Félicie de Fauveau (Livourne, 1801 - Florence, 1886)
Royaliste, catholique, célibataire et féministe, Félicie de Fauveau, sculpteur du XIXe siècle aujourd’hui tombée dans l’oubli, connaît pourtant une carrière saluée par les critiques de l’époque et une vie romanesque qu’incarne sa devise : « labeur, honneur, douleur ».
Née à Livourne (Italie) dans une famille de financiers anoblis, Félicie de Fauveau gagne la France lors de la Restauration en 1814. Sa famille s’installe à Paris dans le quartier de la Nouvelle Athènes, nouveau quartier de la capitale fréquentée par les artistes. Sa mère y tient un salon, rue de la Rochefoucauld ; l’atelier de la jeune femme est voisin de celui du peintre Ary Scheffer (1797-1883).
Elle se forme auprès du peintre Louis Hersent (1777-1860), et cependant elle décide de devenir sculpteur - métier qu’elle apprend auprès de son frère Hippolyte - et de vivre de son art. Marquée par l’idéal religieux et courtois du Moyen-Âge, fascinée par la chevalerie, elle expose au salon de 1827 deux bas-reliefs inspirés de Walter Scott. Au salon de 1830, elle obtient une médaille pour un bénitier représentant saint Denis ressuscitant pour bénir l'eau baptismale de la France. Cette ascension rapide semble lui assurer une carrière prometteuse.
Après l’abdication de Charles X en 1830, légitimiste fervente, Félicie de Fauveau s’oppose au roi Louis-Philippe (1773-1850). Elle s’engage alors auprès de sa proche amie, Félicie de Duras, comtesse de La Rochejaquelein (1798-1883), qui soutient le combat mené par la duchesse de Berry (1798-1870) pour rétablir la branche aînée des Bourbons et porter le duc de Bordeaux (1820-1883) sur le trône de France. Elle suit la comtesse, belle-sœur du célèbre général monarchiste, jusqu’en Vendée et s’installe à Landebaudière. Lors de cette période, elle crée des armes, forge des dagues et des couteaux de chasse pour ses compagnons de lutte. Arrêtée au mois de novembre 1831, elle passe quelques mois en prison ; elle est finalement acquittée en février 1832, mais retourne aussitôt en Vendée à l'appel de la comtesse de La Rochejaquelein et participe activement au soulèvement manqué de 1832. Elle reste à jamais marquée par l’épopée vendéenne.
Condamnée à l’exil après l’arrestation de la duchesse de Berry, elle rejoint son Italie natale et s’installe à Florence en 1834 où elle reste jusqu’à sa mort à 85 ans. Elle bénéfice de très nombreuses commandes de l’aristocratie européenne mais refuse l’édition sérielle si bien que ses pièces sont le plus souvent uniques. La majorité de sa production est restée en mains privées hors de France ; néanmoins, le musée du Louvre, le musée des Augustins de Toulouse et le musée de la Chartreuse de Douai conservent quelques-unes de ses œuvres, à mi-chemin entre sculpture et arts décoratifs.
Figure marginale de son temps, Félicie de Fauveau a bénéficié récemment de travaux de redécouverte de son œuvre et d’une première rétrospective à l’Historial de la Vendée et au musée d’Orsay en 2013.
Maëva Abillard
Sélection d'oeuvres de Félicie de Fauveau sur la base Joconde Pop
Bibliographie
De Caso Jacques (dir.), Félicie de Fauveau : l'amazone de la sculpture, catalogue d’exposition, Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la Vendée, 15 février-19 mai 2013, Paris, Musée d'Orsay, 11 juin-15 septembre 2013, Paris, Gallimard, Musée d'Orsay, 2013
Partager la page