Le festival "Les Femmes S’en Mêlent", prend ses quartiers d’automne à Paris et dans cinq communes franciliennes du 14 au 26 novembre. La 24e édition, soutenue par la DRAC Île-de-France présente, sous le Label ALLIANCE Diversité et Égalité délivré par AFNOR, des artistes et des musiciennes intergénérationnelles qui composent manifestement le chapitre vivant de la musique. Rencontre avec Adriana Rausseo et Stéphane Amiel.

 

Pour la deuxième année, le nouveau dispositif "Les Femmes S’engagent" prend place en parallèle de la programmation artistique.

Le 8 mars 1997, le festival "Les Femmes S’en Mêlent" est créé à Paris par Stéphane Amiel. Pour le fondateur et programmateur de la manifestation, valoriser la place des artistes femmes dans les musiques actuelles est une priorité. Depuis 25 ans, ce grand rendez-vous a su s’implanter dans le paysage musical, marquer sa différence, affirmer sa nécessité et s’imposer pour répondre à leur sous-représentation sur un grand nombre de scènes de spectacles. Au fil des ans, il devient ainsi le premier festival international proposant une programmation 100 % féminine.

"Les Femmes S’en Mêlent" cherche à créer un impact positif dans les trajectoires des femmes et des personnes non-binaires dans le secteur des musiques actuelles, en s’appuyant sur le soutien, la participation et l’expertise, d’un réseau d’actrices et d’acteurs engagés pour l’égalité femmes-hommes dans les musiques actuelles.

Un nouveau dispositif d’action

En novembre 2021, sous l'impulsion d'Adriana Rausseo et Stéphane Amiel, avec "Les Femmes S’engagent", un nouveau dispositif accompagnant la programmation artistique est mis en œuvre afin de soutenir l’égalité femmes-hommes dans les musiques actuelles. Il ouvre ainsi la voie à des centaines de femmes en permettant d’envisager l'approche de nouvelles vocations ou parfaire leur expérience. En 2022,  il se concrétise par la possibilité de participer à des ateliers et assister à des conférences, rencontres professionnelles, projections et débats. Sa philosophie première : faire reculer les nombreux obstacles pour atteindre une égalité réelle impliquant tous les métiers et tous les niveaux de l’écosystème de la musique.

La liberté de création se traduit dans l’expression des diversités

Rencontre avec Adriana Rausseo et Stéphane Amiel

Vous avez choisi de renouveler pour 2022 l’opération "Les Femmes S’engagent", dispositif lancé en 2021 en parallèle à votre programmation artistique "Les Femmes S’en Mêlent". Pouvez-vous expliquer sur quoi reposent les initiatives et les actions, de quelles manières sont-elles retenues et comment se traduisent-elles ? 

Les propositions des Femmes S’engagent sont le fruit d’un travail collectif. Depuis presque 3 ans nous sommes allés à la rencontre de collectifs, des associations et d’autres initiatives portées par des femmes dans le secteur, afin de comprendre leurs démarches, unir nos forces et construire collectivement des propositions concrètes. L’idée étant de pouvoir contribuer, humblement, à l’égalité, la diversité et l’inclusion dans les musiques actuelles. Nous avons pu par ces échanges, et grâce aux retours des artistes et d’autres femmes et hommes professionnels de la filière, identifier des thématiques, repérer des besoins et adapter nos actions en conséquence.

Ensuite nous proposons une évaluation aux participantes et participants du dispositif (ateliers, conférences, projections, débats) et leurs retours nous permettent d’améliorer nos initiatives en intégrant d’autres points de vue.

La diversité est-elle l’un des maîtres mots de ce dispositif ? Quels sont les autres fondements principaux ?

La liberté de création est au cœur du projet Les Femmes S’en Mêlent et par conséquent du dispositif des Femmes S’engagent. Cette liberté se traduit dans l’expression des diversités que cela soit dans l’esthétique musicale ou dans les bagages culturels des artistes et des intervenantes. L’inclusion pourrait être également un des maîtres mots, ou du moins la volonté d’inclusion et d’ouverture aux représentations diverses.

Quels ont été les retours de la première édition francilienne et certaines de ses actions  ? Est-ce trop tôt dans le temps pour constater déjà des avancées ?

Effectivement, il est peut-être un peu tôt pour constater des avancées. Cependant nous observerons une augmentation de la participation aux initiatives proposées, notamment aux ateliers techniques. Le constat que nous pouvons faire est que qu’il y a un intérêt et une communication de plus en plus importante autour des sujets d’égalité femmes-hommes dans les musiques actuelles. Comme en témoignent aussi les nombreuses initiatives qui ont vu le jour depuis quelques années un peu partout en France. Nous espérons, après cette deuxième, pouvoir dresser un bilan plus complet en comparant les retours de l’année dernière.

femmes-sengagent-photo-site.jpg

 

 

Déconstruire les préjugés : est-ce un mélange nécessaire de réalisme et d’utopisme ?

