Une conception novatrice
« Aujourd’hui, le théâtre se fabrique partout en France ». Ce constat, établi par Audrey Azoulay alors qu’elle inaugurait, le 10 décembre dernier, le nouveau Centre dramatique national du Val-de-Marne, est le signe d’une éclatante réussite, celle de la décentralisation dramatique. Cette expérience – « l’un des plus beaux projets politiques du siècle dernier », selon la ministre de la Culture et de la Communication, qui a rappelé qu’on allait fêter les 70 ans en 2017 – repose sur une conception novatrice – et généreuse – de la politique culturelle. Celle-ci relève d’une double ambition. Une ambition de démocratisation culturelle : « C’est la mise en œuvre de l’égal accès à la culture et c’est aller au-devant des populations dans toute leur diversité sociale ». Une ambition de décentralisation culturelle : « Il faut décentrer les lieux où se fabrique le théâtre ».
La décentralisation théâtrale, l’une des plus belles expériences politiques du siècle dernier
Un réseau consolidé
Fin 2016, ce dernier volet est en passe d’être atteint. On compte en effet aujourd’hui 38 Centres dramatiques nationaux (CDN), qui irriguent l’ensemble du territoire national. « Ce réseau, nous comptons le consolider, a insisté la ministre en détaillant le calendrier des différents projets.Après le Théâtre des Quartiers,à Ivry, ce sera, en 2017, l’achèvement des travaux de la nouvelle Comédie de Saint-Étienne, autre CDN emblématique puisqu’il fêtera aussi l’an prochain ses 70 ans. Nous engagerons ensuite la réhabilitation des Amandiers à Nanterre. Et je ne peux manquer de citer le lancement de la Cité du Théâtre il y a quelques semaines par le Président de la République ». Lancé le 24 octobre, ce projet, qui réunit dans une perspective commune la Comédie-Française, le théâtre national de l’Odéon, le Conservatoire national supérieur d’art dramatique et l’Opéra national de Paris, permettra de proposer une offre inédite de théâtre à un nouveau public, celui du Grand Paris, aux Ateliers Berthier, dans le XVIIe arrondissement, à Paris.
Une aventure politique
L’aventure de la décentralisation théâtrale, c’est aussi, selon Audrey Azoulay, « un pacte de confiance entre artistes et responsables politiques ». Pour en retrouver le sens, l’État a conforté plusieurs des principes de la décentralisation théâtrale. D’abord, en consacrant dans la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine les labels du spectacle vivant. « Le maillage que constituent les labels de spectacle vivant est désormais inscrit dans la loi ». Ensuite, en sanctuarisant le principe de la liberté de création. « Nous avons aussi fait entrer dans le droit la liberté de création et de programmation, en cohérence d’ailleurs avec le modèle des CDN qui manifestent aussi la confiance de l’État envers les artistes ». Autre étape fondamentale de cette aventure : la consolidation du régime de l’intermittence, qui permet aux artistes et techniciens du spectacle de vivre de leur métier. « L’accord historique que nous avons conclu le 2 mai 2016 permet de le conforter, de le renforcer ».
Audrey Azoulay : « A Ivry, le Théâtre des Quartiers est ancré dans son environnement direct »
Inauguré le 10 décembre, le Théâtre des Quartiers d’Ivry est le dernier des théâtres qui a reçu le label CDN. C’est l’aboutissement de la longue histoire d’un théâtre militant, créé en 1972 par Antoine Vitez, où la place des pratiques du théâtre en amateur a toujours été le cœur de la démarche artistique. Installé à la Manufacture des Œillets, qui abrite déjà plusieurs équipements culturels, comme le Crédac (centre d'art contemporain d'Ivry-sur-Seine ) et l'EPSAA (École Professionnelle Supérieure d'Arts graphiques et d'Architecture, le Théâtre des Quartiers d’Ivry, dirigé par Elisabeth Chailloux et Adel Hakim et conçu par l’architecte Paul Ravaux, est appelé à devenir un important pôle culturel francilien de création, de formation et de diffusion, mais aussi un creuset d’expérimentation entre disciplines artistiques et publics. Audrey Azoulay a salué « l’ancrage du théâtre dans son environnement direct », en rappelant que la Manufacture des Œillets avait accueilli la création par Patrick Chéreau de la pièce de Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton.
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