Réunir dans un même lieu trois trajectoires d'architectes d'aujourd'hui: tel est l'objectif de l'exposition présentée, jusqu'au 16 septembre, à la Cité de l'architecture et du patrimoine. Pour cela, la Cité a donné une carte blanche à trois grandes figures de l'architecture actuelle, lauréates du Grand Prix national d'architecture: Fréderic Borel, Marc Barani, Jean Marc Ibos & Myrto Vitart. Si chaque œuvre est, en soi, « Un paysage d’excellence », ce n’en sont pas moins trois univers architecturaux singuliers qui s’offrent au visiteur tout au long du parcours de l’exposition. « Nous proposons ici de lire l’architecture autrement, comme on lirait une histoire », confie Francis Rambert, directeur de la Cité de l'architecture et du patrimoine.
Les scénarios urbains de Frédéric Borel
Révélé par ses projets de logement Paris situés dans des parcelles souvent étroites, réputées difficiles, Frédéric Borel dévoile aussi bien les créations qu’il a rêvées que ses réalisations à travers de nombreuses maquettes et dessins. Une exceptionnelle proposition de cathédrale orthodoxe, non retenue, côtoie ainsi une représentation des 80 logements sociaux construits rue Oberkampf en 1993. « Frédéric Borel imagine des sculptures habitées qui sont susceptibles de nous renvoyer à des figures familières, issues de l’art contemporain ou des bandes-dessinées », observe Francis Rambert.
D'une légèreté et d'une poésie oniriques, ses créations se révèlent, dans leur matérialisation, d’une fonctionnalité à toute épreuve. En témoigne la création de l’Ecole nationale d’architecture de Paris-Val-de-Seine sur un ancien site industriel, pour laquelle Frédéric Borel a su, en 2007, composer un scénario sur-mesure, combinant conservation et transformation.
Le vocabulaire architectural de Marc Barani
Plutôt que de présenter maquettes et ébauches, Marc Barani a préféré mettre en scène son propre vocabulaire de mots-clés de l'architecture. L'oxymore, qu'il définit comme le fait de « préférer aux forces conjointes les forces contraires, écarteler les formes tenues pour dites », se juxtapose au sacré, à l’épaisseur ou encore à l’épiphanie. Ici l’architecture est à la fois exposée et exposante - matrice d’idées, de desseins et de désirs. Elle se caractérise également par sa territorialité, Marc Barani portant une attention particulière aux lieux qui accueillent ses bâtiments et au contexte dans lequel ils sont érigés.
Le visiteur est invité à en faire l’expérience en s’immergeant, par le biais d’une lecture spatiale sonore puis d’une projection vidéo à 360°, dans plusieurs grands projets architecturaux. Une vaste fresque photographique recensant l’ensemble des œuvres réalisées par Marc Barani, depuis ses débuts au bord de la Méditerranée dans le sillage du Corbusier jusqu’à la conception des nouveaux locaux de l’école de photographie d’Arles, clôt cette partie de l’exposition.
La rigueur sensuelle d'Ibos & Vitart
La dernière séquence du parcours dévoile une galerie comprenant plusieurs dizaines d’écrans placés au sol. Sur ces derniers figurent les photos de six grandes créations d’Ibos & Vitart, dont l’extension du musée des Beaux-Arts de Lille. « L’installation vise à faire prendre conscience au public que l’architecture est dans un lieu, et que dans ce lieu elle est extrêmement réglée », explique François Rambert. Le dispositif se prête à une déambulation insouciante et une interprétation libre de tout élément didactique, tandis que les alcôves bordant la galerie abritent des films commentés qui dévoilent le détail des productions de l’agence.
Le visiteur peut ainsi vivre les bâtiments de l’intérieur, comprendre leur agencement spatial et découvrir la richesse de l’architecture sensuelle et rigoureuse d’Ibos & Vitart. Enfin, un grand album présente les plans de plusieurs projets réalisés ou en cours de réalisation - à l’instar, dans ce dernier cas, de l’imposant chantier d’extension du Quai d’Orsay, à Paris. « C’est un projet sous haute surveillance, qui présente un défi de taille : comment réussir à faire un lieu de travail au milieu d’un îlot déjà construit ? », rappelle François Rambert. Nul doute, néanmoins, que le duo d’architecte saura mettre au service de ce projet l’élégante discipline qui a fait sa réputation.
Grand Prix national de l’architecture, une reconnaissance de l'exigence architecturale
Le Grand Prix national de l'architecture récompense un architecte, ou une équipe d'architectes, pour l'ensemble de son œuvre. Relancé en 2004, il est désormais remis tous les deux ans avec un objectif bien défini : reconnaître et faire connaître une démarche exemplaire d'architecte. Le ministre de la Culture entend ainsi affirmer la place de l'architecture au sein de son ministère et mettre en valeur l'action qu'il conduit en faveur des architectes, de la création, de la recherche architecturale et urbaine et de l'enseignement.
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