« Au jardin des cyprès je filais en rêvant,
Suivant longtemps des yeux les flocons que le vent
Prenait à ma quenouille, ou bien par les allées
Jusqu’au bassin mourant que pleurent les saulaies
Je marchais à pas lents, m’arrêtant aux jasmins,
Me grisant du parfum des lys, tendant les mains
Vers les iris fées gardés par les grenouilles.
Et pour moi les cyprès n’étaient que des quenouilles,
Et mon jardin, un monde où je vivais exprès
Pour y filer un jour les éternels cyprès. »
Enfance, Guillaume Apollinaire
Passé lointain du monde de l’enfance chez Guillaume Apollinaire, dans un temps qui semble suspendu entre le berceau et le tombeau, et où se tisse une relation originelle avec le monde ; voici un exemple des images mélancoliques et bucoliques du poète adulte, quand il se penche sur l’enfance. L’enfance, cet « Âge d’or » pour Gérard de Nerval, insouciance qui n’est autre qu’un paradis retrouvé, l’enfant promesse d’une humanité meilleure dans la IVe Bucolique de Virgile, sont le thème de cette 14e édition du Printemps des Poètes. À travers le Cancre de Prévert, la vision d’une enfance détruite par la guerre chez Victor Hugo dans Les Orientales, le thème retenu pour cette édition, compte autant de poèmes qui repensent la variété de ce temps si particulier dans la mémoire de l’homme.
Une manière unique de mettre aussi à l’honneur les croisements entre la poésie des adultes et celle du jeune public.
Cette année, place donc aux « Enfances », qui seront l’objet d’anthologies de poèmes inédits comme Enfances, regards de poètes, de publications destinées à la jeunesse avec entre autres Pom pom, poème, pour les tout-petits, de spectacles et d’animations, de manifestations, de récitations en France métropolitaine, dans les Outre-mer, et à l’étranger. Ce sera également l’occasion de mettre à l’honneur des éditeurs spécialisés pour les livres de jeunesse qui regorgent d’inventivité pour sensibiliser la jeunesse à cet art.
Je salue le talent de Robin Renucci, parrain de cette manifestation. Avec lui, des centaines de comédiens et récitants nous plongeront dans les voix des poètes du monde entier, de la Suède avec des lectures du poète Tomas Tranströmer, jusqu’à Mayotte, avec le poète Nassuf Djaïlani, en passant par la poésie arabe.
Je me réjouis également de voir se conjuguer les arts avec le 4e concours Andrée Chedid du poème chanté, présidé par Christian Olivier des Têtes Raides, ainsi qu’avec le 1er festival Ciné Poème, créé à l’initiative du Printemps des Poètes et de la ville de Bezons, festival de courts métrages unissant cinéma et poésie.
Je salue également la belle initiative du Printemps des Poètes d’avoir créé les labels «Ville en poésie» et «Village en poésie», qui viennent honorer l’effort de certaines municipalités qui ont inscrit la poésie à l’agenda de leur politique culturelle.
Le ministère de la Culture et de la Communication, par l’intermédiaire du Centre national du Livre, soutient pleinement cet événement qui honore tous les âges et tous les lieux du plus bel art du verbe.
Frédéric Mitterrand
Ministre de la Culture et de la Communication
Partager la page