Ophélie Ragueneau-Greneau, sous-préfète de l'arrondissement de Vervins, Silvère Say, sous-préfet de Montdidier ont participé également à ces temps forts organisés avec le concours de la Communauté de communes du Pays du Coquelicot.
Après les signatures du contrat culture ruralité et du contrat culturel de territoire de la Communauté de communes du Pays du Coquelicot, les rencontres se sont tenus en deux temps : d’abord, 80 élus, représentants et représentantes d’associations et de structures collectives, acteurs et actrices culturels ont pu échanger pendant deux heures ; est ensuite venu le temps de rencontres, d’échanges et de débats avec les habitants et habitantes autour du thème culture et ruralité.
Les fruits de ces rencontres seront présentés lors des Assises nationales de la culture en milieu rural se tenant au mois d’avril : ces concertations participeront à la définition de la feuille de route visant à renforcer la place de la culture en zones rurales.
La concertation « culture et ruralité » avec les élus, les représentants et représentantes d’associations et de structures collectives, les acteurs et actrices culturels
La concertation de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Hauts-de-France avec les élus, les acteurs culturels, les associations a rassemblé 80 acteurs et actrices et a permis de mettre en lumière plusieurs points cruciaux pour le développement culturel des zones rurales, en mettant l'accent sur l'importance de l'action locale, la durabilité des dispositifs contractuels et la nécessité de construire des projets cohérents avec les spécificités de chaque territoire.
Ingénierie culturelle
Les médiateurs et médiatrices jouent un rôle déterminant dans le lien entre les professionnels de la culture, les élus et les habitants. La création et l'implantation culturelles nécessitent du temps long et de l'espace, ainsi qu'une réflexion sur les modalités de financement et de contractualisation. Des préoccupations concernent l'attractivité des postes culturels en milieu rural ont été entendus : les contrats courts sont perçus comme un obstacle à l'ancrage des professionnels sur le territoire.
Pour une culture participative
La visibilité de l'action culturelle et de l'offre culturelle sur les territoires ruraaux est un autre défi important. Des stratégies innovantes sont nécessaires pour rendre la culture plus accessible et attractive, en utilisant des approches qui démystifient l'offre culturelle et encouragent la participation. Souvent cité, le Pass Culture est salué comme un outil prometteur pour promouvoir les offres culturelles, mais des questions persistent quant à sa mise en œuvre dans les zones rurales, notamment en termes de mobilité des publics.
La culture, une compétence partagée
La concertation a mis en lumière la nécessité d'une approche globale et collaborative pour promouvoir la culture en milieu rural, en tenant compte des spécificités et des besoins de chaque communauté locale.
Il a été observé une divergence d'opinions concernant le choix entre les Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) et les communes pour porter les projets culturels. Certains ont souligné la difficulté à passer par les EPCI pour les projets communaux, tandis que d'autres ont considéré cette échelle comme pertinente. Si des inquiétudes ont été exprimées par certaines communes quant à la possibilité de voir leur projet dépourvu de financement public s'ils ne sont pas rattachés à un EPCI, certains ont fait valoir que l'essentiel était de fédérer autour d'un projet, suggérant ainsi que la question du maillage pourrait être secondaire par rapport à celle du portage du projet.
Lors des échanges, l'amélioration de la connaissance mutuelle des acteurs a été relevée comme un enjeu, soulignant un besoin d'identifier les ressources culturelles des territoires. Il a été suggéré de mieux s'appuyer sur le capital des lieux labellisés et de mieux exploiter ces ressources dans le cadre de formations collectives impliquant l'ensemble des acteurs potentiels, y compris les élus et les professionnels de la culture et des associations.
La rencontre avec les habitants et habitantes : la revendication des droits culturels en zones rurales
A Albert, le "Printemps de la ruralité" a également pris la forme d'échanges, de débats, de témoignages sensibles, de prises de parole engagées des habitants et habitantes. Une cinquantaine d'entre eux ont apporté leur pierre à l'édifice : leurs paroles, idées, envies - toutes précieuses - étaient recueillis avec autant d'humour, de simplicité que d'empathie sincère par le chroniqueur et rappeur Kamini.
