1.1217/18 - Bois Lemaître
Montolivet, 12e arrondissement, nord-est de Marseille
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1217 & 1218, p 31. 2005
Label Patrimoine XXe Siècle, 2006
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Bois Lemaître,
avenue Jean Campadieu, rue Emile Baudot, quartier de Montolivet 13012
Lambert 3 : latitude 3.033616 ; longitude 43.321
Accès : bus 7 : Canebière - Bois Lemaître , bus 6 : cours J. Thierry - M° Frais Vallon
propriétaire : Syndics : ERILIA, 78bis, rue Perrin Sollier, 13006, 04 91 18 45 45
SOLAFIM, 170 La Canebière, 13001, 04 91 48 57 89 [Dolie]
programme : Grand ensemble, groupe d'habitations avec petit centre commercial, écoles, lieu de culte, en trois tranches.
Maître d'ouvrage : Société Coopérative des Postiers et des Agents de l'État et SA Provence Logis.
Programme de 933 logements : dont 126 pour Dolie.
dates, auteurs : PC initial : 1952 et 1959. Livraison : 1964 pour Dolie.
Louis Olmeta, architecte.
Procédé de pierre porteuse, P. Marcerou.
site : Terrain de la Pignatelle et Ginoux acquis par la ville. Rive nord du plateau de Montolivet dominant la vallée du Jarret. Altitude entre 148,00 et 155,00 m. Parcelle initiale boisée de 12 ha. Zone d'habitation ordre discontinu, Secteur G du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Composition sur un tracé de doubles barres enserrant la pinède, dans le tiers nord : tour, commerces écoles. Tout au nord, le bâtiment curviligne de Dolie, domine Frais Vallon.
Ensemble d'immeubles R+3 et une tour R+15.
bâti : Constructions sur refend béton, parallèle à la façade portée de plus de 5,00 m. Façades en pierre porteuse pré-sciée selon procédé Marceroux. Aménagements extérieurs soignés pour la période. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 7 (26.815), 12 (40.389), 165 W 992-993, 7 ETP 2481
Revue Marseille n° 20, 37, 56 Paul Tournon, Dominique Vincent, 1976
Guide d'architecture, Marseille, 1945-1993 : M.H. Biget, J. Sbriglio, Parenthèses, 1993
Contexte :
L'acquisition des terrains boisés de la Pignatelle est parmi l'un des premiers achats financés par le Fond National d'Aménagement du Territoire. Très présent à Marseille au début des années 50, l'architecte Jean de Mailly, développe des plans d'urbanisme de détails, sous forme de plans de masse composés, dans le cadre du Plan Directeur d'Urbanisme de 1949, dont une sur ces terrains.
L'importance même de ce projet de plus de 800 logements le range parmi ceux du Secteur industrialisé, lancé en 1951 par le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme dont le projet de Beaudoin à Strasbourg est resté en témoignage. Ici, le procédé de la pierre pré-taillée de P. Marceroux, qui domine la reconstruction du Vieux Port et tient alors lieu d'industrialisation. L'auteur, Louis Olmeta, y recourt pour la réalisation de l'Espéroun dont le maître d'ouvrage est aussi une coopérative de fonctionnaires.
Bâtie sur le même principe, Dolie constitue une seconde tranche plus tardive, traitée en bâtiment cintré.
Description :
C'est un groupe d'habitation marqué du trait des grands ensembles qui se réalise avec Bois Lemaître. Éloignés de la ville, ses équipements sont prévus pour assurer une certaine autonomie au groupe d'habitations : une école primaire du type Egger-Pouillon, un centre commercial, un centre culturel et cultuel, donnent une certaine animation à l'ensemble. Il est à noter que les fonctionnaires qui avaient été logés dans la Cité Radieuse et qui ne pouvaient acquérir leur appartement en 1956 furent relogés à Bois Lemaître, avec une certaine expérience de l'isolement.
L'autre trait commun avec les grands ensembles est l'ampleur de la composition, certaines barres font plus de trois cents mètres de long, leur alignement dépasse le demi-kilomètre. Tracé fort issu du chemin de grue, mais aussi prise de site sur le plateau de Montolivet. Sur les plans de la ville, le plan de masse de Bois Lemaître apparaît comme de grands signes remarquables. Autre caractéristique des grands ensembles, le fait de ne composer qu'avec deux types d'immeubles, les barres et les tours, à la fois objets plastiques et seuils de rentabilité définis lors du concours du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme en 1949. Les gabarits d'immeubles sont déterminés par les distributions : escaliers pour quatre étages, ascenseurs pour plus de dix niveaux. Posée sur le plateau, la tour est visible de la majeure partie de Marseille.
Au reste, on est loin de l'écrasante impression d'indéfini et de tristesse dont parle, à l'époque, A. Hermant dans son article sur les tissus résidentiels. Ici, barres et tours composent sur un axe nord-sud une maille de logements enserrant la pinède dont il reste encore quelques sujets reliques. Au tiers septentrional, une maille ouest-est d'équipements commerciaux, scolaires et cuturo-cultuels. Le paysage domine encore sous la forme de ville verteinitiée dans le Plan Directeur d'Urbanisme de 1949.
Sans doute, l'architecture est ce qui tempère le grandiose de la composition ; d'abord à travers la facture à laquelle la reconstruction du Vieux Port nous a habitués. La pierre domine, brute de sciage, non ravalée, au-delà de son grain et de sa teinte, elle donne une dimension constructive au matériau. Le béton cale les niveaux et recoupe les travées de pierre à quatre lits par étage. Béton qui souligne les passages avec une surépaisseur de linteau, béton qui ajoure les cages d'escalier d'une grille décorative et couronne les acrotères d'une corniche au profil classique. Structurellement les façades de pierre sont porteuses, seul un refend médian, parallèle à la façade, participe à la portée des planchers. Aussi, seuls les profils les plus fins du béton apparaissent en façade. Les soubassements des caves sont aussi en pierre posée sur une assise de pierre froide en appareil cyclopéen.
La tour est un objet remarquable, tout en verticales, dont l'alternance des travées pleines et vitrées évoque les cannelures d'une gigantesque colonne, dont la corniche sommitale n'est pas sans évoquer le pavillon d'exposition réalisé en 1937 par A. Speer à Paris.
Le pied de la tour accueille un petit centre commercial en patio ouvert, dalle béton et poteaux en tube métallique, dont le traitement de sol en grès de La Ciotat, est devenu brillant comme un parquet. L'ensemble des espaces extérieurs a fait l'objet de transformations, mais le centre commercial est resté en état.
Auteur :
Louis Olmeta
est né en 1906 à Marseille, il collabore avec P. Tournon. Il réalise en 1950 les opérations expérimentales du Canet et de La Pomme, participe au programme de logement provisoire dit de L'abbé Pierre. En 1955, il termine l'Espéroun, en 1957, il est associé sur La Pauline. Parmi ses réalisations, on notera son association avec G. Candilis sur La Viste, avec G. Gillet sur le Roy d'Espagne.
Fichiers associés :
- Carte du 12e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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