À quoi rime l’engouement de nos contemporains pour les matchs et les clubs de football ? Que cherchent à mettre en forme les passionnés qui se regroupent, semaine après semaine, sur les gradins des stades ?
Une longue enquête ethnologique, auprès des spectateurs ordinaires comme parmi les supporters les plus démonstratifs de trois métropoles singulières, éclaire d’un jour nouveau les significations de cette ferveur. Récits de vie et paroles quotidiennes des partisans, histoires de matchs – des préparatifs aux commentaires du lendemain –, composition et répartition du public dans le stade, fonctionnement des associations de supporters, chants, slogans, emblèmes utilisés pour encourager les siens et discréditer les autres… sont ici analysés au plus près pour cerner les ressorts et les modulations de cette effervescence. Saisi dans tous ses états et dans toutes ses résonances, le match de football apparaît comme le support d'une gamme extraordinairement variée d’identifications, comme un langage universel sur lequel chaque collectivité imprime sa marque propre et, plus encore, comme la mise en forme dramatique des valeurs cardinales qui façonnent le monde contemporain.
Quant au stade, il s’offre comme un des rares espaces où une société urbaine, dans sa moitié masculine au moins, se donne en spectacle à elle-même et où s’expriment émotions et symboles proscrits dans le quotidien. Ces propriétés, jointes à l’exaltation du sentiment communautaire et aux pratiques ferventes des supporters les plus ardents, invitent à esquisser un parallèle entre le match de football et un rituel religieux. En quoi cette analogie nous aide-t-elle à mieux comprendre ce qui se joue sur le terrain et dans les gradins ?
Christian Bromberger est professeur d’ethnologie à l’université de Provence où il dirige l’Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (Idemec, unité de recherche associée au CNRS).
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