Nice - Le Capitole
- département : Alpes-Maritimes
- commune : Nice
- appellation : Le Capitole
- adresse : 51-52, Promenade des Anglais
- références cadastrales : 0MO 253, 344 à 349, 352, 353, 360, 361, 429
- auteur : Georges et Michel Dikansky (architectes)
- date : 1947-1959
- protection : édifice non protégé
- label patrimoine XXe : Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 2 décembre 2015
Au début du XXe siècle, à Nice, les villas et immeubles vont progressivement tourner le dos au centre ville et s’orienter pleinement vers le littoral. La Promenade des Anglais, avenue mythique qui longe la Baie des Anges, constitue ainsi un témoignage précieux des pratiques successives et des évolutions techniques, un "récit" de la politique touristique et urbaine niçoise.
L’étalement sur 12 années de ce projet eut pour conséquence un traitement architectural associant deux générations de la dynastie Dikansky, Georges, architecte DESA d'origine russe (1881-1963) et son fils Michel (1921-1997).
Réalisés en plusieurs étapes, les 5 blocs qui composent le "L" central initial prévoyaient déjà 120 logements et des petits commerces en rez-de-chaussée côté rue Andrioli, avec un jardin central ouvert sur la Promenade et un parvis planté côté rue de France. Ensuite furent ajoutés sur la même unité foncière deux immeubles donnant respectivement rue de France et rue saint-Philippe, et sur des parcelles rachetées côté mer : le Palais Marie-Gabrielle, au n° 52, et les Trois Epis, au n° 50.
Cet ensemble majeur de l’après-guerre fut dessiné à partir de 1947, lors de la reprise de la construction à Nice, alors que les matériaux étaient encore contingentés. L’opération était d’une superficie exceptionnellement vaste sur la Promenade, sur l’emprise foncière de la succession Hummel. A cette époque, la demande générale en logements sur la Promenade ne faisait que poursuivre celle des années 1930, lorsque la décrue du modèle "villa avec jardin" s’était amorcée.
Le plan-masse initial est habile, laissant une large ouverture au sud, côté Promenade. Malheureusement cette occupation de la parcelle fut un peu altérée par Georges et Michel Dikansky eux-mêmes lorsque dès 1956, ils remplirent une partie de la bordure sud par un autre immeuble, Les Trois Epis. Ce dernier bénéficia d’une vue de premier contact sur la Promenade mais il obstrua fortement la vue de l’aile nord du Capitole et du jardin. On notera cependant la finesse avec laquelle les différents bâtiments furent raccordés.
Les blocs sur la rue Andrioli, à l’ouest, furent traités avec des ressauts légèrement obliques, dans la pure lignée de solutions 1930 comparables, comme l’Hôtel Ambassadeur (Juan-les-Pins) et le Forum (Nice), à la manière des loges de théâtre et avec le même impératif de vue.
Le troisième côté, à l’est du jardin central, donnant sur la rue Saint-Philippe, fut construit 9 ans plus tard, et l’immeuble de la rue de France, à l’arrière, encore 3 ans après (1962) (seul ce dernier immeuble n'a pas été inclus dans le périmètre labellisé Patrimoine du XXe siècle). Les façades de béton blanc sont typiques du style épuré des années 1950, teinté d'un certain classicisme. Le traitement polychrome avec des carreaux verts, encore discret ici, préfigure quant à lui la tentation de surenchère décorative maniériste qui se développera à Nice après 1965 et atteindra son sommet vers 1975.
Georges Dikansky (1881-1963), architecte DESA d'origine russe, s'installe à Nice en 1919. Il y réalise l'essentiel de son oeuvre et s'impose comme l'un des architectes importants de la période. Seul d'abord, puis après guerre en collaboration avec son fils Michel (1921-1997), il se spécialise dans la construction d'immeubles, dont la Rotonde (1929-1930) est l'un des exemples les plus remarquables, dans un style Art déco classicisant.
- Source : Michel Steve (Ville de Nice).
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