Arles - Villa Benkemoun (et Bank)
- département : Bouches-du-Rhône
- commune : Arles
- appellation : Villa Benkemoun (et Bank)
- adresse : 915 chemin de la Batelle
- auteurs : Emile SALA (architecte) et Alain JOUVE (architecte collaborateur)
- date : 1971-1974 (villa Benkemoun), 1971-1973 (villa Bank)
- protection : édifice non protégé
- label patrimoine XXe : Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 3 juillet 2012
Les villas Bank et Benkemoun sont deux maisons individuelles situées à Arles, dans la vaste plaine agricole du quartier de Fourchon. Voisines (elles sont implantées sur deux parcelles mitoyennes), contemporaines (respectivement édifiées entre 1971 et 1973, et 1971 et 1974), toutes deux conçues par l’architecte Émile Sala (1913-1998), elles constituent un ensemble architectural homogène. L’exceptionnelle liberté accordée par les maîtres d’ouvrages permet à Émile Sala de livrer des architectures très personnelles, en marge de la production habituelle, qui témoignent du fait que l’habitat individuel reste, au début des années 1970, un laboratoire d’expérimentation architecturale.
Oeuvre de maturité, l’ensemble architectural représente l’une des plus marquantes productions d’Emile Sala. Comme Paul Quintrand, il pratique une démarche d’architecture participative dans laquelle les commanditaires sont au centre du projet.
L’architecture des villas Bank et Benkemoun procède d’une double logique d’interactions : les relations des villas avec leur environnement et les relations qu’elles entretiennent entre elles.
S’inscrivant dans l’émergence de l’architecture "bioclimatique" vers les années 1960, Emile Sala propose une architecture prenant en compte les potentialités paysagères, physiques et climatiques du site. Comme il est d’usage en Provence, les villas Bank et Benkemoun sont ouvertes au sud et peu au nord afin de les protéger du Mistral. Les courbures des façades méridionales accentuent cette protection.
L’architecte crée un certain nombre d’interfaces entre extérieur et intérieur : terrasses, toitures-terrasses traitées en jardins, solariums ou patios, comme celui au cœur de la villa Benkemoun, mais aussi un jeu de percements. Depuis l’intérieur, il crée des vues privilégiées sur la nature ; depuis l’extérieur, il anime les façades selon "une logique harmonique".
Aujourd’hui, la haie séparant les deux propriétés évite toute perception d’ensemble. La cohérence de l’ensemble architectural apparaît depuis les airs : les villas semblent devoir s’emboîter l’une dans l’autre.
Cette impression est renforcée par l’unité formelle de l’ensemble : courbes et contre-courbes, espaces fluides et dynamiques, volumes souples et extensifs, alternances de lumière et d’ombre. L’architecte bannit la ligne droite, privilégiant l’articulation de profils convexes et concaves.
Il fonde également sa démarche sur une série de tracés régulateurs dont il est aujourd’hui difficile de restituer toute la logique. Emile Sala s’inscrit ainsi dans un courant plus large qui, au tournant des années 1960 et 1970, revisite le concept d’architecture organique dont Frank Lloyd Wright , Alvar Aalto et, dans une moindre mesure, Antoni Gaudi , avaient été les précurseurs.
Une grande variété d’espaces en résulte : certaines pièces sont circulaires, d’autres elliptiques, d’autres encore en Y.
Si la facture est contemporaine, une dimension locale est néanmoins intégrée : tours circulaires, rappelant les pigeonniers provençaux, crépis ocres et épais.
Emile Sala n’est pas chargé de la décoration intérieure : les Bank font appel au décorateur Patrice Guellec et les Benkemoun à Robert Heams sur les conseils de l’architecte. Emile Sala les invite également à s’adresser au sculpteur Max Sauze (né en 1933).
- Source : Etude d’inventaire de la production architecturale et urbaine d’Arles et Tarascon (13) de 1900 à 1980, drac paca / Eléonore Marantz-Jaen, 2010
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