Françoise Nyssen, ministre de la Culture, salue l’action des services du ministère de la Culture qui a permis aujourd’hui la restitution d’un pastel intitulé "Portrait de Catherine Flore Clodion, née Pajou", exécuté par Adélaïde Labille-Guillard (1749–1803), au représentant des ayants droit de Pierre et d’Yvonne de Gunzbourg.

Ce pastel, qui avait fait partie de la collection du baron Pierre de Gunzbourg et de son épouse, Yvonne, dans les années 1930, a très vraisemblablement été spolié par les Allemands qui occupèrent le domicile des Gunzbourg , 54 avenue d’Iéna à Paris, et s’est retrouvé ensuite sur le marché. Le pastel a ainsi été acheté à Paris en 1944 par le marchand allemand Hildebrand Gurlitt dans le but de rejoindre le musée voulu par Hitler à Linz. Dans l’attente de la construction de ce musée, il a été conservé à Munich au « Führerbau », qui a été pillé en avril 1945, expliquant probablement la disparition de cette œuvre. Le portrait n’a été retrouvé qu’en 1968 à l’occasion de sa mise en vente à Munich et a été restitué à la France en 1970. Alors inscrit sur l’inventaire de la récupération artistique sous le numéro REC 166, il a été confié à la garde du département des arts graphiques du musée du Louvre jusqu’à présent. Seule une méprise avec une réplique conservée par la famille avait conduit à ce qu’il ne soit pas réclamé par les ayants droit, ni restitué, mais l’erreur a pu être mise en évidence récemment grâce aux recherches menées sur l’historique des biens spoliés par le service des musées de France de la direction générale des patrimoines, avec les conservateurs du département des arts graphiques, du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et d’autres chercheurs.

Ce beau portrait au visage encore enfantin représente l’unique fille du sculpteur Augustin Pajou et d’Angélique Roumier, Catherine Flore (1764-1841), qui épousa le 26 février 1781 le sculpteur Claude Michel, dit Clodion (1738-1814), avant de divorcer en 1794. Adélaïde Labille-Guillard a figuré Catherine Flore alors qu’elle était âgée de dix-neuf ans, en 1783, l’année où l’artiste a été reçue à l’Académie royale de peinture et de sculpture tout comme sa consœur, Elisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842). Si on le compare avec un buste sculpté de Catherine Flore, exécuté par son père en 1786, le portrait réalisé par Adélaïde Labille-Guillard apparaît très ressemblant et conforme à son talent dans ce genre.

Ce pastel fait donc partie des Musées nationaux Récupération - « MNR », acronyme désignant de manière générique les œuvres revenues d’Allemagne à la fin de la Seconde guerre mondiale, après avoir été pour la plupart d’entre elles spoliées à des Juifs, et confiées à la garde des musées nationaux, dans l’attente de leur restitution à leurs légitimes propriétaires ou à leurs ayants droit.

Sous l’impulsion de la politique volontariste des ministres de la culture depuis 2013, consistant à tenter d’identifier les propriétaires au moment de la spoliation sans attendre que leurs héritiers se manifestent, le processus de restitutions des œuvres spoliées a été renforcé ces dernières années, avec l’appui du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangèreset de la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations (CIVS). Cette dynamique permet de poursuivre activement les remises de «MNR», comme celle du REC 166, aux ayants droit de leurs légitimes propriétaires, spoliés du fait du régime nazi ou contraints à vendre leurs biens pour le fuir.

La ministre de la Culture reste mobilisée par le nécessaire accomplissement de ce devoir de justice et de réparation et se réjouit que des restitutions de « MNR » continuent à être rendues possibles par l’approfondissement des recherches des provenances de ces biens issus de la récupération artistique.