13.0504 - Sulfur City
sortie est de la ville, 5e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0504, p 10. 2005
Label Patrimoine du XXe siècle, 2000
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Sulfur City
88 cours Gouffé, avenue Friedland, quartier Baille 13005
Lambert 3 : latitude 3.05468 ; longitude 43.2853
Accès : bus 18 Préfecture - Le Bosquet
propriétaire : Syndic de copropriétaires : cabinet Chaudoye
programme : Groupe d'habitations de 114 logements.
Maître d'ouvrage : Georges Laville, constructeur.
Bloc de 3 immeubles : tour, barres, commerces, garages.
dates, auteurs : Permis de Construire 1951. Achèvement de travaux 1954.
Yvon Bentz et André Devin, architectes.
Entreprise Georges Laville.
site : A l'est de Castellane, en haut du cours Gouffé, dans l'inflexion des rues en direction de l'est ; rue d'Italie, avenue de Toulon. Ancien quartier industriel. Altitude entre 18,50 et 24,00 m. Ancien site d'usine chimique. Secteur Central ordre continu sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Ilot ouvert centré autour d'une placette formant parvis de la tour alignée sur le cours Gouffé.
Épannelage : tour R+16 barrettes R+6 et R+4, liaisons au sol donnant une continuité.
bâti : Constructions en béton. Façades réglées par des structures réticulées ; opposition entre la verticale de la tour et les horizontales des barettes. Émergences de superstuctures profilées. Bon état général.
cf. notice : 0707 - Le Pharo
sources : AD : 2071 W 5 (23.137), 165 W 29, 150 J 62-63
Revue Prado n° 8, 1973
Guide d'architecture, Marseille, 1945-1993 : M.H. Biget, J. Sbriglio, Parenthèses, 1993
Contexte :
Quartier industriel du premier XXe siècle, le cours Gouffé est rapidement à la recherche d'une plus grande notoriété. Quelques immeubles en témoignent. L'après-guerre accélèrera le mouvement, avec Sulfur City, sur l'emplacement d'une usine chimique sur le déclin. Son départ permettra non seulement d'assainir le quartier, mais aussi de revoir les échanges de circulation.
Située dans l'écheveau des voies qui marquent l'infléchissement des tracés urbains vers l'est, à l'instar de la rue d'Italie, le cours Gouffé, comme l'avenue de Toulon marque cette direction. Depuis longtemps, celle-ci assure le transit de sortie de ville et l'accès à la gare de l'est, laissant au cours les fonctions de résidences. L'agence d'E. Chirié avec lequel travailla A. Devin était située sur le cours Gouffé.
Enfin dernière opportunité, pour encourager la construction de logements, les projets sur les sites industriels pouvaient se faire sans plafond de hauteur. Autant d'occasions de faire une bonne opération. Pour autant, le règlement du Plan Directeur d'Urbanisme de 1949 maintient une continuité et des gabarits urbains sur le cours Gouffé. La dérogation sera aisée à obtenir.
Description :
Pour rendre cohérent un projet fait de bâtiments distincts, avec la continuité urbaine, A. Devin et Y. Bentz créent une placette, servant de parvis à la tour, placette qu'ils bordent de commerces de pied d'immeubles installés derrière une rangée de poteaux, un peu comme des pilotis. Au-delà, ils développent une architecture basse servant de liaison entre les immeubles existants pour en assurer la continuité.
La Cité Radieuse vient de se terminer et le modèle moderne intéresse les architectes. Le promoteur constructeur, G. Laville, semble avoir pris un parti d'un certain risque architectural.
Les immeubles seront de deux types : la tour au plan régulier, et les barrettes essentiellement occupées par des duplex.
La tour qui présente son profil élancé sur le gabarit du cours, a des façades dessinées par une structure réticulée en béton relativement fine. La grille en béton est calée sur le pas d'une largeur de baie et hauteur d'étage, du type mur rideau. Les panneaux menuisés avec allège vitrée armée et battants sans division ni imposte donnent l'image d'une continuité vitrée derrière la structure réticulée.
Les baies sont ainsi condensées et laissent dans les angles des parties pleines assurant une image précise aux arêtes solides.
Sur le fin motif de grille saillissent des balcons-tiroirs faits d'une équerre de béton et de simple grille sur les retours latéraux. C'est un modèle moderne qu'on associe souvent aux plongeoirs et à leur sensation de vertige.
Les émergences de superstructure, en toiture, sont une forme de signature de l'immeuble perceptible de plusieurs points de vue sur la ville. Les volumes répondent à la fois au dessin de volumes libres par des toitures en velum courbe mais aussi à une espèce de congestion d'objets techniques pas toujours contrôlés, et leur empilement très vertical. Sur la terrasse encombrée, une citerne en porte-à-faux se superpose à d'autres émergences donnant ce profil si particulier à l'immeuble.
Si on peut voir l'influence corbuséenne, d'autres modèles sont à l'œuvre comme le projet de W. Gropius pour le Chicago Tribune.
À l'inverse de la tour, les barrettes présentent une architecture très horizontale.
Avec une distribution en coursives des duplex ou studios, une logique de double niveau alterne horizontalement des façades en retrait (creux des loggias et coursives) et des bandes à l'alignement. Construit sur un principe de poteaux-dalles, l'ensemble est redivisé par des cloisons légères, doublées pour les séparatifs entre logements. Celle des barrettes qui longe le cours Gouffé est liée à la tour à laquelle elle emprunte son système de circulation verticale.
L'ensemble compte comme une indéniable réussite d'architecture urbaine, dans un langage moderne tempéré qui n'a pas encore fait de la table rase son seul credo urbanistique.
Auteurs :
André Devin et Yvon Bentz
Élève de l'atelier Bigot, A. Devin obtient son diplôme en 1928. Dans les années trente, il travaille à Marseille avec E. Chirié. Il s'associe par la suite avec Yvon Bentz, connu pour sa participation au concours pour les escaliers de la gare Saint-Charles, remporté par Sénes. Participant séparément à la reconstruction des quartiers démolis de l'Hôtel de Ville ; leur production commune de logements se fera après la guerre. Après Sulfur City, en 1954, à Marseille, ils réalisent la Résidence du Pharo (n° 0707), 105 logements, en 1956. En 1973, ils réalisent encore Le Riviera, immeuble de 101 logements situés dans le 5e arrondissement.
Fichiers associés :
- Carte du 5e arrondissement de Marseille
- Notice monographique imprimable
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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