En 2021, douze régions ont rendu leur rapport annuel. L’ensemble des régions souligne le fait que l’épidémie Covid 19 a encore eu des conséquences sur la productivité des services de l’Inventaire, toujours contraints par une obligation de télétravail une partie de l’année 2021. Nombres de projets ont été reportés et les enquêtes freinées en raison de l’impossibilité des consultations des fonds d’archives publics et des déplacements sur le terrain. Le démarrage d’études nouvelles a également été très progressif. La Réunion n’a pas rendu son rapport ainsi que le Grand Est, la Guadeloupe, la Guyane, et la Martinique. Ceci conduit au dur constat de la difficulté, pour les territoires ultra-marins, d’assurer la compétence Inventaire, faute de moyens et de personnels dédiés suffisants. L’Inventaire général du Grand Est est quant à lui bien présent sur son territoire mais depuis plusieurs années n’assure pas la rédaction d’un rapport d’activité annuel pourtant attendu par le Conseil national de l’Inventaire général du patrimoine culturel depuis la loi de décentralisation de l’Inventaire général de 2004.
L’année a été marquée par la mise en place de nouvelles organisations dans plusieurs régions. En 2021, suite à l’inspection menée par le ministère, la Normandie a engagé une mise à plat des missions et de l’organisation de l’équipe. Le service a été renommé service « Patrimoine et Inventaire » offrant ainsi une meilleure lisibilité à l’exercice de la compétence Inventaire. La fin de l’année a également été celle de l’évolution du service de la région Centre-Val de Loire pour lequel le comité technique a validé une nouvelle répartition au sein de deux pôles, l’un dédié à la recherche et l’exploitation scientifique et technique des données produites, l’autre à la valorisation et la conservation-restauration du patrimoine.
La Bretagne a élaboré un nouveau dispositif d’accompagnement pour encourager les territoires les moins engagés dans les stratégies patrimoniales à porter les opérations d’Inventaire, notamment dans les démarches de PLUI ou de labellisation (Villes et Pays d’art et d’histoire, Petites cités de caractère, PNR ou Grands sites de France...). Il sera mis en œuvre en 2022 élargissant ainsi la dynamique déjà établie en ce sens sur plusieurs territoires. Cet accompagnement des labels donne également en Île-de-France matière à une grande mobilisation des chercheurs, autant pour celui de la campagne de labellisation Architecture contemporaine remarquable menée en partenariat avec la DRAC sur les lycées que pour son label « Patrimoine d’intérêt régional ». Dans cet axe fort de la politique patrimoniale francilienne, 26 nouveaux sites ont été choisis et la région a renouvelé son partenariat avec la Fondation du patrimoine.
Nombre de rapports font état de l’investissement des régions en faveur du patrimoine confirmant les équipes d’Inventaire comme un levier et un acteur de multiples dispositifs. La Normandie a lancé une mission Patrimoine pour définir une nouvelle politique en direction du patrimoine cultuel et du patrimoine privé.
Des rencontres annuelles réunissent élus, associations et communautés professionnelles autour de la cause patrimoniale telles les « Journées des partenaires de l’Inventaire du patrimoine » en Bretagne ou les « Rencontres régionales du patrimoine » en Pays de la Loire.
À l’échelle nationale, le nombre d’opérations présentées pour l’année s’élève à 252. Elles concernent en grande partie des opérations d’étude, mais aussi des actions d’archivage et de numérisation, toutes issues des trois grandes missions de l’Inventaire général, « repérer, étudier et faire connaître ». 28 opérations sont consacrées à des reprises d’antériorité, des plans de numérisation, des opérations de médiation et de valorisation ou des travaux sur la documentation photographique.
Production et diffusion documentaire
La production et la diffusion des opérations menées par les services sont bien sûr des opérations essentielles pour la visibilité des services de l’Inventaire général. Il faut rappeler que ces travaux sont depuis plusieurs années contraints par le lourd dossier des reprises, des numérisations, des versements dans les différents outils régionaux et nationaux. De nombreuses études sont en attente. Selon les régions, en fonction des situations matérielles et humaines, des priorisations d’objectifs et d’équilibres à maintenir entre le repent et la conduite des opérations en cours, les avancées sont inégales. La situation est d’autant plus complexe dans les nouvelles régions où il faut adapter les différents outils. La mise en ligne des travaux de l’Inventaire conduit les équipes à avoir recours aux outils les plus performants. En Nouvelle-Aquitaine, le marché passé avec Archimed prévoit notamment de doter le futur site régional de contenus éditoriaux valorisant les recherches de l’Inventaire, d’une photothèque, d’un centre de documentation virtuel et d’une plateforme de diffusion des dossiers Inventaire moderne et innovante, interagissant avec les autres contenus évoqués. Mais en amont de ces valorisations, le processus des opérations de repent pour la mise en conformité des anciens dossiers provenant des bases Mérimée et Palissy du ministère de la culture est complexe et long et nécessite du temps humain pour forger et valider les dossiers dans leur nouvelle configuration (intégration dans l’applicatif, création de références documentaires, création de ressources auteur, numérisation et océrisation des textes de synthèse pour alimenter le bloc rédactionnel, illustration des textes libres, création de liens inter dossiers et de liens web, publication sur les portails régionaux ou Gertrude diffusion). Il est à noter que dans l’ensemble des régions plusieurs opérations sont consacrées au dossier des reprises, telles l’Île-de-France ou les Hauts-de-France (notices Mérimée et Palissy des départements du Nord et du Pas-de-Calais).
