Gaston Castel
Gaston Castel (1886-1971) est un architecte DPLG installé à Marseille et actif de 1918 à 1971 en France, principalement dans le sud-est, et au Brésil.
Originaire de Pertuis (Vaucluse), fils et petits-fils de fontainiers et entrepreneurs en bâtiment, Gaston Castel se destine très tôt à l’architecture. Après avoir été élève de l’Ecole normale d’Aix-en-Provence et avoir validé la première partie du baccalauréat, il prépare, à partir de 1901, le concours d’entrée de la section architecture de l’Ecole Nationale et Spéciale des Beaux-arts de Paris (ENSBA) au sein de la classe d’architecture de l’Ecole des Beaux-arts de Marseille. Reçu en janvier 1906, il étudie successivement à l’Ecole régionale d’architecture de Marseille dont il est l’un des premiers élèves (atelier Eugène Sénès, de janvier à octobre 1906), puis à l’ENSBA de Paris (d’octobre 1906 à novembre 1917 avec une interruption pendant la guerre, atelier Louis Bernier) dont il est diplômé en 1917 au terme d’un brillant cursus. Malgré un nombre impressionnant de récompenses (plus de dix médailles et autant de prix), Gaston Castel n’obtient pas la distinction suprême – le Grand Prix de Rome – mais un second Grand Prix qui, s’il ne lui ouvre pas les portes de la villa Médicis, lui permet toutefois de prétendre à une carrière officielle. Il crée une première agence à Paris, l’agence des « Trois Arts » avec l’architecte Paul Tournon (1881-1964), le peintre François Carrera (1889- ?) et le sculpteur Antoine Sartorio (1885-1988).
La première guerre mondiale bouscule irrémédiablement le destin de Gaston Castel, faisant du jeune homme une Gueule cassée. Mobilisé le 9 août 1914, après deux mois passés sur le front, il est grièvement blessé au cours d’un assaut : le 26 septembre, il perd l’oreille et l’oeil droits.
D’abord captif en Bavière, Gaston Castel bénéficie en 1916 d’un échange de prisonniers qui permet son transfert à Montreux (Suisse) où il achève sa convalescence. Mettant toute son énergie « à la seule patrie des Arts », il initie « avec ses camarades professionnels, convalescents ou guéris » un spectaculaire projet de sanatorium des Alliés (1917, non réalisé). De retour à la vie civile, Gaston Castel est nommé architecte adjoint du département des Bouches-du-Rhône le 1er mai 1918. Sous la direction de Louis Chauvet, architecte en chef du département, il mène quelques opérations (monument aux morts d’Aubagne, 1920) et travaille au plan d’aménagement, d’extension et d’embellissement de la région marseillaise. Bientôt, il demande un congé sans solde d’un an à compter du 1er décembre 1920 afin de se rendre aux Etats-Unis pour étudier l’extension des ports américains. Finalement, il consacre cette disponibilité à un voyage au Brésil où, en collaboration avec son ami Antoine Sartorio, il réalise un monument célébrant l’indépendance du pays (Santos, 1921-1922).
En 1921, son succès au concours lancé par la ville de Marseille pour la reconstruction de l’Opéra municipal (en collaboration avec Henri Ebrard et Georges Raymond, 1923-1924) qui avait été presque entièrement détruit par un incendie en 1919, ramène Gaston Castel à Marseille d’où il effectuera ensuite toute sa carrière. Cumulant la fonction officielle d’architecte adjoint (1918-1926 avec une interruption entre 1920-1921 pendant son séjour au Brésil) puis d’architecte en chef (1926-1941) du département des Bouches-du-Rhône et celle, libérale, de patron d’une agence importante (1920-1971), Gaston Castel est un acteur incontournable de la scène architecturale régionale jusqu’à sa mort en 1971. Comme la majorité des architectes actifs pendant la première moitié du XXe siècle, il fait preuve d’un certain éclectisme dans sa démarche créatrice, se référant à l’esthétique Beaux-arts dont il a été nourri pendant ses études, aux styles régionaux, à la vogue Art déco ou encore à l’esthétique plus radicale prônée par les architectes du Mouvement moderne.
