Bâti au début du xviiie siècle par l’architecte Germain Boffrand, redécoré dans les années 1760 par Charles De Wailly, l’hôtel particulier dit de la Chancellerie d’Orléans se dressait au bord du jardin du Palais-Royal, à Paris. Classé au titre des Monuments historiques en 1914, il fut démoli en 1923 dans le cadre d’une opération immobilière et d’urbanisme. La Banque de France s’engagea alors à en remonter les décors, qui furent démontés pièce à pièce et soigneusement conservés.

Après l’échec de plusieurs projets et plus de quatre-vingts ans d’attente, l’organisation américaine World Monuments Fund a pris l’initiative, au début des années 2000, de proposer à la Banque de France et au ministère de la Culture le remontage de ces décors au rez-de-chaussée de l’hôtel de Rohan, dans le quadrilatère des Archives nationales. L’hôtel de Rohan, contemporain de la Chancellerie d’Orléans, offre une distribution similaire de l’espace, et a perdu depuis le xixe siècle le décor d’origine de son rez-de-chaussée.

Au terme de dix ans de chantier de restauration puis de remontage, les décors de la Chancellerie d’Orléans seront bientôt visibles du public. Les quatre pièces remontées – antichambre, chambre, salle à manger, grand salon –, en partie meublées par le Mobilier national, offrent un magnifique échantillon de la splendeur des arts décoratifs parisiens à la charnière des styles Louis XV et Louis XVI.

« Après tant d’attente et l’échec de plusieurs projets, la renaissance de ce chef-d’œuvre du XVIIIe est un grand moment pour tous les amoureux du patrimoine », a précisé Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Culture.