"Qu’est-ce que la culture ?"
Une question a été ouverte très rapidement, comme un propos liminaire nécessaire à chacun : qu’est-ce que la culture ? La pluralité des réponses a permis de dépasser les clivages académiques confrontant la culture légitime, éduquée, savante et la culture populaire, en considérant l’une et l’autre sur un même pied d’égalité, en proclamant l’opportunité de leur hybridation.
Certaines voix ont revendiqué une culture ni figée, ni normée, ni descendante, et ont poursuivi en rappelant la liberté de choisir ses pratiques et ses identifications culturelles.
En d’autres termes, la concertation s’est ouverte sur la revendication active des droits culturels des habitants.
Les droits culturels
Les droits culturels conduisent à repenser la modernité du sujet en tenant compte de ses liens culturels, non plus comme des entraves mais comme des ressources. Les droits culturels s’appuient sur une conception large de la culture, ils peuvent être brièvement définis comme les droits d’une personne, seule ou en groupe, d’exercer librement des activités culturelles pour vivre son processus, jamais achevé, d’identification.
Pour des politiques culturelles situées, désirées et désirables
La concertation a été l’occasion d’affirmer la nécessité de considérer les perspectives, les désirs, les pratiques et la curiosité des habitants dans l’écriture des politiques culturelles locales mais également de reconnaître les actions des acteurs culturels des territoires, de soutenir les artistes locaux et de réaffirmer le rôle de facilitateur des médiateurs et médiatrices culturels.
La culture, un levier d’émancipation
Un autre versant de droits culturels a été abordé : la fonction émancipatrice de la culture.
L’intégration de la culture et des pratiques artistiques dans le parcours éducatif des enfants a été assimilée, à plusieurs reprises, à la promesse de l’égalité des chances, à celle d’une émancipation par la réussite scolaire ou par l’exercice de la curiosité et de l’esprit critique.
Ont également été soulignés les impacts significatifs des projets culturels sur l'économie locale, le bien-être des habitants et le vivre ensemble : par exemple, les festivals en zone rurale rassemblent et mobilisent les habitants mais également génèrent des retombées économiques importantes pour les zones rurales.
Une rencontre animée avec simplicité par Kamini
Familier des habitants et des habitantes, homme de terrain, de terroirs et d’écoute, Kamini témoigne d’une ruralité plurielle.
Pour le printemps de la ruralité, la DRAC Hauts-de-France s'est associé au rappeur, humoriste et présentateur de télévision Kamini Zantoko afin de donner la parole aux habitants des zones rurales.
Fils d'un médecin généraliste originaire du Congo, Kamini Zantoko est né le 8 décembre 1979 au Nouvion-en-Thiérache, dans l'Aisne (Hauts-de-France). Il grandit dans le village de Marly-Gomont, dans l'Aisne, qui lui inspirera en 2006 la chanson rap « Marly-Gomont » dans laquelle il retrace sa jeunesse en zone rurale et pour laquelle l’artiste recevra la Victoire de la musique pour le clip de l'année. Quelques années plus tard, Marly-Gomont devient le théâtre d’une comédie sociale dans le film intitulé Bienvenue à Marly-Gomont.
Depuis 2017, Kamini présente « Les Gens des Hauts », une série de reportages et documentaires sur le patrimoine et le tourisme dans la région Hauts-de-France, diffusée tous les dimanches sur France 3.
Lors de la rencontre avec les habitants, Kamini s’est appuyé sur son expérience personnelle, avec générosité, pour soulever et illustrer les thématiques, enjeux ou problématiques de la culture en zones rurales : la mobilité et le risque de l’enclave rurale, le maillage des équipements culturels, la diversité et la curiosité, le désir d’émancipation, le patrimoine rural, la jeunesse, l’enjeu de la fierté et de la reconnaissance des cultures rurales.
Partager la page