Notices monographiques des 60 édifices ou ensembles remarquables étudiés (1/60)

références documentaires : Pré-inventaire des Trente Glorieuses - Alpes-Maritimes, 2005-2008
dénomination : Architecture domestique, villas
rédacteurs : Sylvie Denante, adjointe à la conseillère pour l'architecture - drac paca, Eve Roy
auteur, date : Oscar Niemeyer, architecte 1968
protection, label : édifice non protégé

Historique :

Formé à l'Ecole des Beaux-Arts de Rio de Janeiro, Niemeyer collabore dès les années 1930 avec Lùcio Costa et Le Corbusier. Au contact des deux maîtres, il développe un sens des volumes et de la forme artistique qui deviendront sa signature. Dans les années 1950, il obtient de nombreuses commandes dans son pays natal, émanant notamment du président du Brésil, Juscelino Kubitschek, avec lequel il se lie d'amitié. Après avoir réalisé l'ambitieux projet de Brasilia, qui lui permit d'affiner son style et d'acquérir une renommée mondiale, Oscar Niemeyer décide en 1965 de quitter son pays, en raison de son opposition au régime militaire instauré après le coup d'état d'Humberto Castelo Branco.
Exilé en Europe, il reçoit en 1967, année de son installation en France, la commande d'une villa à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Le commanditaire, l'éditeur italien Giorgio Mondadori, souhaite en effet occuper la parcelle qu'il vient d'acquérir sur la pointe du Colombier, au Cap Ferrat. Pour rentabiliser l'opération, celle-ci est divisée en deux. Sur l'une des moitiés, la villa de l'éditeur se dressera au milieu d'un immense domaine végétal de 9000 mètres carrés ; sur l'autre sera construit un ensemble de duplex, également conçu par Niemeyer et destinés à la vente.

Description :

La villa, toute en formes courbes, rappelle précisément la Casa de Canoas que Niemeyer avait réalisée en 1953 à Rio de Janeiro. Elle est composée de deux volumes principaux imbriqués : un corps de bâtiment rectiligne légèrement courbe dans l'axe Nord-Sud, et un corps de bâtiment aux formes arrondies et irrégulières dans l'axe Est-Ouest. Les façades Ouest et Nord, donnant sur le chemin d'accès et la parcelle destinée aux duplex, sont quasiment aveugles. En revanche, à l'Est et au Sud, les façades sont entièrement ouvertes sur le jardin et la mer, vues mises en scène par une résille de bois à l'Est et une immense baie vitrée sinueuse (22 mètres) au Sud. Le rez-de-jardin est destiné essentiellement aux espaces de service (buanderie, cuisine, office) et aux chambres des domestiques éclairées par une cour anglaise. Au-dessus, le rez-de-chaussée accueille, dans le volume rectiligne, cinq chambres, toutes munies de loggias et de salles de bains privatives. Dans un avant-corps, à l'ouest, se trouve une sixième chambre, attenante au garage. Dans le corps de bâtiment irrégulier, la salle à manger, le séjour et le coin-feu se succèdent harmonieusement, selon des rampes et des spirales caractéristiques de l'architecte brésilien. A l'extérieur, un jardin luxuriant peuplé d'espèces tropicales crée une ambiance de fraîcheur, renforcée par un chemin d'eau sinuant jusqu'à la piscine. 
Cette dernière, en forme de haricot, est bordée à l'Ouest, tout comme le chemin d'eau, par une plage pavée. Toujours à l'Ouest, un pool-house orné de carreaux de céramique bleus et blancs complète la composition. 
Dans les années 1990, la villa a fait l'objet de travaux de rénovation dus à Luc Svetchine et d'un agrandissement côté Sud, elle a également été dotée d'un logement de gardien enterré à l'entrée du domaine (au Nord). Puis elle est restée inoccupée pendant une dizaine d'années. Récemment rachetée, elle a été entièrement rénovée et redécorée par l'architecte américain Peter Marino. 
En accord avec les propriétaires, ce dernier a agrandi le salon, remplacé la baie vitrée unique par une série de panneaux coulissants, rehaussé la salle à manger et remplacé les rampes par des escaliers. Il est aussi l'auteur d'une réfection totale de la décoration, dans les goûts des nouveaux propriétaires, également collectionneurs d'art et désireux de mettre leurs oeuvres en valeur. L'aile des chambres, qui avait fait l'objet de transformations lors des travaux des années 1990, n'a été que peu modifiée.

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