Nice - Les Loggias
- département : Alpes-Maritimes
- commune : Nice
- appellation : Les Loggias
- adresse : 87, Promenade des Anglais
- références cadastrales : 0MO 180
- auteur : Georges Dikansky (architecte)
- date : 1947
- protection : édifice non protégé
- label patrimoine XXe : Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 2 décembre 2015
Au début du XXe siècle, à Nice, les villas et immeubles vont progressivement tourner le dos au centre ville et s’orienter pleinement vers le littoral. La Promenade des Anglais, avenue mythique qui longe la Baie des Anges, constitue ainsi un témoignage précieux des pratiques successives et des évolutions techniques, un "récit" de la politique touristique et urbaine niçoise.
L’immeuble Les Loggias est l’œuvre de l’architecte d’origine russe Georges Dikansky (1881-1963), installé à Nice depuis 1919 et auteur de nombreux immeubles dans cette ville. L’immeuble Les Loggias a été conçu durant la guerre et réalisé plus tard, à partir de 1947. Il comporte 14 logements traversants, sur 7 niveaux. La disposition de façade sur mer est classique avec des étages principaux identiques. Les appartements sont développés en profondeur (en touches de piano). Signe d’épuration et de modernité post-1945, le plan de masse est très ramassé et épuré puisqu’il se limite à un rectangle et ne possède plus les ressauts multiples sur cour intérieure arrière qui caractérisaient la version niçoise 1935-1948.
Le soubassement couple le rez-de-chaussée et le premier étage, puis les 5 niveaux supérieurs sont identiques. Ce parti répétitif simple était une relative nouveauté mise en œuvre seulement depuis 1937 environ, par les architectes les plus novateurs. Il se démarquait de la traditionnelle variation selon les étages maintenue dans les années 1930. La solution avec balcons filants était encore plus ascétique : c’est une des particularités du style épuré de la période 1940-1950.
L’importance du décor de ferronnerie est un trait spécifique de l’immeuble. Il pousse à un paroxysme inégalé la mode des ferronneries ornementales en rambardes, couplant fers plats et fers minces combinés en entrecroisement de paraphes rappelant les signatures d’autrefois. Ce modèle conjugue la tradition niçoise 1920-1930 qui combinait fers minces et fers plats en compositions géométriques, et l’influence plus ornementale et arrondie des modèles parisiens de Raymond Subes et autres. A Nice, des architectes comme Goyenèche, Livieri et Guilgot avaient développé à partir de 1940 une esthétique similaire, avec toutefois plus de réserve et plus souvent en décoration intérieure : vestibules, glaces, placages de meubles.
Les façades sont en ciment gris clair et ne comportent plus de jeu et d’effet sur les différences de texture et de teinte. Elles préfigurent les ciments blancs des années 1960. La modénature est très faible, limitée aux boudins qui encadrent les loggias inférieures. Le rôle majeur est confié aux rambardes de ferronnerie, que complète le demi-relief d’esprit néoclassique au-dessus de l’entrée.
Georges Dikansky (1881-1963), architecte D.E.S.A. d'origine russe, s'installe à Nice en 1919. Il y réalise l'essentiel de son oeuvre et s'impose comme l'un des architectes importants de la période. Seul d'abord, puis après guerre en collaboration avec son fils Michel (1921-1997), il se spécialise dans la construction d'immeubles, dont la Rotonde (1929-1930) est l'un des exemples les plus remarquables, dans un style Art déco classicisant.
- Rédacteur : Michel Steve (Ville de Nice).
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