La notoriété de Marie Laurencin est légendaire
et ambiguë. Son parcours social et artistique est bien sinueux,
depuis la rue de Chabrol où elle naît à Paris
en 1883, jusqu’aux frondaisons du Champ-de-Mars, au pied de
la tour Eiffel, où elle s’éteint en 1956.
Enfant naturelle élevée par sa mère, modeste
couturière, elle s’inscrit à l’académie
Humbert aux côtés de Georges Braque, avant de rencontrer
Guillaume Apollinaire qui l’impose parmi les peintres cubistes.
Exilée en Espagne pendant la Grande Guerre avec son mari le
baron Otto von Waëtjen, elle est après son divorce une
parisienne lancée durant les années folles, et s’affirme
rapidement comme l’une des « femmes-peintres » les
plus célèbres de son temps.
L’univers immédiatement reconnaissable de Laurencin s’inspire
de rêveries élégantes et tendres. Dans ses nombreuses
déclinaisons du féminin : autoportraits, commandes ou
effigies de jeunes filles solitaires ou complices, sa palette mêle,
en compositions équilibrées et harmonieuses, des tons
raffinés d’azur, rose et garance dont la séduction
a fait sa signature.
Significativement, Marie Laurencin, solitaire parmi les artistes,
ne -fréquenta les peintres qu’entre 1907 et 1912, lorsque
la muse accompagnait Apollinaire chez Picasso et ses amis du Bateau-Lavoir.
Elle leur préféra toujours écrivains et poètes.
Marie Laurencin reste sans conteste comme l’une des femmes ayant
su, durant la première moitié du XXe s., affirmer un
talent trouvant naturellement sa place à l’égal
de ses contemporains masculins. Suzanne Valadon, Sonia -Delaunay,
Colette, Chanel, et bien d’autres avec elles, ont également
assumé en toute indépendance et avec détermination
leurs choix de carrière et de vie, loin de tout engagement
politique.
Le corpus de son œuvre, entre 1903 et 1956, est riche : près
de 1800 peintures, sans compter les œuvres sur papier, gravures,
livres illustrés, décors de ballets et de théâtre
(Ballets russes, Comédie-Française) qui ont établi
sa renommée. Le musée Marie Laurencin qui lui est consacré
au Japon depuis 1983 présente une centaine de peintures couvrant
l’ensemble de son évolution picturale.