1.1320 - Campagne Lagarde
La Rose, partie méridionale du 13e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1320, p 33. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Campagne Lagarde
avenue François Mignet, quartier de la Rose 13013
Lambert 3 : latitude 3.09264 ; longitude 43.3244
Accès : métro ligne 1 : La Timone - La Rose
propriétaire : ERILIA, 78 bis rue Perrin Sollier, 13006 Marseille, 04 91 18 45 45, PDG H. Voglimacci
programme : Groupe d'habitations de 495 logements HLM type B, groupe scolaire, commerces.
Maître d'ouvrage : Provence Logis SAHLM.
10 immeubles : barres, tours et maisons.
dates, auteurs : Permis de Construire 1963, fin des travaux 1966.
Jean-Louis et Jean-Marie Sourdeau, architectes.
Bureau d'étude SMET.
site : Ancienne bastide Campagne Signoret. Altitude NGF de 90,00 à 106,00 m, 9,7 ha. Zone rurale du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Composé depuis la Rose le long des voies proches du terminus métro. Épannelage : Bât. H, I, J : R0, B : R+3, C, D : R+8, A, E, F, G : R+13.
bâti : Ensemble structure béton par voiles porteurs. Bon état général. Réhabilitation.
sources : AD : 2071 W 23 (66.875), 165 W 723
Contexte :
L'urbanisation de la partie nord-est de La Rose s'est engagée au début des années soixante sur des zones rurales (Le Vieux Cyprès, Château Belmont) sur la base d'opérations disjointes. Cette procédure de plan de détail renforcera l'autorité des architectes-conseils du ministère de la Construction dirigé par J. Maziol. Xavier-Arsène Henry est celui des Bouches-du-Rhône. Il laissera une empreinte sur la manière de traiter la densité urbaine au travers des plans de masse. On retrouve ici les traits de son influence : les tours comme marque de la densité moderne, les barres très longues et hautes terminées par des inflexions angulaires, enfin les trames d'équipements tant technique (ici les projets de garages avec dalles) que scolaires ou commerciaux.
Mais c'est encore sous l'angle de l'adaptation au site qu'on devine A. Henry. Alors que le projet se place sur une pente vers le sud-est, le plan va étager une suite de plateformes artificielles plein Est de façon à intégrer la garages et à marquer les tracés de voies à venir. Ce travail d'aménagement du sol qu'on retrouve à Nimes Valdegour ou Marseille la Rouvière est plutôt inhabituel dans la cité phocéenne. Il suffit de faire le tour de l'opération pour se rendre compte de la grande stabilité de la ligne de ciel de l'ensemble.
Description :
Le programme recourt à plusieurs types de bâtiments qui vont de la maison individuelle jusqu'à la tour, en passant par des barres hautes ou basses, droites ou pliées.
L'ensemble, dans l'étagement des plateformes (dont les terrasses devaient recevoir des garages sous dalles) donne une image relativement fluide et joue de reculs variables, le long de l'avenue du Métro. En hauteur, les tours apparaissent sous deux formes : l'une isolée, au sortir du village de La Rose, telle une borne cantonnée de part et d'autre d'une nappe commerciale et qui reste très vivante aujourd'hui malgré l'arrivée du métro en aérien. Celui-ci rend en effet l'espace public difficile à lire.
L'autre image représente des tours en rafales au centre géométrique du plan de masse. Elles constituent une légère cadence urbaine parfaitement reconnaissable. À la place d'un centre unique et ponctuel, c'est une herse verticale qui joue autant des pleins que des vides pour donner un solide à claire voie.
Les tours ne dépassent pas les treize niveaux sur un rez-de-chaussée encastré dans la pente. Bien que distribuant quatre appartements par étage, elles restent relativement élancées, donnant à voir leur plus étroite façade dans la pente. Cet effet de soubassement de hauteur variable est tenu par un niveau d'allèges pleines au second étage, ce qui renforce l'assise de l'immeuble. Au-dessus, les garde-corps réalisés en serrurerie laissent affleurer la trame des poteaux, et les voiles et planchers qui étaient à l'origine teints en bleu foncé jouent désormais avec les bétons ocre clairs. Les faces latérales sont constituées de bandeaux alternant vitrages et allèges pleines qui étaient elles aussi colorées en bleu. Tant le béton que les persiennes rendent une belle finition de surface. Ces tours sont orientées : à savoir, les loggias s'ouvrent sur trois des façades, laissant la quatrième aux inclémences du temps.
Plus au nord, le pignon d'une des barres pliées de huit étages répond à la série des trois tours grâce à un traitement similaire des loggias. Ce pignon, allié aux faces du dièdre formant un pli perspectif dont le point de fuite est masqué par la barre devant les tours, dessine un espace très urbain où les immeubles ne se mesurent que les uns par rapport aux autres et jamais dans l'isolement pourtant caractéristique de la période.
Il faut y voir là la main de A. Henry qui avait une grande habitude de ce genre de dispositif.
Les barres reprennent ici encore un schéma de l'architecte-conseil. Il condense les baies autour des circulations verticales et laisse ainsi de larges plages verticales pleines qui amplifient les figures additives de l'architecture domestique. De plus, il recourt à une coloration en gris des bétons de structure, en bleu des persiennes et certains panneaux et en ocre clair des bétons, autant de valeurs qui ont été largement dévalorisées dans les dernières années du XXe siècle, au nom d'une idée villageoise de l'espace urbain.
Auteurs :
Jean-Louis Sourdeau,
inscrit à l'ordre dès 1942, président à la Libération.
Jean-Marie Sourdeau,
fils du précédent, né en 1922, diplômé 1953, décédé.
1952, Cité Radieuse (Le Corbusier),
1955, Vert Bois Logements Economiques de Première Nécessité, dits de l'Abbé Pierre,
1956, Campagne Larousse LEPN,
1958, La Marine Bleue (Devin, Castel, Gauthier),
1958, Le Duc (Candilis, Woods, Josic),
1959, Le Petit Séminaire, (Candilis, Woods, Josic),
1960, Châteaurenard,
1961, Cité Jardin de la Blancarde ( H. Enjouvin),
1962, La Ciotat (Sourdeau JL &JM),
1962, Aubagne (Sourdeau JL &JM),
1963, Frais Vallon (Devin, Castel, Gauthier),
1964, Istres (Sourdeau JL &JM),
1966, Campagne Lagarde (Sourdeau JL &JM),
1967, La Fauvière,
1967, Les Libérateurs,
1970, Valbarelle Heckel (Bonnardel),
1972, La Moularde (Chrysochéris).
Fichiers associés :
- Carte du 13e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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