estampe

Saint Jérôme en pénitence

DURER Albrecht (dessinateur, graveur)

DURER : Nuremberg, 1471 ; Nuremberg, 1528 ; nationalité : Allemande

Allemagne

4e quart 15e siècle

1496

Dürer, très tôt dans son parcours artistique, a été attiré par la figure de saint Jérôme, à laquelle il consacre maintes représentations -dessinées, gravées ou peintes -, traitant soit le saint personnage entièrement investi dans l'étude et la traduction des livres sacrés dans sa cellule, soit le pénitent vivant en ermite dans le désert. Dans la présente gravure sur cuivre, il est question du saint retiré dans la solitude et s'adonnant au jeûne et à la contrition, un thème qui s'est développé un siècle après l'image de l'érudit en méditation dans sa cellule, soit au début du XVe siècle. De telles représentations se réfèrent à la période où Jérôme trois ans durant s'était retiré dans le désert de Syrie pour y mener une vie d'ascète. Jérôme, né vers 347 dans une famille noble en Dalmatie, deviendra l'un des quatre plus importants Pères de l'Eglise latine. Ses parents chrétiens l'envoient à Rome poursuivre sa formation, mais selon la Légende Dorée, Cicéron et Platon l'intéressent plus que les écrits bibliques. Or, suite à une forte fièvre, il se voit en rêve conduit devant le tribunal céleste, puis condamné à être battu pour avoir menti en disant qu'il était chrétien. Invoquant la miséricorde du Seigneur au cours de la bastonnade, Jérôme promet de se consacrer aux seuls livres sacrés. Après ses études, il se rend en Palestine, puis se retire de 375 à 378 dans le désert de Chalcis près d'Antioche, où il va vivre en ermite, avant d'être ordonné prêtre en 379. Rappelé à Rome par le pape Damase, Jérôme, maîtrisant l'hébreu comme le grec, doit endosser la lourde responsabilité de revoir la traduction et l'ordonnancement du texte biblique en latin, désigné plus tard du terme de Vulgate. Après la mort du pape en 384, il retourne en Palestine, notamment à Bethlehem, où il restera jusqu'à sa mort en 420. La gravure étudiée se rallie à l'évocation traditionnelle du saint pénitent à demi nu, agenouillé devant un crucifix au milieu d'un paysage hostile, tandis qu'il poursuit un jeûne et se meurtrit la poitrine à l'aide d'une pierre, afin de réduire au silence les tentations qui l'assaillent. A l'image de ses agressions et de ses tourments, la nature sauvage environnante, accidentée et hérissée de quelques arbres ou de végétation malingre, rend malaisé tout accès à la petite chapelle haut perchée, probablement le seul refuge. Pour dessiner ces escarpements rocheux, comme le précise Mme Renouard de Bussierre, " Dürer s'est servi de ses propres études de Carrières réalisées d'après nature (aquarelles W. 108 et 109, autrefois à la Kunsthalle de Brême). " Le saint Jérôme pénitent dans le désert constitue un thème apocryphe qui, suite à la Légende Dorée, connaît un grand succès. Le lion, considéré comme le plus important attribut du saint, n'apparaît qu'au XIIe siècle ; l'origine du motif étant très discutée. Selon la Légende Dorée, Jérôme aurait retiré une épine plantée dans la patte d'un lion qui était entré en boitant dans le monastère, et une fois guéri, habita parmi les frères et, par reconnaissance, leur servit d'animal domestique. Le jeune Dürer, vers 1494-1495, avait peint un Saint Jérôme pénitent (Cambridge, Fitzwilliam Museum, dépôt de Sir Edmond Bacon), proche de représentations italiennes. Dans le présent burin, le fauve apprivoisé relève en effet de dessins effectués en 1494 lors du séjour à Venise, d'après les lions en pierre de Saint-Marc. (Anny Claire Haus)

papier, burin

Hauteur de l'oeuvre en cm 30.7 ; Largeur de l'oeuvre en cm 22.2 ; Hauteur de la feuille en cm 30.7 ; Largeur de la feuille en cm 22.2

monogramme ; inscription

monogramme, devant en bas au milieu : AD ; inscription manuscrite, Derrière, en bas à gauche au crayon : B 61 original.

scène (saint Jérôme, ermite, agenouillé, nudité, mortification, pénitence, crucifix, lion) ; fond de paysage (désert, rocher, arbre, végétation)

Strasbourg ; cabinet des estampes et des dessins

Musée de France
au sens de la loi n°2002-5 du 4 janvier 2002

propriété de la commune ; ancien fonds ; Strasbourg ; cabinet des estampes et des dessins

date d'acquisition inconnue

77.006.0.126 ; 77.R.2009.0019 (N° récolement)

STRASBOURG, Attraits subtils, 2007-2008 (Galerie Heitz, Palais Rohan)

cat. expo STRASBOURG, Attraits subtils, 2008 (p. 56-57)
SCHOCH, et al., Dürer Drückgraphische Werk, 2001 (Schoch et al. 2001, t. I, p. 38-39.)
catalogue établi par Sophie Renouard de Bussiere (cat. exp. Paris 1996, p. 78-79, n° 33 ;)
cat. expo KARLSRUHE, A. Dürer .Druckgraphik, 1994 (Monika Scholl in cat. exp. Albrecht Dürer. Druckgraphik, Karlsruhe 1994, p. 41, n° K 33)
PANOFSKY Erwin, Albrecht Dürer, 1987 (Panofsky 1987, p. 49)

EDEL Céline

© Strasbourg ; cabinet des estampes et des dessins, © Service des musées de France, 2013

© BERTOLA

Renseignements sur le musée

00130072532