La filière culturelle et créative comprend les secteurs de l’audiovisuel, du cinéma, de l’édition, de la presse, du spectacle vivant, de la musique, des musées et du patrimoine, des arts visuels, du design, de l’architecture, du jeu vidéo, ainsi que les entreprises de la communication, de la mode et du luxe pour la part de leur activité qui relève du périmètre du ministère de la Culture. Elle représente un secteur de premier plan de l’économie française : 640 000 emplois, 91 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018, et des exportations dynamiques qui ont crû en moyenne deux fois plus vite que l’ensemble des exportations françaises de 2013 à 2016.
La relance de la filière est d’autant plus nécessaire que celle-ci est durement affectée par la crise sanitaire, qui au-delà de son impact conjoncturel accentue les ruptures majeures auxquels les secteurs culturels sont tous confrontés depuis plusieurs années avec la transition numérique : transformation des modes de création et de production ; évolution des usages et des pratiques du public ; bouleversement des modèles économiques avec notamment des remises en cause de la propriété intellectuelle et du droit d’auteur et l’émergence de la donnée comme enjeu économique central ; précarisation des créateurs, alors même que l’originalité et la créativité sont devenues clés face à l’abondance des propositions culturelles ; fragilité économique des entreprises françaises et difficulté à financer le risque et l’innovation …
L’objectif de cette stratégie est de répondre aux enjeux :
- De compétitivité du secteur, sa capacité à reprendre le chemin de la croissance et à profiter des opportunités de l’économie numérique : cela implique de renforcer le haut de bilan des entreprises et de mieux les structurer pour qu’elles disposent des capacités nécessaires d’investissement dans une offre culturelle diverse, qui permet de se distinguer à l’échelle internationale, et dans les outils qui permettent de l’exploiter et de la valoriser dans l’environnement numérique. C’est d’autant plus indispensable que plusieurs pays font des industries culturelles et créatives un fer de lance de la relance et de la croissance, notamment le Royaume-Uni. Il s’agit donc de renforcer le positionnement compétitif des secteurs culturels et créatifs français dans un marché international très concurrentiel.
- D’adaptation de l’offre aux pratiques du public pour continuer de toucher un public large, notamment le public jeune (15-28 ans), dont la moitié, aujourd’hui, accède à la culture presque exclusivement via le numérique.
- De souveraineté et la capacité d’influence : il s’agit, en soutenant la transformation et la croissance du tissu culturel français, de préserver notre capacité à produire en France un récit collectif spécifique et des espaces de vie transcendant les territoires, les générations, les origines et les catégories sociales, afin de réduire les fractures qui marquent notre société tout en faisant vivre la diversité et le pluralisme. Et alors que la concurrence entre les biens culturels est devenue internationale avec le numérique, il s’agit également de contribuer au positionnement et au rayonnement de la France à l’international, en faisant entendre une voix spécifique.
Une consultation publique en ligne a été menée du 18 décembre 2020 au 18 janvier 2021, afin de recueillir l’avis des acteurs de la société civile, des citoyens, des experts et des professionnels concernés. Les contributions reçues auront permis de finaliser l'élaboration de la stratégie d’accélération «Industries culturelles et créatives» en établissant des priorités entre les différentes actions retenues. Elles alimenteront également les réflexions du ministère dans le cadre du déploiement du PIA. Les informations seront traitées en interne par les services du Ministère de la Culture. Elles seront conservées 12 mois.
Le programme des investissements d'avenir
Le Programme des investissements d’avenir (PIA), piloté par le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI), a été mis en place par l’Etat pour le financement des investissements innovants sur tout le territoire, afin de permettre à la France d’augmenter son potentiel de croissance et d’emplois.
Dans le cadre de la quatrième génération de PIA (PIA 4), qui s’étendra de 2021 à 2025, le Gouvernement choisit de conduire des investissements exceptionnels dans des secteurs ou technologies d’avenir, pendant et après la relance : ils prennent la forme de stratégies nationales unifiées et globales, activant plusieurs leviers et qui répondent à des besoins d’innovation prioritaires ou des failles de marché. Ce sont les stratégies d’accélération pour l’innovation. Ces stratégies, nationales et concertées, visent, en collaboration avec les acteurs économiques, sociaux et locaux, à définir ses priorités d’investissements dans des secteurs ou technologies d’avenir. A cet effet, tous les types de leviers doivent être mobilisés dans une stratégie cohérente et globale, grâce à un pilotage interministériel. Ces priorités d’investissements accompagneront l'effort du plan de relance et seront évolutives afin de faire face aux nouveaux défis qui peuvent apparaître sur le long terme.
