Les tombeaux des ducs de Bourgogne
Les tombeaux des ducs de Bourgogne représentent un témoignage historique de la sculpture de la fin du Moyen Age, mis en valeur dans la salle du palais des ducs, au musée des beaux-arts de Dijon. À découvrir à travers les collections en ligne sur Joconde, le catalogue collectif des musées de France.
Crédits : ce contenu était originellement publié sur le site Joconde. Il a été constitué en juin 2018 par Sophie Jugie du musée des beaux-arts de Dijon et Jeannette Ivain du Service des musées de France. Les notices du musée sont en ligne sur POP, plateforme ouverte du patrimoine.
Un tombeau en l'honneur de Philippe le Hardi
Fils du roi de France Jean II le Bon (1319-1364), Philippe le Hardi (1342-1404), duc de Bourgogne, est un prince puissant. Amateur d'art éclairé et mécène, il fut servi par les meilleurs artistes de son temps.
En 1381, Jean de Marville (1350-1389), imagier du duc, est chargé de l'exécution du tombeau de Philippe le Hardi. Les travaux commencent en 1384. A la mort du duc, son fils, Jean sans Peur (1371-1419), charge Claus Sluter (1350-1406) de finir le tombeau. A la mort de Sluter, Claus de Werve, son neveu et collaborateur achèvera les éléments architecturaux et les pleurants. Il sculptera également le gisant, le lion et les deux anges. Le tombeau, après avoir été orné de polychromie et de dorure par le peintre Jean Malouel, est installé en 1410 dans la chartreuse de Champmol.
Une monumentalité inédite et expressive
L'iconographie du gisant et du cortège de pleurants reprend une tradition en usage depuis le milieu du 13e siècle. L'innovation concerne la monumentalité du tombeau, qui place la représentation du prince presque hors d'atteinte du regard, ainsi que l'espace donné aux pleurants qui semblent glisser dans les arcades d'un cloître. Tous expriment leur douleur par leur expression, un geste vers un voisin ou par l'éloquence de leurs drapés.
Un second tombeau "aussi bon ou meilleur" pour Jean sans Peur
Plus tard, Jean sans Peur manifesta sa volonté d'édifier pour lui "une sépulture semblable à celle de feu son père". C'est son fils, Philippe le Bon qui passa un marché en 1443, avec Jean de La Huerta pour le deuxième tombeau, qui devait être "aussi bon ou meilleur" et de mêmes dimensions que celui de Philippe le Hardi. Un "pourtraict" des gisants par Claus de Werve fut transmis à La Huerta, lequel quitta Dijon en 1456, avant la fin des travaux. Philippe le Bon confia la suite du chantier à Antoine le Moiturier en 1461. En 1470, le tombeau avec son décor architectural et les pleurants fut mis en place dans le chœur de l'église de Champmol, derrière celui de Philippe le Hardi, où ils demeurèrent jusqu'à la Révolution.
Une conservation mouvementée au fil des siècles
Ces monuments ont connu une histoire mouvementée et ne nous sont pas entièrement parvenus dans leur état d'origine. Conservés lors de la suppression de la chartreuse, ils furent remontés à la cathédrale Saint-Bénigne en 1792, puis démontés et partiellement détruits en 1793. Ils furent restaurés entre 1819 et 1826 (avec restitution par le sculpteur Joseph Moreau (1797-1855), en particulier des pleurants manquants et les gisants), et mis en valeur dans la salle des Gardes, au musée des beaux-arts de Dijon. Enfin de 2003 à 2005, les tombeaux ont fait l'objet d'une restauration après une étude approfondie.
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