donné confiance : nous, Martiniquais, qui sommes un peu excentrés et loin de tout, nous avons eu des personnalités importantes qui ont porté un message universel ».
Exercice de style et d’admiration
Travaux des élèves, mais aussi interventions du graffeur Steeven Caupenne et de la comédienne Yna Boulangé, la richesse de la programmation de cette seconde édition de la Nuit de la lecture impressionne. « L’expérience de la 1ère édition m’a beaucoup servi, commente Rosita Agnoly. Il n’est pas toujours simple d’attirer un public vers la lecture. J’ai donc réfléchi à d’autres façons de susciter cette envie ». Dans l’agora située au sein de l’établissement, les lectures se sont succédées, donnant à entendre des textes d’Aimé Césaire mais aussi d’auteurs importants du courant de la Négritude. Enfin, « véritable point d’orgue de cette belle soirée, la lettre issue des travaux des élèves et des extraits de textes de Nelson Mandela et d’Aimé Césaire ont été lus par Yna Boulanger ».
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