Les Industries Culturelles et Créatives (ICC), qui comprennent les secteurs de l’audiovisuel, du cinéma, de l’édition, de la presse, du spectacle vivant, de la musique, des musées et du patrimoine, des arts visuels, du design, de l’architecture, du jeu vidéo, ainsi que les entreprises de la communication, de la mode et du luxe pour la part de leur activité qui relèvent du périmètre du ministère de la Culture, ont été identifiées comme un secteur stratégique prioritaire, devant faire l’objet d’une stratégie d’accélération spécifique. Cette stratégie permettra à la filière des ICC de se renforcer et se transformer en profondeur, pour s’adapter aux nouvelles contraintes de la transformation numérique et aux concurrences toujours plus fortes d’entreprises de taille mondiale, tout en protégeant les spécificités qui font la richesse du modèle culturel français :
- Un tissu dynamique et diversifié d’acteurs économiques, gage de diversité culturelle et de vitalité de la création, composé de TPE/PME, de grands groupes de dimension européenne ou internationale ;
- Des acteurs publics de renommée internationale qui contribuent à l’animation de la filière, à l’attractivité des territoires et à la stratégie d’influence de la France à l’étranger.
Le volet innovation, expérimentation et amorçage de cette stratégie est doté de 400 M€ mobilisés sur le quatrième programme des investissements d’avenir (PIA 4).
Pour compléter l’action du PIA 4 et assurer notamment le déploiement des projets sur le long terme, ces actions doivent être co-financées par des partenariats publics ou privés, qui poursuivent les mêmes objectifs que ceux assignés à la présente stratégie.
Fruit d’un travail interministériel nourri entre le Ministère de la culture qui en assure la coordination et le Ministère de l’économie des finances et de la relance, le Ministère de l’Europe et des affaires étrangères, le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, le Ministère de la transition écologique et le Ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, cette stratégie permet d’agir de mobiliser les moyens autour de 6 axes prioritaires répondant aux objectifs d’innovation, de croissance et transformation assignés au PIA 4.
Actionner simultanément ces 6 leviers permettra d’amorcer un cercle vertueux pour faire des Industries culturelles et créatives une filière d’innovation, une source d’emplois et de valeur, un outil d’influence à l’international et de dynamisation des territoires.
- Premier levier : « Renforcer la solidité et la compétitivité des entreprises », en améliorant notamment leur accès au financement, et en renforçant la compétitivité du réseau de formation, par la modernisation des référentiels et labels de formation pour en faire un secteur clef en matière de recherche universitaire et technologique.
- Deuxième levier : « Hisser la France au premier rang de la nouvelle économie en matière culturelle » en soutenant l’investissement dans l’innovation et la R&D, qu’il s’agisse d’inventer de nouvelles offres culturelles (par exemple via des expériences immersives dans le monde patrimonial sur le modèle de ce qui a été réalisé pour l’exposition « Pompéi »), de les rendre plus visibles ou de mieux les monétiser. Sur ce dernier volet, il s’agit notamment d’encourager la création d’un système d'échange de données permettant l’interopérabilité entre acteurs de la filière en s’appuyant notamment sur la Très Grande Infrastructure de Recherche (TGIR) Huma-num et l’infrastructure européenne E-RIHS ;
- Troisième levier : « Renforcer le positionnement des ICC françaises à l’international » en s’appuyant notamment sur les efforts déployés par le réseau diplomatique et son dispositif public de soutien au commerce extérieur.
- Quatrième levier : « Créer et activer dans les territoires des pôles de structuration de l’entrepreneuriat culturels », notamment à travers le développement des tiers-lieux culturels (alliant innovation technologique et innovation sociale) et la consolidation d’un réseau d’incubateurs sur l’ensemble du territoire, y compris en lien avec les établissements publics culturels, en s’inspirant de l’exemple vertueux de l’incubateur du Patrimoine du Centre des monuments nationaux.
- Les cinquième et sixième leviers permettront de « Faire des secteurs culturels et créatifs des références mondiales en matière développement durable » et « S’engager en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la diversité afin de promouvoir l’inclusion et l’apprentissage de la citoyenneté ».
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