La Bretagne cette année encore a mis à profit les périodes de confinement pour avancer son imposant chantier de récolement, reprise et publication d’anciens dossiers. Étant l’un des premiers services régionaux créés, en 1964, les mises en lignes des premières enquêtes requièrent une importante mobilisation. Elles sont bien avancées puisque la région évalue à seulement 6 927 les dossiers en attente de reprise, ce qui concerne malgré tout encore 59 434 photos. En Occitanie, la bascule des données Inventaire sur le site s’est poursuivie avec la mise en ligne de 401 998 images et 38 598 dossiers - Architecture et Objets mobiliers confondus. L’estimation de la reprise est évaluée à environ 55 %. En Pays de Loire, si les dossiers des opérations en cours viennent régulièrement alimenter Gertrude diffusion, comme cela a déjà été évoqué les années précédentes, la reprise d’anciens dossiers (Renabl ou bases plus anciennes) ne peut être poursuivie, faute de moyens. La région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur poursuit son effort de publication des dossiers sur le portail de diffusion de la région avec la mise en ligne de 1 510 dossiers supplémentaires, qu’il s’agisse des dossiers directement réalisés au format numérique ou de la reprise d’anciens dossiers mis aux normes Gertrude. Au 31 décembre 2021, la base de production des dossiers compte un total de 31 427 dossiers (anciens dossiers issus de la reprise de l’antériorité et dossiers des programmes en cours) ; 21 434 dossiers (dont 14 703 issus de la reprise) sont accessibles sur le site de diffusion.
Les tableaux de la production et de la diffusion au niveau régional affichent en majorité l’utilisation de l’outil Gertrude. Il faut relever le cas occitan où la production est partagée sur les outils RenablMP et Urban-Hist (créé en 2005), et la situation corse, encore en majeure partie sur l’outil Cindoc. La diffusion se fait souvent via les portails régionaux.
Dans les bilans des activités régionales de l’année, hormis en Centre-Val de Loire, les chiffres concernant le nombre de dossiers en diffusion régionale et ceux en production affichent un grand écart. Comment expliquer cette différence ? En production, nombre de dossiers sont-ils en attente de l’achèvement de l’étude, en attente d’une validation ? Cette situation reflète-t-elle l’absence d’administrateur de bases de données ? La région des Hauts-de-France rapporte sa difficulté à assurer la validation des dossiers réalisés dans le cadre des opérations menées en partenariat après le départ des chargés d’étude et du manque de moyens humains disponibles.
À la lecture des tableaux, une autre difficulté apparait, celle du versement des dossiers depuis Gertrude vers la plateforme ouverte du patrimoine, POP, dont le fonctionnement est pourtant effectif depuis 2019. En 2021, seules quatre régions ont procédé à des versements, dont la Bretagne, de la manière la plus conséquente, le Centre-Val de Loire, l’Occitanie et l’Île-de-France. L’Auvergne-Rhône-Alpes évoque le manque d’effectifs et la difficulté à reprendre l’arriéré des dossiers et l’achèvement de la reprise des dossiers Cindoc depuis le passage à Gertrude. Des instabilités persistantes dans l’application ainsi que des anomalies dans les exports pour versement du logiciel Gertrude ont également empêché d’activer les versements dans POP. Cette carence des versements altère singulièrement la vision nationale de l’Inventaire général et ne permet plus d’assurer sur l’ensemble du territoire la cohérence attendue. Il devient alors fastidieux pour tout internaute, professionnel ou grand public, de devoir interroger chaque outil régional pour s’assurer de la pertinence des réponses, lorsque les requêtes sont formulées à l’échelle d’un corpus national. Rappelons que chaque notice contenue dans l’outil de l’État renvoie bien vers les outils régionaux, assurant ainsi la diffusion et l’accès à l’intégralité des dossiers.
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