Les transports collectifs parisiens au début du siècle
Les transports en commun de surface ont été, dès
leur création avec les omnibus hippomobiles en 1828, l’objet
de multiples conflits à la fois technico-financiers, administratifs
et politiques.
La Compagnie générale des omnibus (CGO), société
privée, a obtenu pour cinquante années, à travers
une convention signée avec la ville en 1855 – renouvelée
en 1860 – la concession sous forme de monopole des transports
collectifs dans Paris intra muros. Cette formule de la concession
présentait pour de nombreux élus locaux l’avantage
de combiner les contraintes juridiques et politiques liées
au service public et la prise en charge des risques techniques et
financiers de l’exploitation par des capitaux privés.
Cependant, de multiples controverses ont rapidement surgi entre la
ville de Paris et la compagnie privée, portant notamment sur
la modernisation souhaitable des matériels roulants, clause
qui apparaissait de manière explicite dans le cahier des charges
de la convention.
En effet, à l’abri de leur monopole, les dirigeants de
la CGO ont amorti de manière excessive leurs voitures à
chevaux afin de limiter leurs dépenses -d’investissement,
préférant se constituer un domaine privé de placements
dans l’immobilier parisien. Cela explique que les derniers omnibus
tirés par des -chevaux ont encore circulé dans les rues
de Paris…. jusqu’à la veille de la Grande Guerre,
en 1913. Cette situation n’a pas manqué de susciter le
-mécontentement des Parisiens, qui s’est exprimé
par la voix de leurs élus aux assemblées locales.
Cette situation conflictuelle rend compte en partie de la relative
anarchie des réseaux de surface, en particulier en matière
de matériels de toute génération. En effet, en
1906, dans les rues de Paris et de la banlieue se mêlent les
omnibus à chevaux, les tramways – réservés
aux communes de banlieue avec quelques pénétrantes dans
la capitale –, les trolleybus à traction électrique,
dont la circulation est réservée aux quartiers périphériques
de Paris – par souci -esthétique, afin d’éviter
la toile d’araignée des fils de traction dans le ciel
des quartiers de prestige – et enfin, les autobus à moteur.
Le premier circule en 1905 sur la ligne Montmartre-Saint-Germain-des-Prés,
avant la mise en route de la ligne de 1906.
Michel Margairaz
professeur à l’université de Paris VIII-
Vincennes-Saint-Denis