19.Nice - Trésorerie générale des Alpes-Maritimes
références documentaires : Pré-inventaire des Trente Glorieuses - Alpes-Maritimes, 2005-2008
dénomination : Architecture fiscale ou financière
rédacteurs : Jean-Lucien Bonillo, Eve Roy - Laboratoire INAMA / ENSA Marseille
auteur, dates : André Chatelin, architecte, 1966-1975
protection, label : édifice non protégé
Historique :
Né en 1915, André Chatelin est diplômé architecte en 1942 et Premier Grand Prix de Rome en 1943. Architecte des Bâtiments Civils et des Palais Nationaux, il est chargé de mission pour le MRU mais effectue peu de réalisations, se trouvant à Rome après-guerre. A partir de 1955, il reçoit de nombreuses commandes pour le Ministère des Postes et Télécommunications, pour le Ministère de la Santé et pour le Ministère de l'Economie et des Finances. C'est dans ce contexte qu'il conçoit en 1966 la Trésorerie Générale et de la Direction Générale des Douanes des Alpes-Maritimes, dans le centre-ville de Nice.
Le bâtiment doit occuper une parcelle bordée au Nord par la rue Delille, à l'Ouest par la rue de l'Hôtel des Postes et au Sud par la rue Tonduti de l'Escarène.
L'édifice est livré en 1975, après plusieurs années de travaux qui s'expliquent par les quelques 10000 m2 de locaux réalisés et par les normes de sécurité drastiques qu'il fallut respecter en raison de la destination des lieux.
Description :
L'architecte adopte un plan en U, composé des deux bâtiments accolés : la Trésorerie, un bâtiment en L de neuf niveaux et la Direction des Douanes, un corps de bâtiment de six niveaux. A l'Est se trouve une cour permettant notamment l'accès des véhicules aux stationnements souterrains par une rampe. Le premier sous-sol est en effet occupé par des emplacements de stationnement ainsi que par des vestiaires et comporte, au Sud-Ouest, la chambre forte de la Trésorerie Générale. Le deuxième sous-sol abrite les locaux techniques, les caves et les archives des deux administrations. Au rez-de-chaussée, la Direction des Douanes dispose d'un grand hall et de différents espaces d'accueil cloisonnés, le tout dallé de marbre. La Trésorerie Générale est également occupée sur ce niveau par les espaces d'accueil du public et halls nécessaires, ainsi que par une chambre forte, mais ces différentes pièces sont reportées sur le côté, au Nord. L'espace longitudinal, à l'Ouest, est entièrement constitué par une vaste salle destinée à la comptabilité électronique. Au niveau supérieur, la salle d'accueil du public de la Trésorerie se superpose à ce vaste espace. Sur les côtés se trouvent des bureaux ainsi que des espaces de circulation (escaliers, ascenseurs).
La Trésorerie Générale comporte ensuite plusieurs étages de bureaux, dont certains sont accessibles au public. La Direction des Douanes, en revanche, dispose également de logements de fonction : ainsi, le logement permanent du gardien radio et le logement du receveur principal occupent l'intégralité du troisième étage, le logement du directeur régional des Douanes l'ensemble du quatrième étage. Le septième étage, du côté de la Trésorerie, accueille l'office, les cuisines et des espaces de restauration.
Les deux bâtiments sont construits en béton armé, les planchers sont réalisés en dalles pleines ou en dalles nervurées. La quasi-totalité des éléments complétant cette structure, à l'intérieur comme à l'extérieur, sont préfabriqués : cloisons, menuiseries, faux-plafonds, châssis, placards, éléments de façade... bien qu'ils soient parfois complétés ou alternés avec des éléments traditionnels, ce choix d'utilisation maximale d'éléments "prêts à poser" est significatif d'une tendance constructive répandue pour les réalisations publiques ou collectives à la fin des années 1960. A l'intérieur, la décoration est inexistante, de simples badigeons de peinture ou des vernis transparents recouvrant la plupart des murs en béton brut et des menuiseries.
Les trois façades sur rue de ces bâtiments contigus sont rythmées par le motif régulier de la répétition des blocs de fenêtres préfabriqués, en béton clair. Les entrées des deux administrations sont reportées sur les côtés, rue Tudonti de l'Escarène pour l'Hôtel des Douanes, et rue Delille pour la Trésorerie Générale.
Ces façades latérales ne reçoivent aucun traitement particulier, excepté le retrait du dernier étage créant un balcon filant et l'impression visuelle d'un attique couronnant l'ensemble. La façade longitudinale, rue de l'Hôtel des Postes, bénéficie en revanche d'un traitement distinct. Les trois premiers niveaux de la Trésorerie sont en effet construits hors-oeuvre et animés par des brise-soleil dont les dimensions soulignent celles du grand espace monumental d'accueil.
L'angle Sud-Ouest, exploite la jonction des deux administrations. Les deux volumes de hauteurs différentes sont associés à celui plus élevé des circulations verticales pour produire un élégant jeu de juxtaposition de masses.
Extérieurement, la qualité de réalisation est perceptible dans l'aspect des éléments préfabriqués de béton et celle des détails de mise en oeuvre. Elle correspond aux efforts faits dans la période pour faire évoluer l'image négative du béton armé.
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