Le statut d’architecte du département recouvre plusieurs missions (conseil, expertise, suivi administratif, etc.) parmi lesquelles la maîtrise d’oeuvre d’édifices financés, en totalité ou partiellement, par le Conseil général. Entre 1918 et 1941, Gaston Castel conçoit ainsi en collaboration avec ses trois adjoints – Jean Rasonglès (1905- ?), Henri Lyon (1885- ?) et Ludovic Mistral (1889- ?) – la plupart des nouveaux équipements du département qu’il s’agisse d’établissements de santé (asile départemental de retraite de Montolivet, Marseille, 1921-1942 ; orphelinat laïc de Saint-Joseph, Marseille, 1922-1939 ; sanatorium de l’Arbois, Aix-en-Provence, 1932-1935 ; centre d’hygiène mentale de la Timone, Marseille, 1931-1941), d’édifices de justice (annexe du Palais de Justice, Marseille, 1931-1933 ; prisons des Baumettes, Marseille, 1936-1940), d’établissements d’enseignement primaire et secondaire (groupe scolaire Paul Doumer, La Fare les Oliviers, 1930-1934 ; groupe scolaire de Saint- Martin-de-Crau, 1930-1938 ; école de filles de Berre, 1931-1932 ; école Dézarnaud, Berre, 1933-1937 ; groupe scolaire Jean Jaurès, Peynier, 1936-1938 ; école de garçons de Port-de- Bouc, 1937-1943 ; collège de garçons de Tarascon, 1935-1936 ; collège de jeunes filles Ampère, Arles, 1932-1933 ; Ecole des métiers Louis Pasquet, Arles, 1927-1929 ; cité universitaire Benjamin Abram, Aix-en-Provence, 1931-1935), d’équipements sportifs (stade municipal d’Aubagne, 1919-1922 ; stade municipal de Berre, 1936-1937 ; arènes des Saintes-Maries-de-la-Mer, 1932-1933) ou encore d’ouvrages d’art (pont de Cavaillon, 1932, détruit en 1944 ; entrées du tunnel du Rove, Marseille, 1925-1927).
Le titre d’architecte en chef du département favorise l’accès de Gaston Castel à la commande privée. Patron d’une agence importante occupant le rez-de-chaussée de son hôtel particulier de la rue Croix-de-Régnier (1924), il élabore une oeuvre conséquente, tant au point de vue quantitatif – 782 projets ont été recensés en 2009 lors de l’établissement du répertoire du fonds d’archives Castel par les Archives départementales des Bouches-du-Rhône – que qualitatif.
Il intervient dans le domaine du logement construisant immeubles et résidences mais aussi maisons individuelles (villa L’Eolienne, Marseille, 1929) et groupes de logements sociaux (près de vingt groupes HBM pendant l’Entre-deux-guerres puis des ensembles HLM pendant les années de croissance). Gaston Castel participe à la reconstruction du Vieux-Port en tant qu’architecte chef de groupe et qu’architecte d’opération (Groupe II).
Il réalise des équipements industriels et commerciaux (Compagnie générale transatlantique, 1928-1929 ; Grand garage de la promenade des Anglais, Nice, 1926 ; hôtel Arbois, Marseille, 1936-1942 ; immeuble Air France, Marseille, 1949-1955 ; hôtel Impérial, Bastia, 1949-1951) ainsi que des édifices administratifs (Hôtel de Douanes, Marseille, en collaboration avec Marius Dallest et Jean Rozan, 1929-1930 ; Cité administrative Saint-Charles, à partir de 1951 ; palais consulaire d’Ajaccio-Sartène, 1950-1959 ; nombreux bureaux de Poste et mairies dans les Bouches-du-Rhône).
