Madame la Présidente, chère Laurence Parisot,
Mesdames et Messieurs,

C’est un plaisir pour moi que de vous retrouver aujourd’hui dans le cadre
de cette soirée « Artissima » qui scelle le rapprochement du monde
économique et du monde de la culture.

Mon ministère, vous le savez, entretient depuis des années, avec les
institutions du monde économique, un dialogue très constructif fondé sur la
reconnaissance de la culture comme enjeu de développement et de
rayonnement pour notre pays.

C’est le cas de l’Assemblée des chambres françaises de commerce et
d’industrie, mais aussi du Conseil supérieur de l’Ordre des expertscomptables
et du Conseil supérieur du notariat avec lesquels j’ai renouvelé
en 2010 des accords de collaboration pour encourager le mécénat culturel
à travers nos territoires, et notamment celui des petites et moyennes
entreprises.

Le protocole d'accord que nous allons signer ce soir a une ambition très
large : dans son préambule, il souligne en effet l’importance de la diversité
culturelle comme ressort fondamental du développement durable des
communautés et des peuples, et comme facteur également de cohésion
sociale. Je rappelle à ce titre que la France est l'un des États Membres de
l'UNESCO les plus attentifs au respect de la Convention pour promotion de
la diversité des expressions culturelles de 2005.

Ce protocole reconnait que les activités, biens et services culturels
constituent une réalité économique spécifique dans la mesure où ils sont
porteurs d’identités, de valeurs et de sens pour le bien commun et
l’épanouissement de notre société. Dans le contexte de la mondialisation,
le dialogue entre les cultures est favorisé par le l’évolution rapide des
nouvelles technologies de l'information et de la communication ; mais nous
devons veiller à ce qu’il n’y ait pas là un risque de déséquilibre accru entre
pays riches et pays pauvres.

Ce protocole met en exergue, enfin, l’importance des droits de propriété
intellectuelle pour soutenir tous ceux qui participent - artistes, écrivains,
musiciens - à la création et à l’enrichissement de notre vie culturelle. C’est ,
vous le savez, un axe majeur de l’action que je mène depuis bientôt trois
ans.

La culture n’est plus seulement l’affaire de l’État et des pouvoirs publics en
général. Et il ne s’agit pas là d’un quelconque désengagement, du fait des
contraintes budgétaires : mon ministère, dont les moyens sont
sanctuarisés, assume en effet pleinement ses responsabilités.

Il s’agit de la mise en oeuvre d’une collaboration indispensable pour que
nous puissions relever les défis que nous avons à affronter afin que la
culture puisse pleinement jouer son rôle de facteur d’ouverture, de
renouveau, de lien social, de dynamisme économique et de rayonnement
international. En ce sens, la dépense culturelle est un investissement
majeur pour nos sociétés et nos économies.

Par leurs activités propres, ou par le mécénat, les entreprises ont acquis
un rôle grandissant et des compétences essentielles en matière culturelle,
qu’il s’agisse de soutien à la création, de sauvegarde du patrimoine ou de
partage de la culture.

Les entreprises introduisent en effet de plus en plus la culture et la création
dans leurs relations avec leurs partenaires et leurs clients, et dans leur
management interne. Le monde de l'entreprise et celui de la culture ont
fondamentalement en commun le désir d’innovation et la prise de risques.

Les établissements culturels, quelle que soit leur taille, ont besoin d’une
vision économique qui ne leur est pas inhérente, pour mener à bien leur
développement. Si les plus grands d'entre eux ont bien souvent des
critères de gestion qui s'apparentent au monde de l'entreprise, les plus
petits établissements, qui bénéficient d'ailleurs souvent de votre mécénat,
ont certainement beaucoup à gagner de votre expérience en la matière.

Les entreprises, enfin, ont une proximité profonde avec notre société dans
toute sa diversité, notamment en matière d'emploi, et un ancrage territorial
très fort. Les entreprises enfin ont conservé un esprit d’initiative et
d’amorçage de projets que nous avons parfois du mal à faire entrer, sinon
dans la culture publique, du moins dans ses processus opérationnels.

Vous êtes donc devenus des intermédiaires et des acteurs essentiels du
développement culturel, dans sa double dimension sociale et économique.

Dans le cadre de ce protocole, nous nous engageons donc, MEDEF et
ministère de la Culture et de la Communication, à conduire ensemble des
travaux sur les enjeux de la compétitivité et de l’attractivité de la culture,
sur son poids économique, sur les nouveaux modèles de l’économie de la
création, sur l’artisanat et les PME culturelles, et sur le mécénat.

Le rapprochement des MEDEF régionaux avec nos directions régionales
des affaires culturelles contribuera à celui des chefs d’entreprise et des
acteurs culturels.

Permettez-moi, toutefois, de m’arrêter un instant sur le dernier point de cet
accord, qui revêt à mes yeux une importance essentielle. Il s’agit du fonds
de dotation « InPACt. Initiative pour le partage culturel ».

Dans le climat de difficultés économiques et sociales que nous traversons,
l’action privée en matière culturelle me semble, je vous l’ai dit, plus que
jamais un enjeu de grande importance. Il y va certes de l’attractivité de nos
territoires dont la vie culturelle est un facteur évident. Il y va tout autant de
notre cohésion sociale. La lutte contre toutes les formes d’exclusion, pour
l’intégration et pour la reconnaissance de la diversité passe
nécessairement par une mobilisation renouvelée en faveur de la
démocratisation culturelle. Il s’agit là d’une ambition et d'une responsabilité
aujourd’hui partagées entre la sphère privée et les pouvoirs publics. Les
grandes entreprises, à travers leurs fondations, accomplissent souvent un
travail exemplaire dans les quartiers, les hôpitaux, les écoles et les prisons
en soutenant des centaines d’associations et d’organismes publics qui
oeuvrent quotidiennement - le plus souvent dans l’anonymat - à créer ou
recréer du lien social, en favorisant l’accès de tous à la culture et à la
création. Avec les jeunes, notamment, elles contribuent ainsi à former le
public de demain, de nos festivals, de nos spectacles, de notre patrimoine,
et à faire émerger de nouveaux acteurs de la culture.

La tâche est passionnante, mais elle nécessite le concours de tous. Avec
l’appui de quelques dirigeants et du MEDEF, convaincus de l’utilité de la
culture dans la construction d’une société plus juste, j’ai donc lancé l’idée
d’un fonds de dotation, organisme inédit de portée nationale dont la
mission sera de croiser les compétences du privé et du public sur ces
questions de démocratisation, et d’apporter soutien et visibilité aux acteurs,
notamment associatifs, les plus exemplaires et les plus innovants. Certains
d’entre vous connaissent ce projet et y ont déjà adhéré. Je vous invite tous
ce soir à lui apporter votre soutien, en en relayant l’action sur vos territoires
: votre capacité de mobilisation est d'autant plus importante qu'il nous faut
préserver au mieux cet engagement face aux difficultés économiques et
sociales que nous traversons.

Je vous remercie de votre attention.