La forme d’une ville, hélas, change plus vite que le cœur des humains (Baudelaire)
Quand nous pensons « espace public », nous avons tout d’abord en tête des formes urbaines classiques : place de centre-ville historique, possiblement bordée de bâtiments publics classés, ornée d’un monument. Cette représentation ne rend plus compte à elle seule, d’une part, de la multiplicité des formes d’espaces de circulation et de rassemblement existantes aujourd’hui, dont certaines n’ont pas à proprement parler la caractérisation d’espace public, d’autre part, des changements intervenus dans les modes d’appréhension de ces espaces : prolifération d’un objet privé à finalité individuelle (l’automobile), déploiement d’installations privées en concession, multiplication des conflits d’usages ou au contraire désertion de certains espaces. A ces complexités déjà à l’œuvre se rajoute le besoin de faire encore évoluer nos espaces publics urbains pour qu’ils soient mieux adaptés au monde qui vient (poursuite possible du déploiement numérique, bouleversement climatique, crise de la biodiversité, éventuels enjeux sécuritaires de tous ordres). Architecture, design, paysagisme, métiers de la conservation et de la création, industries culturelles : les acteurs de la culture, dans leur grande diversité, peuvent avoir un rôle décisif pour accompagner ces changements afin que ces espaces publics à venir contribuent à un mieux vivre ensemble.
- Comment changer les espaces publics déjà identifiés et les adapter à nos besoins futurs tout en gardant une attention soutenue à conserver et faire vivre le patrimoine architectural déjà présent ? Comment veiller notamment à conserver les spécificités de chacun de ces espaces pour lutter contre leur uniformisation ?
- Comment investir au mieux des espaces aujourd’hui déqualifiés et permettre des réappropriations réussies de « délaissés urbains » en faveur d’espaces commun ?
- Comment animer culturellement des espaces publics de fait, sinon de droit, lieux dont la fréquentation est devenue, à la faveur des changements de mode de vie, incontournable pour de nombreux citoyens, mais auxquels ne sont rattachés pour l’instant que des valeurs fonctionnelles, les maintenant sauf exception dans un statut d’espaces pauvres en propositions culturelles et peu inspirants sur le plan esthétique (centres commerciaux, réseaux divers de transports en commun, notamment)
- Comment garantir une égalité d’accès, de reconnaissance et d’usages dans ces divers espaces publics ainsi repensés ? Comment faire de ces lieux des espaces sûrs mais où la surprise reste possible ?
- Quel rôle donner au symbolique et à l’imaginaire dans ces espaces ? Comment faire de la place, à côté des signes très présents de la publicité, à de nouveaux imaginaires ?
- Comment accompagner le déploiement des nouvelles compétences professionnelles dont nous aurons besoin à l’avenir pour la conception de nos espaces publics ? Et comment financer ces mutations nécessaires ?
RÉFÉRENT : MANUELLE GAUTRAND, architecte
Membres du groupe :
- Sandra BECHICHE, directrice de cabinet, des relations internationales et de la conservation du patrimoine - Groupe Artprice - Musée L'Organe La Demeure du Chaos, conseillère municipale de Rillieux-La-Pape, déléguée aux festivales et à la conservation du patrimoine
- Marialya BESTOUGEFF, directrice de l'innovation CENTQUATRE-PARIS
- Christelle GLAZAÏ, directrice de la production, Etablissement Public du Parc de la Grande Halle de la Villette
- Mahmoud ISMAIL, architecte des Bâtiments de France, chef de l'Udap de l'Essonne, Ministère de la Culture
- Eleftherios KECHAGIOGLOU, directeur du Plus Petit Cirque du Monde, Centre Culturel de Rencontre
- Barnabé LOUCHE, directeur du Mécénat et de la Culture, AP-HP Groupe Hospitalier Universitaire Sorbonne Université
- Franck MONTAUGE, sénateur du Gers
- Fred SANCERE, directeur et directeur artistique de Derrière Le Hublot, scène conventionnée d'intérêt national - art en territoire
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