Depuis la naissance de la photographie puis du cinéma, l’imagination des aventuriers n’a de cesse de produire des témoignages de leurs voyages et autres pérégrinations. Les montagnards n’échappent pas à la règle, ils sont de plus en plus nombreux à témoigner par l’image de leurs excursions et ascensions. Au début de la création d’images sur pellicule, les expéditions sont compliquées à mettre en œuvre, mais les moyens actuels, autant en terme de matériel de montagne que de prise de vue, facilitent beaucoup plus cette production.

Face à l’abondance d’images anciennes et de créations récentes sur la montagne, il manquait une impulsion et un lieu permettant à la fois leur conservation et leur valorisation. La Cinémathèque d'images de montagne (CIM) de Gap est née en 1996 de la passion de la montagne et du cinéma de Gilles Charensol, réalisateur caméraman, et Valérie Bonfé, sous forme d’une association loi 1901 dont le président actuel est Michel Zalio, guide et réalisateur.

Les missions

La création de la CIM a défini ses missions autour de la collecte, la sauvegarde et la diffusion de tous les films, professionnels et amateurs, tournés en montagne ou alentours, depuis l’invention du cinéma. Si la collecte n’est pas chose facile, tant ce patrimoine peut être dispersé, elle a malgré tout sensibilisé à la nécessité d’avoir un lieu commun à la conservation de ces images. C’était donc un pas fait vers leur sauvegarde, complété par la nécessité de maintenir en bon état de manière pérenne toutes ces œuvres cinématographiques. La diffusion de ce patrimoine a été la suite logique de cette démarche.
La CIM possède actuellement un fond de 10 000 documents audiovisuels : pellicules, cassettes et fichiers numériques. Elle restaure les films et les documentaires qui en ont besoin, avec ainsi une base de données forte de 3 500 œuvres cinématographiques. Enfin, elle collecte les films des grands alpinistes disparus (Lionel Terray, René Desmaison, Guido Magnone, Patrick Valençant, Jean Afanassieff, Gaston Rebuffat…) mais également ceux de personnalités marquantes de la « culture montagne », comme Patrick Edlinger. Son fonds comprend aussi bien des films sportifs, touristiques, culturels que pédagogiques.
Le rayonnement de la CIM est national et international ; elle adhère à des fédérations de cinéma comme la Fédération des Cinémathèques et Archives de Films de France (FCAFF), et est partenaire du Fonds d’Aide au Cinéma de Montagne (FODACIM) dont elle conserve les documentaires. Son appartenance à la prestigieuse Alliance Internationale des Films de Montagne, regroupant 28 festivals dans 20 pays du monde entier, montre, s’il en est besoin, la place de la CIM dans le paysage cinématographique international de montagne.

Le lieu, espace de diffusion et de médiation

La CIM a ouvert au public le 13 septembre 2022, dans le bâtiment rénové de l’usine Badin, à Gap. Ce bâtiment est resté dans son jus pour conserver la mémoire de l’usine et donner une âme au lieu. Le site, c’est aujourd’hui, en matière de médiation, une salle de cinéma de 160 places accueillant des projections régulières ainsi que des événements, à l’aide d’un équipement de dernière technologie. Mais la CIM sort parfois de ses murs et organise des projections itinérantes en été.
C’est aussi un espace d’exposition de 350 m², pour deux expositions, l’une permanente sur le cinéma de montagne, et l’autre temporaire sur le cinéma d’alpinisme.
Des outils performants sont à la disposition des publics. Réalité virtuelle, à l’aide de casques, comportant des séances d’escalade, de vols en montgolfière ou encore de documents sur les métiers de montagne (berger, maréchal-ferrant). Des parcours thématiques (70 parcours autour de 6 thèmes : personnalités, patrimoine, métiers, sommets et lieux remarquables, sports de montagne, faune et flore) sont aussi proposés en ligne. La CIM organise aussi des médiations pour tous les publics, scolaires, centres sociaux, associations, groupes de retraités ou autres…
Enfin, un espace d’accueil, avec un bar et un jukebox vidéo, permet de se rencontrer autour d’un verre et des vidéos de montagne.

Le Festival : Rencontres de la cinémathèque d'images de montagne

Organisées au Quattro, salle de spectacle de 1 100 places, à Gap, et à la cinémathèque, les Rencontres permettent la découverte d’œuvres cinématographiques récentes, en grande majorité inédites, et des retours en arrière par la découverte de certaines pépites de la collection de la CIM. Le festival, ce n’est pas seulement des projections mais aussi des rencontres : rencontres avec des auteurs cinéastes, rencontres autour de conférences, rencontres avec des auteurs littéraires et la dédicace de leur livre. Réunissant plus de 10 000 spectateurs, ce festival est unique dans le panel des festivals de montagne, par son lien avec la CIM qui conserve les œuvres présentées dans son fond documentaire.

Financement

Pour la rénovation et l’installation de l’usine Badin, la CIM a perçu principalement des fonds européens et de l’Etat : Programme opérationnel interrégional du massif des Alpes - Fond Européen pour le Développement Régional (POIA-FEDER), Fond National d’Aménagement et de Développement du Territoire (FNADT), complété par les aides du Centre National du Cinéma et de l’Image animée (CNC), de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, du Conseil départemental des Hautes-Alpes et de la ville de Gap. De nombreux partenaires privés (fondations notamment) participent aussi au financement de la CIM.
La Direction Régionale des Affaires Culturelles PACA aide la CIM pour la collecte de films et son fonctionnement, dans la sauvegarde et la diffusion des œuvres.

Cette aventure portée par les membres de l’association de la Cinémathèque d'images de montagne reflète l’amour de la montagne, passionné, mais aussi le monde montagnard dans ce qu’il transporte en amitié, solidarité et force. Et, parfois, en rêve. Comment alors, ne pas comparer cette belle réalisation avec une ascension…

"Les montagnes ne vivent que de l'amour des hommes" (Gaston Rébuffat, Glace, neige et roc).