1.1351 - Saint-Just Bellevue
Saint-Just, partie méridionale du 13e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1351, p 35. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Saint-Just Bellevue
avenue Corot, quartier Saint-Just 13013
Lambert 3 : latitude 3.07218 ; longitude 43.3254
Accès : métro ligne 1 : Timone - La Rose puis
bus n° 53 : métro Saint-Just - La Busserine. , bus n° 41 : Rond Point du Prado - La Rose
propriétaire : OPAC Sud, 80 rue Albe, Marseille 13004, 04 91 12 71 00
programme : Groupe d'habitations de 603 logements dans le cadre ECOMO.
Maître d'ouvrage : Office Public d'HLM départemental des Bouches-du-Rhône.
10 immeubles : barres, équerre et barre pliée.
dates, auteurs : Avant-projet 1956. Fin des travaux 1961.
Joseph Lajarrige, Louis Poutu, architectes.
Entreprise Caillol, procédé Cauvet.
site : Ancienne bastide Campagne Signoret. Altitude NGF de 83,00 à 10,00 m, 66 680 m2. Zone d'habitations discontinues, Secteur E du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Composé par la trouée de la voie S 04, avec des bandes en rayures à l'ouest et à l'est une grande barre pliée. Épannelage : bât. A : R+4, bât. B & C : R+9.
bâti : Ensemble entièrement préfabriqué selon le procédé Cauvet : murs, planchers, façades. Bon état général. Réhabilitation 1975, F & M Cler coloration.
cf. notice : 1315 - La Rose Le Clos
sources : AD : 2071 W 12 (39.139), 165 W 246, 12 O 317, 2374, 7 ETP 280-285
Revue Technique & Architecture, Juin-Juillet 1962
Contexte :
En 1951, le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme lance le programme pluriannuel du Secteur Industrialisé. Il vise le développement de la préfabrication, afin de construire mieux, moins cher et plus rapidement. Parmi les diverses actions du programme, le secteur "Économies de Main d'Oeuvre" semble être l'un des plus originaux car il touche non seulement aux procédés industrialisés, à la taille des opérations de 200 à 800 logements mais aussi à la manière de concevoir les projets. En effet, les architectes sont amenés à concevoir des avant-projets comprenant le devis programme, le plan de masse, les esquisses et répartition des cellules et façades et les plans d'assemblages. C'est la conception de véritables typologies génératives qui est demandée aux architectes. Ce processus va bien sûr encourager la répétition des éléments techniques et matériels et va entraîner la reproduction des principes de conception. À partir de ces données, un concours est lancé auprès des entrepreneurs utilisant un procédé de construction industrialisé évalué par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment. Cela va devenir à terme la base normative de la politique du logement.
Pour le projet de Saint-Just Bellevue, le procédé Cauvet, créé en 1946, est utilisé par l'entreprise Caillol. Murs de refends longitudinaux ou transversaux, planchers et façades sont préfabriqués en usine foraine sous forme de panneaux alvéolés : la préfabrication est ici complète.
Description :
La cité Bellevue s'est implantée sur la Campagne Signoret, site bastidaire avec corps de ferme et allées arborées.
Cependant, c'est avant tout l'annonce du projet de la S 04 (voie radiale de 25 m de large destinée à l'élargissement du chemin des Chutes-Lavies et qui se prolonge vers Saint-Mître) qui va déterminer la composition du plan de masse. Pourtant, la trouée de la S 04 n'a jamais été réalisée et l'orientation des bâtiments ainsi définie semble avoir perdu de sa pertinence. Leur organisation aussi, à l'est, la distribution des immeubles se fait en bandes parallèles, en rayures, tandis qu'à l'ouest un bâtiment unique borde la percée prévue, barre à doubles inflexions angulaires de plus de 200 m de long qui emphatise la radiale.
Le plan de la ZUP n° 1, plus tardif, va réitérer ce motif de barre pliée avec les projets Les Lauriers et Les Oliviers A. Une succession de plis qui forment, en somme, l'image d'un rideau de théâtre marquant la fin de la zone urbanisée.
Le chantier largement couvert par le photographe Henry Studio de la plage H.D. fait montre des machineries de préfabrication foraine. Tables de coffrages métalliques et mécanismes de renversement pour faciliter le démoulage des pièces qui prennent une hauteur d'étage. Les panneaux sont classés, stockés, numérotés avant la pose.
Sur le bâtiment, les boiseurs se transforment en monteurs et règlent les panneaux dans les trois directions sur des étais contreventés par des épontilles. Tout cela au rythme des mouvements de grues déplaçant les pièces tenues par des palonniers. Il ne restera plus qu'à remplir les divers clavetages. Documents intéressants que ces pièces dont les murs, les façades, les planchers et les plafonds sont préfabriqués.
Finalement, on obtient une architecture plutôt prévisible où chaque pièce est à sa place. Les modules de panneaux se répètent, les balcons, les cadres de baies se répètent et forment un bâtiment qui se répète aussi. C'est le temps d'une architecture statistique, et des architectes modernes d'avant la guerre. D'une préfabrication lourde recréée. Une systématisation désirée par les ingénieurs des ministères planificateurs qui finiront par s'occuper bien plus des objets bâtis que de leur véritable destination : l'habitation.
Au moins le procédé Cauvet ne fuyait-il pas, les surfaces étaient assez grandes et les immeubles neufs.
Les aménagements extérieurs n'ont été planifiés qu'après la livraison de tous les bâtiments, en 1962, et ne comportent aucun commerce et seulement quelques équipements sociaux. Le groupe d'habitation Saint-Just Bellevue ressemble trait pour trait à l'archétype de cité dortoir à la française des années 1958. Plus tard, les ZUP devraient remédier à cette situation justement décrite dans les romans de Christine Rochefort.
Auteurs :
Joseph Lajarrige et Louis Poutu
Joseph Lajarrige né en 1927 et diplômé en 1954, associé à Louis Poutu.
Ils réalisent des logements sociaux à :
Gardanne, 1952,
Port-Saint-Louis, Aix-en-Provence, 1955,
Port-de-Bouc, 1961,
Chateauneuf-les-Martigues,1962
et Martigues, 1963.
À Marseille :
La Verdière, 224 logements, OPHLM 13, 1956,
Les Chartreux, 120 logements, Phocéenne d'Habitation, 1957,
Montriant, 54 logements, 1961,
Saint-Jean-du-Désert, 100 logements, OPHLM 13, 1957,
La Blancarde, 154 logements, OPHLM 13, 1961,
Cité Paul Masson, 60 logements, Sté Nouvelle d'HLM, 1961,
Saint-Just Bellevue, 603 logements, OPHLM 13, secteur industrialisé, 1961,
La Rose Le Clos, 734 logements, OPHLM 13, 1963.
Fichiers associés :
- Carte du 13e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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