la ZUP, 13e arrondissement, nord-est de Marseille

références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique 
n° répertoire édition X : 1357/1358/1359, p 37. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Les Oliviers B et C, Charles Rougny (D), Paul Villecroze (E)
traverse Saint-Paul, quartier Malpassé 13013
Lambert : lat. 3.07609 ; long. 43.3311
Accès : bus n° 32 : Canebière Bourse - La Batarelle Boiseraie, bus n° 32bis : Canebière Bourse - Facultés Saint-Jérôme, bus n° 38 : métro Bougainville - métro Malpassé
propriétaire : Habitat Marseille Provence, 25 avenue de Frais Vallon, 13013, Marseille
programme : Groupe d'habitations de 822 logements. 
Maître d'ouvrage : Office public d'HLM de la ville de Marseille. 
Groupe de 4 immeubles.
dates, auteurs : Permis de Construire 1964 . Conformité 1971. 
Marius David, Robert Lange, Albert Michel, architectes.
Entreprise, Société Auxiliaire d'Entreprise .
site : Au sud-est du parc de Font Obscure, sous le canal de Marseille, terrain légèrement en pente suivant la direction sud-est. Altitude entre 101,00 et 90,00 mZone est de la ZUP n° 1 - Secteur L.
plan de masse : La répétition de quatre grands modèles en équerre défini un plan de masse hors de son contexte générant des espaces surdimensionnés uniquement en rapport avec les proportions des batiments. 
Épannelage de R+8 à R+14.  Le plan initial de la ZUP projetait sur ce site des bâtiments bas et curvilignes.
bâti : Système constructif hérité d'un modèle déjà développé par la société SOMATRA. Structure de refends béton sur travées de 3,00 à 5,95 m. Façades en gravillons lavés aux étages et de galets retournés aux rez-de-chaussées. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 39 (97.231)
Le Méridional, lundi 18 janvier 1971 

Contexte :

Les zones à urbaniser en priorité (ZUP) sont créées en 1958 pour favoriser la création, hors des contraintes parcellaires, de quartiers nouveaux. Logements, mais aussi commerces et équipements sont répartis selon des grilles normatives sur ces nouveaux territoires. 
La ZUP n° 1 de Marseille ou ZUP du Canet, a ses prémisses dans les plans de Jean de Mailly vers 1953. C'est Guillaume Gillet qui dessinera la composition à partir de 1960. Le remembrement parcellaire propre à la ZUP conduira à utiliser les terrains acquis sur l'emprise de la seconde rocade initiée dès 1931 dans le plan Greber-Castel. La partie ouest de la ZUP sera consacrée à la résorption, par la Logirem, des grands bidonvilles occupant le site essentiellement sur la Busserine, Font Vert ou La Benausse.
Plus tardive, la partie est, Saint-Jérôme et Malpassé, propriété presque exclusive de l'Office municipal (Habitat Marseille Provence), est le résultat de la densification générale du projet. Si on observe la maquette, ou les plans au passage des années 1970, on trouve des typologies de bâtiments assez caractérisées : au centre sud îlot N, les trois tours de 100 m en ailes de moulin. Sur les secteurs nord (N) et est (L) les plans font alterner des éléments ponctuels, qui ne sont autres que les tours d'A. Devin (Cyprès, Paul Trompette), et des éléments en forme de T couché, orientés selon les points cardinaux.
Très précisément sur le secteur L, la composition de l'îlot organise deux tours, des équipements scolaires et quatre immeubles en T. On peut conclure que ces immeubles particuliers, et répétitifs appartiennent au lexique de l'architecte en chef, G. Gillet et qu'il va les faire réaliser comme modèle à la fin des années soixante ; en témoigne le dossier de reconduction de marché. Ce sont eux qui forment la constellation des Oliviers B&C, Charles Rougny et Paul Villecroze.