Enfin, il dote Marseille et les villes environnantes de monuments commémoratifs (monument aux héros de l’armée d’Orient et des terres lointaines, Marseille, 1927 ; monument Pax, Marseille, 1936-1937 ; Mémorial de la Résistance, Ramatuelle, 1959).
L’intérêt de Gaston Castel pour les questions d’urbanisme se lit dans ses nombreuses contributions théoriques (Marseille et l’Urbanisme, 1932 ; Marseille Métropole, 1934) et projectives au développement de la cité phocéenne : aménagement des terrains de la Bourse (1924 à 1952) ; plan d’aménagement et d’extension de Marseille (en collaboration avec Jacques Gréber, 1933) ; aménagement du quai Rive-neuve (1933 à 1944) ; aménagement du quartier du Vieux-Port (1946 à 1959).
Enfin, parallèlement à ses missions de praticien, Gaston Castel est chef d’atelier à l’Ecole régionale d’architecture de Marseille de 1922 à 1952, marquant ainsi par son enseignement plusieurs générations de praticiens locaux.
Sources
Archives
- AN AJ 52 417, Dossier de Gaston Castel dans la section architecture de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts de Paris.
- AN CAC 19771065 art. 51, Dossier de Gaston Castel auprès du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme.
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds Adda, Dossier 218 Ifa 136/2.
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds Beaudouin, Dossiers 265 AA 1/2, 265 AA 1/3, 265 AA 33.
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds Bernard, Dossier 266 AA 50/2.
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds Hennebique, Dossiers 076 Ifa 1923/6, 076 Ifa 3189/8, 076 Ifa 3210/21, 076 Ifa 3230/13 à 076 Ifa 3230/15, 076 Ifa 1968/28, 076 Ifa 3307/20, 076 Ifa 2003/7, 076 Ifa 2324/20.
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds Dumail, Dossier 525 AP 19/8.
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds SADG, Dossiers 179 Ifa 2/21 à 179 Ifa 2/25.
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds Perret, Dossiers 523 AP 454/2, 535 AP 662/1, 535 AP 454/1.
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds Tournon, Dossier 351 AA 2/9.
- AD 13 86 J, Fonds Castel.
- AD 13 4 N et 103 W, Fonds de la Préfecture : construction des bâtiments départementaux.
- AD 13 3 O, Fonds de la Préfecture, Travaux communaux.
- AD 13 15 Fi, Fonds de la Préfecture, Travaux communaux.
- AD 13 T 12 et 131 W, Fonds de la Préfecture, Constructions scolaires.
- AD 13 6 S, Fonds de l’Equipement, Service maritime.
- AD 13 7 ETP, Fonds de l’Office public d’aménagement et de construction.
- AD 13 86 Fi, Fonds Detaille.
- AD 13 M 1 610, Dossier d’architecte départemental des Bouches-du-Rhône de Gaston Castel.
- AM Marseille, 31 R 144, Fonds de l’école des Beaux-arts. Registre d’inscription des jeunes gens.
- AM Marseille, Fonds 3 O, Bâtiments communaux.
- Musée d’Histoire de Marseille, Fonds Castel.
Ne sont pas indiquées présentement les nombreuses références des dossiers d’archives des différentes communes dans lesquels Gaston Castel est intervenu.
Bibliographie
- Chiavassa Isabelle (dir.), Gasnault François (dir.), Les Castel. Une agence d’architecture au XXe siècle, Marseille, Parenthèses/Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 2009.
- Drocourt Daniel (dir.), Gaston Castel, architecte marseillais, Aix-en-Provence/Marseille, Edisud/Musées de Marseille, 1988.
- Reimbold Emmanuelle, Dossier de presse de présentation de l’ouvrage Les Castel, une agence d’architecture au XXe siècle, document non publié, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, 2010.
Sources imprimées
Ne sont pas indiquées présentement les nombreuses références de sources imprimées, notamment les articles écrits par Gaston Castel et ceux consacrés à ses réalisations qui documentent son oeuvre.
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