Kitsou Dubois, chercheuse, metteuse en piste et chorégraphe
Elle se définit comme une chorégraphe de l’apesanteur et mène depuis plus de vingt ans un travail unique entre art et science.
Directrice de la compagnie Ki Productions, sa formation universitaire lui a donné le goût de l’esprit théorique, une approche qui ne la quitte jamais car Kitsou Dubois est aussi chercheuse en danse. En 1990, Kitsou Dubois participe à un vol parabolique avec le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) qui lui permet de vivre quelques précieuses minutes d’apesanteur. A partir de cette expérience fondatrice, elle va développer un travail sur le corps confronté à des situations de gravité altérée. L’artiste s’empare alors du phénomène de l’apesanteur pour explorer autrement le mouvement, la perception de l’environnement, la sensation du temps, le rapport à la matière, le rapport à l’autre, la poétique d’un milieu où tous les repères sont bouleversés. En 1999, elle devient docteur en « Esthétique, sciences et technologies des arts » à l’université de Paris 8, avec sa thèse sur la perception du mouvement en apesanteur.
Pour Kitsou Dubois, la recherche permet d’élargir ses sources d’inspiration, de porter un autre regard sur le corps ; en analysant les évolutions technologiques, les pratiques s’enrichissent selon elle. « La recherche est essentielle pour la création » résume-t-elle.
Elle invente des univers oniriques qui troublent la perception du spectateur et recrée cet autre espace-temps qu’elle a pu éprouver lors des vols paraboliques, en absence de gravité. Son travail, entre recherches scientifiques et arts de la scène, est focalisé par cette envie viscérale de faire partager au public les sensations vécues en apesanteur, c’est le cœur même de sa création.
Kitsou Dubois touche tous les publics à travers ses spectacles car ses thématiques poétiques et ses partis-pris sont facilement accessibles. « Le propos poétique aide à donner des outils pour que les connaissances acquises à partir de la recherche soit magnifiées et ainsi, on montre qu’on peut envisager le monde autrement » détaille-t-elle.
Depuis plusieurs années, Kitsou Dubois a même investi le milieu psychiatrique, en donnant à la Briqueterie (centre de développement chorégraphique national du Val-de-Marne) des ateliers de danse à des patients atteints de troubles profonds pour les aider à retrouver le langage de leurs corps.
Parmi les difficultés auxquelles elle doit faire face dans son désir de recherche, le cloisonnement parfois trop présent qui existe entre art et science, empêchant d’avancer, selon elle. Kitsou Dubois rêve ainsi d’ouvrir une structure où les chercheurs n’auraient pas « peur » de venir échanger sur leurs problématiques de recherche dans un véritable esprit d’ouverture et de partage des connaissances.
« Danser l’apesanteur », titre de son prochain ouvrage co édité par Alternative théâtrales et le CNAC (Centre National des Arts du Cirque), semble être le choix de sa vie !
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