Description :

Ce qui ressort de ces immeubles, c'est avant tout la très importante échelle. Avec une centaine de mètres de longueur et 40 m de largeur en tête, des hauteurs entre 9 et 14 niveaux, on a affaire à des volumes importants qui tranchent avec les bâtiments alentour. Leur distribution en escadrille détermine des intervalles d'environ 120 m, des espaces d'un hectare aisément occupés par les équipements scolaires. 
Ainsi logera-t-on un groupe scolaire, un double collège (Rostand et Renoir), un petit centre commercial et trois tours du modèle K des architectes Carro et Delfante construites par l'entreprise Stribik et comptant 100 logements chacune. Le tout bordé au nord par la trouée de 120 m de large du boulevard Salvador Allende, conclue par un important rond-point routier. Au sud ce sont les groupes du Parc Corot et Saint-Just-Bellevue qui cernent cette grande maille urbaine.
Le bâtiment en T est constitué de deux éléments distincts accolés sur un passage traversant. Le rez-de-chaussée est occupé par des caves renforçant le caractère défensif de l'immeuble. D'une part, on trouve sur la partie la plus longue une addition de cages d'escaliers distribuant deux appartements par étage sur 8 à 9 niveaux. Les appartements de 3 et 4 pièces ou 4 et 5 pièces, tous traversants, ont une ossature en refends de 5,95 et 3,00 m de portée, les gaines sont regroupées entre les cuisines et les sanitaires, limitant les réseaux. 
D'autre part, l'élément à l'équerre, de 14 étages sur rez-de-chaussée, distribue à chaque étage 8 petits logements (2 et 3 pièces) à partir d'un couloir central. La trame constructive est plus courte à 3,30 m pour des appartements à simple orientation est ou ouest ce qui n'est pas la meilleure solution sous nos latitudes. Au sud de ce retour d'équerre, le pignon est fermé, seul l'escalier de secours a droit à des fenêtres. Le modèle a bien été pensé pour la région parisienne. 
Les façades autoporteuses sont isolées thermiquement et leur finition est en gravillons lavés de teinte brun beige. Là encore, la formule n'est pas locale. Cet aspect va être une signature de G. Gillet sur la ZUP puisqu'il l'impose à l'entrée ouest, pour l'opération Massalia Jaurès, et qu'on la retrouve à l'entrée est, sur la barre pliée des Oliviers A. 
Les immeubles seront inaugurés en janvier 1971, avec plusieurs mois d'avance sur les prévisions, par le maire Gaston Defferre et Jean-Claude Gaudin alors conseiller municipal, et en présence de Charles Rougny ancien président de l'Office municipal, dont le nom sera donné à l'un des immeubles. 
Ce qui demeure, c'est avant tout l'échelle monumentale qui génère des espaces très vastes empêchant tout véritable espace de proximité. Au pied des immeubles, où se trouvent les caves, les aires de stationnement sont forcément étendues, tout est à l'échelle des immeubles, hybrides entre tour et barre, qui ont le plus grand mal à tisser des liens d'espaces entre eux et avec les autres programmes.
Depuis le rond-point de l'avenue S. Allende, lorsqu'on se retrouve face aux parties les plus hautes des immeubles, disposés frontalement, on ne peut s'empêcher de penser à une escadrille ordonnée de machines guerrières identiques et hautaines.

Auteurs :

Marius David, 
architecte, né en 1909 à Marseille, est diplômé en 1936. Il signe une œuvre diverse, son fils doit déjà participer aux projets dans les années soixante-dix, un petit-fils fait alors ses études d'architecte.
Il est notamment co-auteur à Marseille du Grand Saint-Giniez avec Bremond et J. Crozet en 1959, et du parc Dromel en 1963.
Il sera associé à R. Lange et A. Michel pour le Parc Corot, opération riveraine de la ZUP.

Robert Lange, 
architecte, marseillais, est exactement contemporain de M. David. Il réalise pour Coder les HLM de Saint-Marcel dès 1955, il construit à Châteauneuf-les-Martigues (1960), Martigues, la Ferrière (1961), Châteaurenard (1962), Rognonnas (1963) mais aussi un certain nombre d'immeubles à Marseille dont le Parc Corot.

Albert Michel 
dont on a peu de repères biographiques était connu dans la profession pour son implication pour les caisses de retraites d'architectes. Il est présent à Marseille sur La Pauline en 1957 avec P. Averous, G. Delbes, L. Olmeta et M. Scialom.
On le retrouve associé à M. Graveleau pour Sainte-Geneviève en 1961 et Massalia-Jaurès avec G. Carta, E. Gardeil et M. Scialom en 1969.

Fichiers associés :

- Carte du 13e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée

© Thierry Durousseau, 2004-2005