L'artiste bordelaise ROUGE vient de bénéficier en 2016, d'une subvention du ministère de la Culture et de la Communication, en partenariat avec le Fonds d’aide à la création, reversée par la Drac à la Ville de Bordeaux, dans le cadre de la 1ère Saison Street Art sur Bordeaux Métropole.

Cette jeune artiste (intéressée depuis toujours par les questions de l'accès à la culture pour tous) n'est pas une inconnue : invitée à exposer, en septembre 2014, à l’Institut Culturel Bernard Magrez, elle y prend conscience d'une contradiction de fond, entre exposer dans un espace institutionnel payant et exposer dans l'espace urbain, par définition gratuit...

Peu après, elle participe, place Jean-Paul Avisseau, au lancement du concept M.U.R. (Modulable - Urbain - Réactif), mis en place par l'Association Pôle Magnetic, qui propose à de jeunes artistes ou à des talents confirmés de s'exprimer librement sur un espace de 35 m2, pendant un mois, avant de laisser la place à un(e) autre artiste.

Elle cherche, depuis, à résoudre l'antagonisme entre ces 2 types de territoires.

Début 2016, soutenue dans sa démarche par Pôle Magnetic, elle a proposé de mener, dans le Quartier du Grand Parc,un travail plastique de fond, sur certains de ses murs (avec un vrai désir de les "interroger"...), d'y associer les habitant(e)s et l'ensemble de ses acteurs locaux, tout en tenant compte des réalités sociales...

Accueillie en résidence en septembre dernier, à l'Annexe b (espaces d'ateliers et résidences d'artistes), Rouge y a donc démarré son projet, intitulé Mitoyen, d'un mur à l'autre.

Accompagnée dans son travail par Luka Merlet, plasticien vidéaste et documentariste, elle a souhaité le concrétiser sous plusieurs formes et techniques, dont notamment :

  • La réalisation d'une fresque d'environ 12 mètres de long, sur les murs de la Bibliothèque du Grand Parc, lieu emblématique de culture, d'échanges et de rencontres sur le secteur. L'artiste a choisi d'y mêler une scène de marché (pour rappeler l'environnement maraîcher traditionnel d'autrefois mais aussi parce que le marché est un lieu de "nourriture commune", de parole et de mémoire collective par excellence), une scène de labeur (allusion au rural et au sol perdu, où l'on pourra reconnaître certaines personnes du quartier) et une scène d'exode (visant à évoquer, sans date précise, certains mouvements de population en tous genres, venus forger la mixité sociale du quartier).
  • La mise en place de 4 à 5 balades Street Art (depuis l’Annexe b, au cœur du quartier du Grand-Parc, jusqu’au M.U.R., dans le quartier des Chartrons), toujours en collaboration avec Pôle Magnétic et Migrations Culturelles Aquitaine Afriques (MC2a). Là encore, rien d'anodin... non seulement parce que Rouge fait partie des artistes qui s'expriment sur les murs des rues traversées (voir ses magnifiques "naufragés" - fusains sur papier - ci-contre), mais encore parce que ces "balades" permettent aux habitants du Quartier du Grand Parc comme à ceux du Quartier des Chartrons de franchir, dans les 2 sens, une frontière sociale qui ne dit pas son nom...

 Laissons le mot de la fin à Rouge "... Au final, au Grand Parc, comme ailleurs, ce n’est pas tant la délinquance que l’on redoute, mais bien l’implantation des grands centres commerciaux, le changement des habitudes, la voiture individuelle qui emmène ailleurs et ramène chez soi sans croiser les autres, ainsi que les portes d’appartements, anonymes et closes..."