Marie-Rosalie dit Rosa Bonheur (Bordeaux, 1822 - Thomery, 1899)
Née à Bordeaux dans une famille d’artistes, Rosa Bonheur est formée auprès de son père, Raymond Bonheur, peintre paysagiste, dans l’atelier familial. Ses sujets sont issus de la vie paysanne et rurale, elle est comparée au paysagiste Brascassat mais s’en détache rapidement. Très vite, elle développe une personnalité atypique. Elle apporte un regard extrêmement attentif aux bêtes, persuadée que les animaux ont une âme, elle n’hésite pas à les représenter dans des formats de peintures d’histoire. Ceci l’amène à devenir l’un des grands peintres animaliers du XIXe siècle. Remarquée dès sa première apparition au Salon de 1841, elle obtient de l’Etat en 1848 la commande du Labourage nivernais, aujourd’hui au musée d’Orsay.
Bénéficiant d’une carrière internationale, particulièrement en Grande Bretagne et aux États-Unis, premiers pays à lui avoir rendu hommage, où la majorité de ses œuvres sont conservées, elle connaît la gloire au Salon de 1853 avec Le marché de chevaux (New-York, Metropolitan museum). Achetée à prix d’or par le marchand et galeriste Ernest Gambart, l’œuvre est exposée à Londres en 1854 et connait un succès retentissant aux États-Unis. Gambart, devenu son impresario, assure la diffusion de ses oeuvres par des gravures et des lithographies et organise tournées et expositions. Peintre de talent reconnue par ses pairs et les marchands, Rosa Bonheur est la première femme à obtenir la légion d’honneur en 1865. L’impératrice Eugénie elle-même la décore au rang de chevalier et en 1894, elle est promue au rang d’officier.
Très libre pour son époque, elle vit plus de cinquante ans une union avec la même femme, Nathalie Micas. Elle achète en 1859 le château-atelier de By à Thomery, situé en lisière de la forêt de Fontainebleau, en Seine-et-Marne, et qu’il est encore possible de visiter. Son amour des animaux l’a conduit à élever une ménagerie entière, elle vit aussi avec un couple de lionceaux dans son atelier. Cette femme émancipée bénéficie d’un permis de travestissement pour porter le pantalon. Si aujourd’hui sa production est tombée dans l’oubli, on s’en souvient comme l’une des figures de la cause homosexuelle et féministe.
Ses œuvres sont présentes dans les collections publiques françaises, particulièrement au musée du Louvre, département des arts graphiques (lettres et dessins), au musée national du château de Fontainebleau et au musée des beaux-arts de Bordeaux, sa ville natale. Le musée national de Port-Royal-des-Champs à Magny-les-Hameaux a consacré une exposition à l’artiste et à sa famille en 2016.
Maëva Abillard
Sélection des oeuvres de Rosa Bonheur sur la base Joconde Pop
Bibliographie
Luez Philippe (dir.), Rosa Bonheur et sa famille, trois générations d’artistes, catalogue d’exposition, Musée de Port-Royal-des-Champs, Magny-les-Hameaux, 7 avril-25 juillet 2016, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 2016
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