Cervières et Montgenèvre - Ouvrage Maginot du Gondran E
- département : Hautes-Alpes
- commune : Cervières et Montgenèvre
- titre : Ouvrage Maginot du Gondran E
- auteur : Ministère de la guerre (maître d'ouvrage)
- date : 1933-1935
- protection : édifice non protégé
- label patrimoine XXe : Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 28 novembre 2000
Situé sur la crête des Anges, à la limite des communes de Cervières et de Montgenèvre, ce petit ouvrage, dont l'équipage ne dépassait pas une quarantaine d'hommes, est idéalement placé.
De par sa position, il domine et contrôle la conque des sources de la Durance au nord, l'alpage de Peyre-Moutte au sud, et bénéficie d'une vue plongeante étendue sur toute la plaine du Bourget à l'est. Des réductions de crédits répétées, dues au transfert de leur plus grande partie vers les "Basses-Alpes" (Col de Larche), et surtout vers le secteur fortifié des Alpes-Maritimes, que l'on considérait comme plus menacés, conduisirent à ne construire qu'un petit ouvrage d'infanterie sous-armé, en lieu et place du gros ouvrage d'artillerie prévu à l'origine.Le même phénomène réducteur affecta d'ailleurs les autres ouvrages Maginot du secteur, Janus et Aittes.
Quant au gros ouvrage prévu initialement à la "côte 22/32" (2232 m d'altitude), au bord de l'alpage de Peyre-Moutte, qui aurait dominé, et donc couvert, l'ouvrage des Aittes, il ne fut jamais construit, laissant un angle mort, une brèche béante entre le Gondran E et les Aittes.
Le chantier fut ouvert par la MOM (Main d’œuvre militaire) en 1933, et assez vite réalisé, puisque toute l'infrastructure souterraine - ventilation, groupes électrogènes, cuisine, infirmerie, hébergements, lieux de vie (l'équipage disposait même d'un réfectoire, luxe rare dans les ouvrages de la Ligne Maginot des Alpes) - fut achevée en deux ans.
Mais la rareté des crédits ne put lui fournir qu'un seul élément d'armement moderne, le jumelage Reibel du bloc 1, également équipé d'une cloche GFM*. On installa tant bien que mal, avec un créneau de tranchée en fonte, une vieille mitrailleuse Hotchkiss, calibre 8m/m Lebel, modèle 1914, à tir lent, dans le bloc 2, et une ancienne cloche d'observation Digoin, datant de la fin du 19ème, dans le bloc 3. Ainsi équipé et armé, le Gondran E exploitait bien mal son exceptionnelle situation géographique.
L'ouvrage du Gondran E ne joua aucun rôle marquant pendant les brèves opérations militaires contre l'Italie en juin 1940.
On raconte seulement que le Sous-lieutenant Gandemer, qui commandait l'ouvrage et les 42 hommes de la 75e DBAF (Demi brigade alpine de forteresse) qui constituait son équipage, fit un jour sortir un FM de l'ouvrage pour tirer sur un avion italien qui passait par là, sans résultat apparent.
Contrairement au Janus (acheté par la commune de Montgenèvre) et aux Aittes (acheté par la commune de Cervières), l'ouvrage du Gondran E est toujours propriété de l'Etat Défense. Les autorités militaires briançonnaises l'ont confié à une association patrimoniale locale.
*GFM : Guetteur Fusil Mitrailleur. Ces cloches étaient utilisées pour l'observation et la surveillance, mais pouvaient aussi participer à la défense rapprochée de l'ouvrage, en tirant par les fenêtres d'observation avec un FM ou un petit mortier de 50m/m à courte portée.
- Rédacteur : Jean-Pierre Garnier, Association pour le patrimoine fortifié du Briançonnais, 2007
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