Qu'est-ce que l'Inventaire général ?

Une entreprise documentaire à destination de tous

L’Inventaire général du patrimoine culturel recense, étudie et fait connaître les éléments du patrimoine français qui présentent un intérêt culturel, historique ou scientifique. Créé en 1964 sous la houlette d’André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, il constitue une vaste entreprise scientifique de connaissance sur le patrimoine, sans préoccupation réglementaire, juridique ou fiscale.

Une compétence partagée

La loi Liberté et responsabilités locales du 13 août 2004 a confié aux collectivités régionales de métropole et des territoires ultramarins la responsabilité de l’Inventaire général du patrimoine culturel. L’État reste garant de la conformité des opérations d’inventaire par l’exercice du contrôle scientifique et technique au niveau national.

Régions, collectivités de Corse et ultramarines peuvent également déléguer cette compétence à une autre collectivité dans un cadre partenarial. Cette répartition de compétences, entérinée et mise en œuvre depuis 20 ans, vise à maintenir l’exigence de qualité scientifique et technique des opérations, à garantir l’homogénéité des informations recueillies, à assurer leur pérennité, leur conformité aux normes et aux vocabulaires édictés par la Mission, enfin à diffuser les résultats des opérations pour tous les publics.

Le premier maillon dans la chaîne patrimoniale

Un outil de connaissance des territoires

Les enquêtes de l’Inventaire permettent aux élus et aux administrations de disposer d’un outil de connaissance des ressources patrimoniales locales. Ces informations sont utiles dans les projets d’aménagement du territoire et pour enrichir les documents d’urbanisme en données patrimoniales. Les informations collectées permettent également d’apporter un fondement raisonné aux actions de protection, de restauration, de valorisation du patrimoine et de mise en tourisme. 
Par l’apport de données inédites et scientifiquement éprouvées, ces travaux permettent d’asseoir une politique de développement territorial fondée sur le patrimoine culturel.

En constituant une documentation homogène sur des corpus d’œuvres architecturales et mobilières, l’Inventaire participe pleinement à la politique nationale de sauvegarde du patrimoine. 
Les ressources des services et l’expertise des agents sont régulièrement mobilisées dans le cadre de mesures de protection au titre des Monuments historiques et des espaces protégés (procédures d’inscription ou de classement, de création ou de révision de secteurs patrimoniaux remarquables), de labellisation (patrimoine contemporain remarquable), d’instruction des Plans locaux d’urbanisme ou de tout projet d’aménagement du territoire.

Le patrimoine de proximité à portée de tous

Par la mise à disposition dans des centres de documentation et en ligne de dossiers d’inventaire sur nombre d’édifices et d’éléments mobiliers, de synthèses ainsi que de photographies et de relevés effectués par des spécialistes, les enquêtes d’inventaire offrent une masse de données inédites pour la découverte du patrimoine local. 

Outil de connaissance pour tous les publics, ces dossiers permettent de sensibiliser les habitants et les touristes aux enjeux patrimoniaux des territoires, qu’il s’agisse d’une ville ou d’une commune rurale. Les experts du patrimoine qui travaillent au quotidien à la réalisation des opérations d’inventaire accompagnent aujourd’hui de plus en plus les habitants dans des démarches participatives (ici, l'inventaire participatif (en cours) du Pays d'art et d'histoire Pays des Rohan). 

Des chantiers pour la recherche

L’Inventaire général tire son originalité de son rapport étroit avec les territoires et avec la communauté scientifique. Les universités et les écoles nationales supérieures d’architecture restent les partenaires privilégiés de l’Inventaire. Plusieurs opérations ont ainsi été menées dans cette perspective, parmi lesquelles : 

• Station de sports d’hiver, en Auvergne-Rhône-Alpes avec l’ENSA de Grenoble ;
• Architecture des années 30 à Rennes, avec l’Université de Rennes ; 
• Le patrimoine industriel du Val d’Aubois, en Centre-Val de Loire, avec l’Université de Tours.

Cet ancrage scientifique offre des perspectives élargies en lien avec la recherche universitaire.

Les grands programmes nationaux

Les enquêtes d’inventaire du patrimoine participent d'une vision à l'échelle nationale. Elles prennent part à différentes grandes thématiques coordonnées par la Mission de l'Inventaire. Ces grands programmes permettent de confronter les points de vue et de comparer les éléments patrimoniaux entre eux. Ils portent sur plusieurs domaines.

