Louise Breslau (Munich, 1856 - Paris, 1927)
De santé fragile, Louise Breslau bénéficie d'une éducation générale au couvent puis prend ses premières leçons de dessin entre 1874 et 1876 auprès du portraitiste et peintre de genre suisse Eduard Pfyffer (1836-1899). A l'âge de dix-neuf ans, elle décide de poursuivre sa formation à l'étranger. «Je pressentis tout de suite qu'à Paris, je trouverai les moyens d'apprendre.» écrit-elle. Elle décide de s'inscrire à l'Académie Julian, qui propose un enseignement alternatif à celui de l’École nationale des beaux-arts, encore fermée aux femmes. Studieuse et ambitieuse, elle passe aux yeux de ses camarades pour l'élève la plus prometteuse et la plus talentueuse de l'atelier, comme en témoigne sa grande rivale Marie Bashkirtseff (1858-1884) dans son journal. Sur les conseils de ses professeurs Rodolphe Julian (1830-1907) et Tony Robert Fleury (1837-1911), elle présente un Portrait de Groupe au Salon de 1879, qui fait d'elle « une des victorieuses du salon de 1881 » (Hoschedé), puisqu'une mention honorable lui est attribuée par le jury. Par la suite, elle se voue presque exclusivement au portrait et notamment à la représentation de ses proches comme Chez Soi (Rouen, musée des beaux-arts) qui représente sa mère et sa sœur Bernhardine.
En 1887, elle participe à l'Exposition Universelle en tant que représentante de la Suisse et se voit attribuer une médaille d'or, qui lui assure la réputation d'une artiste officiellement reconnue. Bien vite, les commandes privées de membres de la noblesse ou de bourgeois fortunés se multiplient. Très prisée pour son aptitude à restituer les caractéristiques physiques et psychologiques de ses modèles, Louise Breslau exécute, le plus souvent au pastel, nombre de portraits d'enfants. Ainsi, en 1892, réalise-t-elle le Portrait de Mlle Adeline Poznanska (Paris, musée d'Orsay), œuvre précédée de nombreuses études variant poses et attitudes, qu'elle expose au Salon la même année. Alors que l’État achète plusieurs œuvres à Louise Breslau, il lui remet en 1901 la légion d'honneur, ce qui fait d'elle la première artiste étrangère à la recevoir.
Au moment où la guerre éclate, Louise Breslau, qui vit depuis quarante ans en France, prend fait et cause pour son pays d'adoption. Alors qu'elle cherche à prendre activement part au devoir patriotique, elle s'emploie à réaliser une galerie de portraits de soldats appelés au front afin de les offrir à leurs familles. De 1915 à 1917, elle exécute plusieurs dessins d'infirmières de la Croix Rouge. En 1921, elle fait le Portrait d'Anatole France (Versailles, musée national des châteaux de Versailles et du Trianon), écrivain alors au sommet de sa gloire, dont elle fait la connaissance vers 1890.
A la fin de sa vie, elle s'adonne davantage au genre de la nature-morte. Alors qu'elle meurt en 1927 à l'âge de soixante-dix ans, Madeleine Zillhardt (1863-1950), sa compagne depuis 1885, s'attache à défendre au mieux les intérêts de l'artiste en faisant don de l'essentiel de ses œuvres aux musées français et en publiant des écrits sur Breslau ou de Breslau. Deux expositions commémoratives en 1928 à l’École nationale supérieure des beaux-arts et en 1929 au musée des beaux-arts de Genève rendent hommage à l'artiste. Si l'œuvre de celle-ci est ensuite tombée dans l'oubli, elle a été mise en valeur en 2005-2006 dans une une exposition intitulée Louise Breslau, dans l'intimité du portrait, organisée par le musée des beaux-arts de Dijon.
Franny Tachon
Sélection d'oeuvres de Louise Breslau sur la base Joconde Pop
Bibliographie
Krüger Anne-Catherine, Louise Breslau : de l'impressionnisme aux années folles, catalogue d'exposition, Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne du 13 octobre 2001 - 20 janvier 2002, Milan, Paris, Lausanne, Skira, Seuil, Musée cantonal des Beaux-Arts, 2001
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