Comme les préjugés sont des constructions sociales, nous pouvons dire de manière presque réaliste, qu’il est possible de les déconstruire. C’est un processus long qui nécessite d’une volonté, de beaucoup de pédagogie et de bienveillance. C’est à quoi nous essayons de contribuer avec les femmes s’engagent en proposant des rencontres sur de thématiques précises qui viennent questionner ces préjugés. Plutôt qu’une utopie, déconstruire des préjugés c’est un vaste chantier.

Grâce à ce dispositif, certaines femmes artistes, techniciennes… (etc) ont-elles osé sauter le pas et se dire "Enfin, c’est possible !"

On dit souvent qu’il n’y a pas assez de rôles modèles pour que les femmes se projettent dans certains métiers. C’est une réalité dans les métiers techniques, bien qu’il y ait des évolutions, les femmes sont sous représentées, par exemple.

Proposer des ateliers techniques ou d’écriture animés par des techniciennes, des artistes et des musiciennes, pourrait contribuer de manière positive et peut être même créer des vocations, en permettant aux femmes de s’identifier et donc de se projeter dans ces métiers.

On pourrait penser que rendre visible des femmes à ces postes pourrait avoir une influence dans le choix de "sauter le pas". Du moins on l’espère !

Quel doit être le rôle de l’État dans ce domaine ?

Un des rôles de l’État doit être d’assurer une égalité et une juste représentation de la diversité dans les arts. De veiller à ce qu’il y ait un égal accès aux expressions artistiques pour toutes et tous afin d’assurer une offre culturelle riche.

Comment vos engagements sont-ils vécus auprès des artistes et des publics ?

Les artistes sont contentes de se retrouver entre elles et de découvrir d’autres artistes dans un événement qui s’engage à mettre tout en place pour proposer un moment de partage et de fête le plus bienveillant et safe possible.

Côté public c’est plus compliqué de répondre, car en fonction de la programmation artistique ou des actions, nous avons des profils très divers. il serait intéressant d’avoir leurs retours sur comment perçoivent-ils nos engagements. Nous travaillons d’arrache-pied toute l’année pour leur offrir le temps d’un concert, d’un atelier, d’une conférence ou d’une projection, un espace festif et engagé, un lieu d’expression de liberté et de célébration.

Sur scène, artistes confirmées et nouveaux talents 

Stella Donnelly + Banjo Lucia, Aoife Nessa Frances, Emilie Zoe + Francis of Delirium, Claire Days + Morjane Ténéré, Derya Yilidrim & Grup Simcek + Ora Cogan, Soom & The Stone Monks + Camille Esteban, Kalika + Sally, Mademoiselle K + Deleo, Les Vulves Assassines, Laura Cahen + Gisèle Ppape + Inès Damaris, China Moes + Maë Defays, Tracy de Sa + Fanny Polly + Eline

Programmation du Festival en Île-de-France

Les lieux

Point Ephémère . Petit Bain . FGO Barbara . La Cité Audacieuse . File 7 . Les Cuizines

Historique

Avec plus de 400 musiciennes et compositrices programmées depuis 1997 dont les premières scènes de Christine & The Queens, Emilie Simon, Jeanne Added, Catpower, Feist, Soko, M.I.A, Yelle, Regina Spector, Nouvelle Vague, Daphné, La Grande Sophie, Corine, Austra, Courtney Barnett, Irène Drésel et son rayonnement national (avec une moyenne de quarante dates par édition dans toute la France) et international (rappelons-nous Londres, Madrid, Bruxelles, Lausanne, Genève, Montréal…), le festival est devenu une référence aussi bien pour son influence dans la sphère musicale que pour son action pour l’égalité femmes-hommes.

Voies de Femmes par la compagnie Le Fil

Dans le cadre de la Journée Internationale de Lutte contre les Violences faites aux Femmes du 25 novembre* 2022,  à la demande de la Drac Ile-de-France, la compagnie Le Fil en résidence au Théâtre La Boutonnière présente la performance "Voies de Femmes" auprès d’étudiants et d'étudiantes le jeudi 24 novembre à partir de 13h, à l’Université de Paris-Saclay dans le théâtre de La Scène de Recherche. 

Le Fil est né de la réunion d’artistes souhaitant dépasser leur discipline propre pour explorer le métissage entre les arts, le Fil est en quête de décloisonnements, de dialogues entre les savoirs et les intègre dans les manifestations artistiques qu’il organise.

*Cette journée a été instaurée le 25 novembre 1999 par l’ Organisation des Nations Unies (ONU) . elle a été choisie en mémoire des trois sœurs Mirabal, militantes dominicaines brutalement assassinées sur les ordres du chef d’État, Rafael Trujillo.