Célébrations
nationales 2004
Littérature et sciences humaines
Singulier destin que celui de ce petit
prêtre breton qui se fit le défenseur le plus ardent
du pouvoir du Pape et dont deux encycliques condamnèrent
les écrits et les idées, qui, sans détenir
de position du pouvoir ni de statut officiel, eut sur son temps
une influence exceptionnelle et qui, après avoir été
admiré des plus illustres de ses contemporains, mourut dans
le dénuement et la solitude.
Trois dates jalonnent son itinéraire philosophique et religieux
:
1817 : publication de son Essai sur l’indifférence
en matière religieuse, qui le rendit célèbre
d’un jour à l’autre ; c’est le manifeste
de l’ultramontanisme et de l’intransigeantisme catholique.
1830 : La Mennais lance le journal l’Avenir,
dont la devise Dieu et liberté
affirme en manchette l’espoir de refonder la société
sur l’alliance de l’Église et du peuple.
1834 : avec les Paroles d’un croyant qui rencontrent un immense
succès, il rompt avec Rome et reporte ses espérances
sur la République et la démocratie.
Trois engagements successifs, précurseurs de mouvements d’idées
philosophiques et politiques appelés à traverser le
siècle.
Trois systèmes de pensée fort dissemblables et qui
expriment pourtant une même recherche anxieuse d’un
principe d’unité. Cette exigence inspire aussi bien
sa philosophie du sens commun qui oppose à Descartes et aux
méfaits de l’individualisme les certitudes du consentement
universel, que sa philosophie sociale qui croit avoir trouvé
le fondement de la société tour à tour dans
la -référence au Pontife romain, à la liberté
et à la souveraineté du peuple.
Le rayonnement de sa pensée a été grandement
servi par une écriture ardente, une argumentation pressante,
une passion polémique, qui lui ont valu, avec une très
vaste audience, l’admiration des écrivains ses contemporains
et qui lui assignent une place éminente dans la littérature
romantique. Si La Mennais n’est plus lu aujourd’hui,
sauf peut-être pour sa correspondance, les idées qu’il
a semées à profusion lui ont survécu : certaines
continuent d’inspirer la politique et son nom reste une référence.
René Rémond
de l’Académie française
président de la Fondation nationale des sciences politiques
président du Conseil supérieur des archives
Portrait par Paulin Jean-Baptiste Guérin
Salon de 1827
Châteaux de Versailles et de Trianon
© RMN / Arnaudet
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