Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la
Communication, prononcé à l'occasion de l'inauguration de la plaque
« Maison des Illustres » à la maison natale du Maréchal Foch.

Monsieur le Préfet des Hautes-Pyrénées, cher Jean-Régis Borius,Monsieur le Député des Hautes-Pyrénées, cher Jean Glavany, Monsieur le Maire de Tarbes, cher Gérard Trémège, Monsieur le Directeur régional des affaires culturelles Midi-Pyrénées, cher Dominique Paillarse, Messieurs les Présidents d’Association d’anciens combattants, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs,

A l’entrée du quartier Larrey se trouve la statue équestre du Maréchal Foch. En haut de son piédestal sobre et imposant, la silhouette du cheval et de son cavalier se dessinent sur le ciel. Pour cet enfant de Tarbes devenu un héros de l’histoire française, le sculpteur Firmin Michelet a déployé une iconographie non pas seulement triomphale, mais également familière, du Maréchal Foch. Nous ne le voyons pas parader en grand uniforme, il porte bien plutôt un simple manteau de campagne, son cheval n’est pas cabré, au contraire, sa démarche est souple. S’il y a de la dignité dans sa posture, le monument livre une image réaliste, voire amicale, qui inscrit l’image du vainqueur de la Grande Guerre dans le paysage de son enfance.

En inaugurant ce lieu aujourd’hui, je reviens à la source même de la création du label « Maisons des Illustres », car c’est en visitant il y a quelques temps la maison natale du Maréchal Foch que j’en ai eu l’idée. On ne dénombre plus les avenues, les rues, les monuments, les places portant son nom illustre, pourtant son nom sera à jamais attaché, dans ma mémoire personnelle, à cette initiative, qui permet de mettre ces lieux d’exceptions en réseau et d’en tirer certains d’un relatif oubli : une chose encore, en quelque sorte, que l’on doit au maréchal pyrénéen.

J’ai voulu que mon ministère puisse mettre en valeur ces lieux faisant vivre la mémoire des artistes, des scientifiques, des grands hommes de notre histoire qui ont contribué de manière majeure à notre histoire commune. Ces lieux qui furent ceux de personnalités variées partagent tous cette invitation à l’introspection qui nous offre, le temps d’une visite, l’occasion de reconstituer un esprit des lieux, de toucher au plus près des vies qui les ont habités, aussi bien la dimension personnelle qu’universelle des figures les plus marquantes de notre patrimoine. Ces lieux sont les fenêtres intimes par lesquelles pénètrent les souffles de l’histoire. « La maison natale n’est pas qu’un corps de logis, elle est un corps des songes » écrit Bachelard. Ici, dans cette bâtisse du XVIIIème siècle, caractéristique de l’architecture du pays de Bigorre où une figure de la mémoire collective n’était pas à priori destinée à émerger, nous retrouvons les traces de l’itinéraire personnel et de la vie publique du Maréchal Foch. Ce lieu qui façonna les douze premières années de la vie du « Généralissime » des armées alliées pendant la Grande Guerre, abrite les objets personnels et les souvenirs d’officier de Ferdinand Foch, Maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne. Achetée par l’Etat avant la Seconde guerre mondiale, classée monument historique en 1938, cette maison familiale, transformée en musée en 1951 à l’occasion du centenaire de la naissance de Foch et inauguré par le président de la République Vincent Auriol, réunit divers objets offerts au maréchal, des objets rapportés de ses voyages aux Etats-Unis en 1921, tels un costume de chef indien et un calumet offert par un représentant de la nation Crow, des souvenirs de sa famille, mais aussi des maquettes de monuments qui lui sont consacrés, ou encore sa chambre natale avec son alcôve, le bureau et la salle des batailles, ainsi que la chaise sur laquelle la mort vint le trouver, à Paris.

Lieu patrimonial concentrant la mémoire du célèbre vainqueur, la maison natale du Maréchal évoque une lecture de l’histoire multiple, enrichissante et vivante ; c’est pourquoi je suis très heureux de revenir aujourd’hui en ce lieu qui sert si bien le récit du particulier et du général. Alors que s’annoncent déjà les commémorations du centenaire de la Grande Guerre, je suis particulièrement heureux d’être avec vous pour la pose de cette plaque : le label « maisons des illustres » rencontre en effet un grand succès, dont pourra bénéficier la maison natale d’une des figures majeures de notre mémoire nationale.

Je vous remercie.