Le 8 janvier, Frédéric Mitterrand s’est rendu dans la cour d’honneur du Palais-Royal à Paris pour marquer la fin des travaux de restauration des « Deux plateaux », plus connus sous le nom de « Colonnes de Buren ».

Une double restauration pour un « double plateau ». « Les deux plateaux » sont composés d’un réseau de 260 colonnes octogonales rayées de noir et de blanc, mais aussi d’un système hydraulique et d’un dispositif d’éclairage complexe.

L'œuvre d'art en elle-même, commandée à Daniel Buren par le ministère de la Culture en 1985, s’était peu à peu dégradée. Les travaux de restauration, commencés en septembre 2008, ont donc consisté pour une part à rendre aux Deux plateaux leur aspect d’origine en remplaçant ou en rénovant les matériaux (colonnes, asphalte, caillebotis, luminaires, etc.) et en révisant les mécanismes de fontainerie qui font partie intégrante de l'œuvre.
Il a fallu par ailleurs remédier aux défaillances des équipements techniques et à leurs conséquences visibles en surface et dans les parties souterraines : problèmes d'étanchéité rencontrés dans les locaux des sous-sols, traitement des réseaux, améliorations à apporter pour la sécurité du public, notamment en ce qui concerne la résistance des caillebotis et la pérennité des ouvrages comme les garde-corps. On a procédé aussi à la reprise totale des dispositifs électriques, à la mise en place d'un nouveau dispositif d'éclairage totalement encastré et au remplacement du système hydraulique.

Une œuvre en entraîne une autre… Durant les travaux, une palissade de chantier a été installée autour des « Deux plateaux » sans empêcher la circulation dans la galerie d'Orléans, la galerie de Chartres et sur le parvis du Conseil d'État. Cette palissade a été l’occasion pour Daniel Buren de réaliser une œuvre temporaire: « […] j’ai également dessiné une palissade spécifique pour protéger le chantier et pour permettre également aux « grands » et aux « plus petits » de suivre ce qui allait se passer à l’intérieur. Bien que cette palissade soit a priori une obligation et qu’elle soit donc conforme aux lois en vigueur, elle sera également ici et pour l’occasion, une œuvre spécifique une sorte de sculpture, dont je suis modestement l’auteur. […] »

Daniel Buren. Né en 1938, il a très tôt remis en cause la notion d’exposition et d’accrochage, notamment au sein d’un collectif d'artistes baptisé BMPT en reprenant l'initiale du nom de chacun d'entre eux ( Buren, Mosset, Parmentier et Toroni ). En 1966 et 1967, Daniel Buren a réalisé plusieurs manifestations qui rejetaient toute pratique institutionnelle de la présentation des œuvres modernes. Il s’est ainsi peu à peu attaché à la mise en valeur de lieux qui sont à (re)découvrir par la seule force « d'instruments » créés spécialement pour les (mieux) voir.
Travaillant le plus souvent avec un module de multiplication aisée, les fameuses bandes noires et blanches espacées de 8,7 cm, Daniel Buren veut souligner « l'existence de l'endroit » et plus encore la façon dont l'artiste est apte à le révéler. Pour lui, « une œuvre sans emplacement n'existe pas ».
Ses recherches étant reconnues en Europe comme en Amérique du Nord, Daniel Buren a reçu en 1985 une commande du ministère de la Culture pour la cour d’honneur du Palais-Royal , devant les fenêtre du Conseil d'Etat, du Conseil constitutionnel et celles du Ministère. Intitulée « Les deux plateaux », la composition, très vite rebaptisée par le public « les colonnes de Buren », a connu une immédiate célébrité. Elle demeure aujourd’hui encore l'un des sites très visités de Paris.
Cette réussite vaudra à Daniel Buren de recevoir le « Lion d'Or » à la Biennale de Venise de 1986. D’autres « occupations » de lieux prestigieux vont suivre : l'Opéra de Bruxelles, le Kimpo national parc de Corée du Sud, la place des Terreaux de Lyon, le Mont-Sion, à Jérusalem… En 2007, Daniel Buren a livré pour l'entrée du nouveau musée Fabre de Montpellier une mosaïque en marbre blanc et en granit noir qu'il a nommée "La Portée".
Daniel Buren expose actuellement en Allemagne, au Neues Museum de Nuremberg jusqu’au 14 février 2010 : « Modulation, works in situ ».