En 1982, la population cévenole apprend la mise en chantier prochaine d’un barrage sur le Gardon, au lieu-dit la Borie (Cévennes). Profondément ébranlés par cette annonce, les habitants et la diaspora huguenote se mobilisent aussitôt afin de sauver des eaux la vallée des Camisards, ainsi appelée parce qu’elle fut au XVIIIe siècle l’épicentre de la guerre éponyme, ce qui lui vaut d’occuper une place « à part » dans l’histoire de la région et de la lutte pour la liberté de conscience. Revenant sur ce conflit à l’issue victorieuse, puisque la décision de construire le barrage fut annulée en 1992 par le Conseil d’État, l’étude interroge les significations dont est porteuse la cristallisation émotionnelle déclenchée par ce projet et explore les registres de valeurs (patrimoniale, mémorielle, mais aussi économique et écologique) mobilisés par le collectif hétérogène des opposants (autochtones, nouveaux habitants, protestants des pays du Refuge, etc.) afin d’empêcher sa réalisation. D’un patrimoine qui rassemble à un patrimoine qui divise, elle met en évidence les différents enjeux symboliques et identitaires dont cette lutte a été le levier.
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