Numériser des objets photographiques
La direction générale des Patrimoines et de l'Architecture, par l'intermédiaire d'un groupe de travail composé de professionnels et coordonné par le département de la Recherche, de la valorisation et du patrimoine culturel immatériel (DRVPCI), publie le guide pratique "Numériser des objets photographiques" qui se veut un outil d’aide à la prise de décision destiné aux professionnels en charge de la conservation de fonds et/ou de collections de photographies, confrontés au(x) processus de numérisation, de la mise en œuvre d’un chantier à son achèvement.
La numérisation de photographies est pratiquée depuis plus de vingt ans dans toutes les institutions qui en conservent. Quelles que soient ses évolutions techniques, elle s’inscrit dans le traitement intellectuel et physique des fonds et collections. C’est une opération à laquelle on assigne différents objectifs : participer à la conservation en limitant la manipulation des objets, faciliter la recherche scientifique, proposer une visibilité et une accessibilité des fonds et des œuvres, permettre une lecture plus confortable (négatifs positivés), permettre la commercialisation…. Sa mise en œuvre comme sa réalisation reposent, à tout moment de leur processus, sur de nombreux choix qui questionnent souvent ceux qui portent le projet.
La numérisation interroge aussi en permanence le rapport aux originaux : sa dimension transformative oblige celui qui l’entreprend à bien en cerner les caractères propres comme à connaître les opérations qui lui sont subordonnées et les méthodes et moyens existants dans le cadre de son processus. Ceux-ci déterminent les choix comme les attendus, ils conditionnent la nature des éléments produits, leur format comme leur apparence.
À l’issue de cette numérisation, l’accès aux photographies se fait le plus souvent par les fichiers produits. Les originaux sont alors approchés par leurs images numériques. Protégés d’une consultation préjudiciable à leur bonne conservation, les objets photographiques peuvent paradoxalement être fragilisés par cette opération. Si dans la plupart des cas la numérisation est une étape dans la chaîne de traitement des collections, dans d’autres, elle est la préoccupation première dont elle devient une finalité. S’il ne vient à l’idée de personne de se défaire d’une peinture originale ou d’une gravure après l’avoir numérisée, l’idée apparaît moins tranchée quand elle concerne la photographie. En raison de ses caractères techniques, mais aussi des usages documentaires qu’on lui assigne, la distinction entre une photographie originale et son fichier n’est pas toujours clairement perçue et peut sembler moins fondamentale à la lecture de l’œuvre, à sa compréhension, à sa parfaite étude. La tentation de ne plus conserver ces originaux après qu’ils ont été numérisés est alors grande lorsqu’il faut notamment considérer la place et les moyens nécessaires à leur conservation et à leur traitement. La numérisation soulève d’autres questions : l’obsolescence des matériels, des logiciels, des formats, la perte de la signification du contenu (métadonnées descriptives) oblitèrent ce choix.
Pour ces nouveaux objets dématérialisés, il faudra concevoir un vocabulaire et un discours propre comme il faudra aussi en penser et en assurer la conservation pour en permettre la lecture dans le temps et en préciser le statut juridique.
C'est pour tenter de répondre à toutes ces problématiques qu'un guide pratique a été réalisé. Il résulte des réflexions menées par le groupe "Numériser des objets photographiques" dont les travaux coordonnés par le département de la Recherche, de la valorisation et du patrimoine culturel immatériel (DRVPCI) s’inscrivent dans le prolongement de journées d’étude Photographies numérisées / photographie numérique : problématiques patrimoniales organisées par le ministère de la Culture en lien avec l’Institut national du patrimoine en octobre 2019.
Outil d’aide à la prise de décision destiné aux professionnels en charge de la conservation de fonds et/ou de collections de photographies, confrontés au(x) processus de numérisation, de la mise en œuvre d’un chantier à son achèvement, son écriture repose sur des retours d’expérience. Il est conçu autour de grandes problématiques abordées selon le déroulé chronologique d’un chantier de numérisation et est élaboré suivant un mode de questions-réponses. Des outils pratiques y sont partagés, des liens renvoient à des documents qui viennent compléter et préciser le propos.
Davantage qu’aux caractères techniques des processus de numérisation, ce guide s’attache à définir, plus largement, une méthodologie d’approche adaptée aux objets photographiques dont les supports, techniques, formes et formats peuvent varier. Ces processus techniques de numérisation, déjà largement décrits et développés et sur lesquels il existe de nombreuses publications, sont ainsi posés en lien avec les spécificités du médium et son comportement.
Le professionnel du patrimoine trouvera dans ce guide des solutions éprouvées au sein d’institutions, des outils de suivi et de contrôle des collections ainsi qu’une restitution des pratiques et des usages dans le cadre du traitement de fonds et d’ensemble hétéroclites.
Sommaire
- La photographie à l’épreuve de la numérisation
- Définir ses objectifs avant de numériser
- Analyser le contexte de l’institution avant de mettre en œuvre un chantier de numérisation
- Préparer les objets photographiques à la numérisation
- Questions techniques de numérisation et de procédures
- Décrire les phototypes numérisés
- Conserver les données
- Principes de droit convoqués par la numérisation des objets photographiques
- Références
Les membres du groupe de travail à l'origine de ce guide sont :
- Sylvain Besson, directeur des collections du musée Nicéphore-Niépce, ville de Chalon-sur-Saône
- Samuel Bonnaud-Le Roux, chef du bureau du Droit public général, sous-direction des Affaires juridiques, secrétariat général, ministère de la Culture
- Joël Clesse, chef du service image, son et technologies de l’information, Archives départementales de la Seine–Saint-Denis
- Maxime Courban, responsable du secteur des documents figurés, Archives départementales de la Seine–Saint-Denis
- Delphine Desveaux, directrice des Collections Roger-Viollet, Bibliothèque historique de la Ville de Paris
- Isabelle-Cécile Le Mée, coordinatrice du groupe, chargée de mission pour le pilotage de la recherche sur les patrimoines et pour le patrimoine photographique, délégation à l’inspection, à la recherche et à l’innovation, direction générale des Patrimoines et de l’Architecture, ministère de la Culture
- Anne de Mondenard, responsable des collections photographiques et images numériques, Musée Carnavalet-Histoire de Paris
- Anne Paounov, experte numérisation, Bibliothèque nationale de France
- Annie Thomasset, restauratrice indépendante
- Olga Yardin, attachée de conservation du patrimoine, responsable du Pôle Images, Archives départementales d’Indre-et-Loire
Remerciements à Mickaël Beigneux (AD37), Nina Laize (AD93), Emmanuelle Schmitt-Richard, pour leurs contributions.
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