1.0852 - La Grotte Rolland
La Pointe Rouge, 8e arrondissement, au sud de Marseille
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0852, p 17. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : La Grotte Rolland
109 boulevard de la Madrague de Montredon, boulevard de la Verrerie, quartier de Montredon 13008
Lambert 3 : latitude 3.02307; longitude 43.234
Accès : métro 1 : La Rose - La Timone
bus 19 : métro Castellane - Madrague de Montredon
propriétaire : Habitat Marseille Provence, 325 avenue de Frais Vallon, 13388, Marseille Cedex
programme : Ensemble de 270 logements, type LOPOFA, dit aussi Million amélioré.
Maître d'ouvrage : Office Public HLM de la Ville de Marseille.
Ensemble de 7 immeubles et équipements sociaux.
dates, auteurs : Permis de Construire : 1958. Déclaration d'Achèvement des Travaux : 1960. Réhabilitations : 1982-87
P. Jaume, P. Franceschini, P. Yard, B Trilles, P. Montassu, architectes.
Bureau d'étude, Max Laupies.
site : À l'entrée nord de Madrague de Montredon et des dernières implantations industrielles ; au sud du boulevard de Montredon, face au massif de Marseilleveyre. Altitude entre 25,00 et 19,00 m. Secteur d'habitation discontinue D sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949. (projet d'ensemble).
plan de masse : Établi par les services de l'Etat (Programme national). Barres parallèles au littoral, ouvrant au sud, c'est-à-dire à l'opposé de la mer. Épannelage : hauteur constante, 4 étages sur caves.
bâti : Constructions en béton, bloc creux de 0,25 m. Isolation thermique en béton de pouzzolane. Escaliers préfabriqués. Toitures rampantes et terrasses. Assez bon état général.
sources : AD : 2071 W 11 (38.215, 38.216), 14 (43.048), 165 W 177
Contexte :
Port de pêcheur qui s'industrialise au XIXe siècle, la Madrague de Montredon est une sorte d'Estaque du sud où activités extractives et chimie lourde profitent surtout de l'éloignement de la ville. Au début du XXe siècle, le littoral est déjà relié à la Pointe Rouge par un tissu pavillonnaire et de grandes propriétés. L'après-guerre verra naître une Association Syndicale de Reconstruction, après l'implantation d'une batterie allemande. Cet événement orientera le Plan Directeur d'Urbanisme de 1949 vers des secteurs à plan d'ensemble, sorte de laboratoire des politiques d'État, allié à une réalité tout autre, celle du tourisme populaire marseillais, ses plages et ses cabanons.
Entre cabanon et bidonvilles, la différence est parfois mince, et si des Logements Économiques de Première Nécessité seront construits à la Pointe Rouge, il faut attendre les programmes du Concours Million de 1955 pour voir une évolution de l'habitat précaire des travailleurs pauvres dans cette partie de la ville.
Au demeurant, il ne s'agit pas exactement de Logements Économiques Normalisés Million, mais des Logements Populaires et Familiaux (LOPOFA, ou Millions Améliorés) qui seront construits à Montredon, les programmes Million étant considérés par la ville d'une qualité médiocre. Ces logements sont destinés aux ouvriers des carrières de sable, de marbre, des fabriques de verres ou des usines d'acide tartrique et de plomb, autant d'activités largement déclinantes au cours du second XXe siècle.
Description :
Le plan de masse associe des bâtiments linéaires conçus par deux cabinets d'architectes, dont l'allure ne diffère que par quelques détails. Le caractère normatif des dispositions générales du Concours ouvert sur le Programme National est très présent, y compris dans la composition du plan d'ensemble. De part et d'autre d'une allée qui descend vers le rivage, l'implantation des bâtiments se fait en bandes parallèles successives, ce qui ne donne la vue sur la mer qu'aux immeubles de premier rang. L'orientation des immeubles se fait conformément aux directives de l'Administration, ouvrant de rares balcons vers le sud donc tournant le dos à la mer. Tout cela évoque un camp de transit à la fois hiérarchisé et répétitif.
Le plan de masse va diviser le terrain en bandes parallèles à l'avenue de Montredon, les programmes successifs (La Verrerie) s'étageront dans la pente les uns derrière les autres, même s'ils cherchent à éviter la typologie de barre.
Ces logements ne sont qu'accidentellement situés en bord de mer. Avec une épaisseur de 8 m et deux appartements par niveau, on reste sur la répartition 3P et 4P à quelques variantes près. La structure comporte des façades porteuses avec refend longitudinal, dans la tradition des HBM, ce qui limite la souplesse des plans d'appartements. Les distributions sont classiques, un calorifère central, entre chambre et séjour, assure le chauffage de tout l'appartement.
Peu de différences entre les projets des architectes : Yard et Franceschini, dont les bâtiments sont plus épais, introduisent une cloison biaise entre l'entrée et le séjour, les baies des chambres, cuisines et séjours sont de tailles différentes et la toiture terrasse est plate. Jaume, lui, prévoit une toiture monopente, et regroupe les pièces humides plus rationnellement. En façade, la même fenêtre se répète avec une division particulière pour la salle de bain et les toilettes. Les balcons, eux, sont identiques. P. Jaume reprendra ce modèle d'immeuble pour Saint-Régis (13011) et Pont de Vivaux (13010).
La réhabilitation engagée en 1982, sera une des première du genre en France ; les architectes B. Trilles et P. Montassu réussiront à installer de nouveaux immeubles au sein du plan de masse, atténuant la forme de casernement.
Auteurs :
P. Fransceschini et P. Yard
Les architectes associés P. Franceschini et Paul Yard (né en 1906) se sont fait connaître sur la reconstruction du port, puis dans des programmes sociaux, voir très sociaux.
1955, Les Catalans 13007, revue Urbanisme n° 68,
1955, Saint-Joseph, Cité d'urgence LEPN, 13015,
1960, La Grotte Rolland, Opération Million, 13008,
1964, La Renaude, programme de relogement, 13015.
Pierre Jaume
est un important constructeur de la période 1955-75.
1955, Le Pasteur, 13007 avec R. Egger,
1956, Le Tesseire, 13008, Viala 1,13015,
1957, Le Saint-Régis, 13011,
1958, Le Turenne, 13003 et Pont de Vivaux, 13010,
1959, Groupe Milan, 13008, Le Moulin à Vent, avec A. Rivoire, 13015 et Le Fil de Lin, 13015,
1961, Le Joffre avec A. Henry, 13004,
1961-68, Consolat- Miarbeau avec J. Berthelot, A. Devin, F. Bart et H. Faure-Ladreyt, 13015,
1963, La Rouguière avec J. Berthelot, A. Devin, F. Bart et H. Faure-Ladreyt, 13011, Les Micocouliers, 13014,
1964, La Révolution, 13003,Viala 2, 13015,
1965, Le Castellas avec F. Boukobza, P. Jameux, P. Mathoulin, 13015, Saint-Thys, 13010,
1966, Val Plan, 13013,
1968, La Marguerite avec C. Gros, 13010,
1969, Les Micocouliers,13010,
1970, Les Balustres, 13013,
1971, L'Antignane, 13008,
1972, La Bégude, 13013,
1974, Luminy, 19009, Les Lions, 13014,
1975, La Rigaudière, 13015, La Dominique 2 avec J. Crozet, 13011.
Fichiers associés :
- Carte du 8e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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