• Le patrimoine religieux : enquêtes sur les églises paroissiales, sur les établissements monastiques, sur le vitrail, l’orfèvrerie et les ornements liturgiques, sur les édifices et le mobilier du culte protestant, sur le patrimoine juif, etc.
• Le patrimoine industriel, scientifique et technique : enquêtes sur les édifices industriels et leur reconversion, sur les paysages de l’industrie, sur le patrimoine de l’aéronautique, sur les observatoires astronomiques, etc.
• Le patrimoine rural : enquêtes sur l’habitat rural, sur les territoires et les paysages, sur le patrimoine viticole, sur les exploitations modèles, sur les constructions liées à l’agropastoralisme, à l’artisanat et à la petite industrie, etc.
• Le patrimoine urbain : enquêtes sur la morphogenèse urbaine, sur les petites agglomérations, sur l’habitat urbain, sur le pan de bois, sur l’architecture civile médiévale, sur l’architecture de la reconstruction, les grands ensembles, les équipements sportifs, etc.
• Le patrimoine fluvial et maritime : enquêtes sur les estuaires et les vallées, sur les canaux et réseaux de navigation, sur les ouvrages du génie civil, les équipements hydrauliques, les ports et aménagements à l’interface terre et mer, etc.
• Le patrimoine de la villégiature et des loisirs : enquêtes sur les stations balnéaires, thermales et de ski, sur les réseaux et chemins de fer touristiques, sur les salles de spectacles, sur les équipements sportifs, etc.
• Le patrimoine militaire : enquêtes sur les fortifications médiévales, sur les ensembles défensifs d’Ancien Régime, sur les ouvrages en réseau de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, etc.
• Le patrimoine hospitalier : enquêtes sur les hôtels-Dieu, les hôpitaux sur les routes de pèlerinage, les établissements de soins et de convalescence, sur le mobilier et l’ameublement des apothicaireries, etc.
• Le patrimoine de l’éducation : enquêtes sur les établissements scolaires, les lycées et équipements d’éducation physique, sur les collections pédagogiques et l’instrumentation scientifique et technique, etc.

Les thématiques contemporaines des opérations d’Inventaire révèlent des approches patrimoniales renouvelées et inscrites dans le temps présent, montrant la richesse des approches, par exemple :

• L’architecture scolaire (Occitanie) ;
• Le patrimoine aéroportuaire d’Île-de-France ;
• Les barrages et usines hydroélectriques du Limousin (Nouvelle-Aquitaine) ;
• Le Patrimoine de la République (PACA) ;
• Du négoce des vins en vignoble nantais (Pays de la Loire) ;
• La ligne de chemin de fer Béziers-Naussargues (Occitanie). 

Le regard s’élargit, passant de La Saône navigable (Bourgogne-Franche-Comté) à l’Inventaire des pardons et pèlerinages (Bretagne) ; de la station de radioastronomie de Nançay (Centre-Val de Loire) à l’Inventaire des hameaux de forestage harkis (PACA). Les chercheurs et chercheuses à l’Inventaire questionnent les paysages, interrogent les savoir-faire et les communautés tout comme l’architecture et les objets mobiliers, dans une même perspective de recherche : connaître le territoire dans toute sa diversité patrimoniale.

Valoriser le patrimoine

Les publications

La publication imprimée reste une mission incontournable pour les services d’Inventaire. Ceux-ci publient chaque année des dizaines d’articles, tant dans des périodiques scientifiques que dans des revues grand public, dans des bulletins d’associations ou de sociétés savantes. Depuis la création de l’Inventaire général en 1964, les services ont édité près de 1 200 titres. 

Au fil des décennies, des collections nationales, puis régionales, ont été créées. Elles ont évolué et continuent d’évoluer, complétées par des ouvrages hors collection, appartenant souvent à la catégorie dite des « beaux livres ». On compte aujourd’hui 125 Cahiers du patrimoine, 321 Images du patrimoine et 427 Parcours du patrimoine, dans les collections nationales. Le service d’Île-de-France prépare le 8^e volume de Patrimoines d’Ile-de-France, l’Occitanie, le 19^e de sa collection Focus… 

De son côté, afin de faciliter l’étude de tous les types de patrimoine, la mission de l’Inventaire général continue de produire des outils méthodologiques qui paraissent dans les collections Documents et Méthodes. 

La médiation culturelle

Chaque année les services d’Inventaire proposent, lors des Journées du patrimoine ou dans le cadre des politiques patrimoniales régionales, nombre de visites-découvertes et de conférences, notamment sur les territoires en cours d’étude. 

Ils sont régulièrement sollicités par les associations d’histoire locale, par les enseignants ou par divers acteurs du territoire. Ils collaborent à l’organisation d’expositions avec les musées et les institutions patrimoniales. Ils produisent également des expositions photographiques, qui peuvent être itinérantes ou qui ont vocation à être empruntées (notamment par les établissements scolaires).

La valorisation en ligne

Depuis plusieurs années, les services s’impliquent dans la valorisation éditoriale numérique. Sur les sites internet institutionnels des régions, on ne compte plus les itinéraires virtuels de découverte, les albums photos, les focus… 

Les équipes se prémunissent contre l’obsolescence technologique en publiant également leurs travaux sur des plateformes institutionnelles à archivage pérenne, telle HAL science ouverte. Patrimoines du sud, la revue électronique du service d’Inventaire d’Occitanie ou Les Carnets de l’Inventaire, études sur le patrimoine culturel en Auvergne-Rhône-Alpes, blog du service d’Inventaire d’Auvergne-Rhône-Alpes, sont accessibles sur Hypothèses, plateforme d’OpenEdition de la recherche française en sciences humaines et sociales.