L’œuvre, haute de 80 cm et datant du XIVe siècle, est d’une qualité remarquable (consulter la notice de l’objet sur la base POP). Elle avait été dérobée en décembre 1959 dans l’église de Saint-Martin-aux-Bois, dans des circonstances demeurées obscures.
Mais en 2020, l'objet réapparait et figure au catalogue d’une vente aux enchères organisée le 24 mars 2020 à l’Hôtel Drouot et rapidement identifié par le service du Patrimoine du ministère de la Culture : il s'agit bien de la statuette, propriété de la commune, classée depuis le 11 avril 1902 au titre objet des monuments historiques.
Inaliénabilité, imprescriptibilité, insaisissabilité : les trois dispositions clés protégeant les collections publiques françaises
Si elles appartiennent à des personnes publiques (État ou collectivités territoriales), les collections sont inaliénables, imprescriptibles et insaisissables.
- L'inaliénabilité implique que la personne morale propriétaire peut revendiquer son bien entre les mains d'un tiers (en cas de vol par exemple) et que le bien ne peut pas être vendu (sous peine de nullité). Toute exportation définitive est également interdite.
- L'insaisissabilité garantit que les biens ne peuvent pas faire l'objet de procédures de saisies diligentées par des créanciers.
- L'imprescriptibilité permet de protéger les biens de l'acquisition de droits par les personnes qui l'utiliseraient de façon prolongée.
Si les collections appartiennent à des personnes morales de droit privé à but non lucratif (associations ou fondations), elles sont également imprescriptibles et insaisissables.
En collaboration avec les services de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Hauts-de-France et du ministère de la Culture, le conservateur des Antiquités et Objets d’art de l’Oise, Richard Schuler, est intervenu auprès du commissaire-priseur afin que l’œuvre soit retirée de la vente, conformément à son statut.
Le conservateur a ensuite accompagné la commune dans le processus d’identification et de restitution. L’étude approfondie de l’objet, iconographique et stylistique, et l’existence de plusieurs photographies d’archives ont permis d’authentifier formellement la statuette de la Vierge. Celle-ci a ainsi été restituée en 2021.
L’abbatiale Saint-Martin-aux-Bois étant en travaux à cette date, la statue a alors été déposée pendant environ un an dans les réserves du MUDO-Musée de l’Oise. Ce dépôt a été permis par la signature d’une convention entre la commune et le Conseil départemental de l’Oise.
La restauration de l’objet a permis de mieux le connaître : la fiche de classement au titre des monuments historiques indiquait que l’œuvre était en albâtre ; nous savons désormais que cette statue est faite de calcaire polychrome.
En février 2024, après restauration et sécurisation, la statue a retrouvé l’abbatiale de Saint-Martin-aux-Bois à laquelle elle avait été dérobée depuis plus de soixante ans.
Partager la page