Georgette Agutte (Paris 1867 - Chamonix 1922)
Fille de peintre, Georgette Agutte grandit dans un milieu favorable aux arts et se tourne d’emblée vers une carrière artistique. En 1893 elle suit en auditrice libre les cours de Gustave Moreau (1826-1898) à l’École des Beaux-arts de Paris. Elle retiendra de cet enseignement une certaine indépendance d’esprit et c’est de cette époque que date sa solide amitié avec Henri Matisse (1869-1954) et Georges Rouault (1871-1958). D'abord influencée par le post-impressionnisme, la peinture de Georgette Agutte évolue ensuite vers un fauvisme modéré. L'utilisation de couleurs franches se retrouve par exemple dans son tableau Nature morte aux pastèques, vase et tapis, 1912-1914 (musée de Grenoble).
Dès 1904, elle participe au Salon des Indépendants et au Salon d'Automne. De 1908 à 1919 elle expose à plusieurs reprises dans les galeries Georges Petit, Druet ou encore Bernheim-Jeune. Coloriste douée, elle peint aussi bien des paysages, que des portraits ou des nus. Elle réalise également des décorations murales, des sculptures, des céramiques et des bijoux.
En 1897, elle épouse en seconde noce Marcel Sembat (1862-1922), homme politique, député socialiste du 18e arrondissement de Paris (1893-1922), ministre des Travaux Publics (1914-1916), mais aussi mécène et ami des artistes d'avant-garde. Son discours du 3 décembre 1912, à l'Assemblée Nationale, en faveur de l'art moderne, et plus particulièrement du cubisme, est resté célèbre.
En amateurs éclairés, le couple Sembat- Agutte collectionne Paul Signac (1863-1935), Henri Matisse, Maurice de Vlaminck (1876-1958), André Derain (1880-1954), Albert Marquet (1875-1947), Kees Van Dongen (1877-1968).
Le 5 septembre 1922 Marcel Sembat décède. Georgette Agutte se suicide quelques heures plus tard, laissant cette phrase «Voici douze heures qu’il est parti. Je suis en retard».
Dans ses dernières volontés Georgette Agutte indique que leur collection devra regagner un musée de province. A cette date seul le musée de Grenoble est en capacité de montrer des œuvres d'artistes vivants, notamment le néo-impressionnisme et le fauvisme. Le legs a lieu en 1923. L'année suivante le musée inaugure les salles destinées à la collection, ainsi qu'une sélection d'œuvres de Georgette Agutte.
Pascale Samuel
Sélection d'oeuvres de Georgette Agutte sur la base Joconde Pop
Bibliographie
Vincent Hélène, La Collection Agutte-Sembat, Grenoble, Musée de Grenoble, 2003 ; Paris, Réunion des Musées Nationaux, 2003
Carlier Sylvie (dir.), Les femmes peintres et l’avant-garde, 1900-1930 : Suzanne Valadon, Jacqueline Marval, Emilie Charmy, Georgette Agutte, catalogue d’exposition, Villefranche-sur-Saône, Musée Paul Dini, Paris, Somogy, Villefranche-sur-Saône, Musée Paul Dini, 2006
Celdran Françoise, Vidal y Plana Ramon-R., Triangle : échanges artistiques Georgette Agutte, Henri Matisse, Marcel Sembat, Saint-Quentin-en-Yvelines, Yvelin édition, 2007
Lapasin Régis, Entre Jaurès et Matisse : Marcel Sembat et Georgette Agutte à la croisée des avant-gardes, catalogue d'exposition, Paris, Archives nationales à l'hôtel de Soubise, 2 avril - 13 juillet 2008, Paris, Somogy éditions d'art , Paris, Archives nationales, 2008
Jouy Ephraïm, Georgette Agutte, une passion Fauve, Musée de l'Hôtel-Dieu de Mantes-la-Jolie, 2012
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