Etienne Bentz
Etienne Bentz (1868-1942) est un architecte DPLG actif de 1900 à 1941 en France, principalement à Marseille, mais aussi à Paris (Exposition universelle de 1900) et dans le Var (Le Lavandou, Sainte-Maxime).
Etienne Bentz est né à Marseille dans une famille modeste : son père, mécanicien, fait une partie de sa carrière au sein de la Compagnie de chemin de fer Paris-Lyon- Méditerranée.
Rien ne prédestine Etienne Bentz à l’architecture et pourtant, dès son entrée dans la classe d’architecture de l’Ecole des Beaux-arts de Marseille en 1887, il se distingue par cinq prix et un accessit. Il y étudie auprès de Charles Héraud (né en 1859) qui est l’un des rares architectes à avoir introduit le style Art nouveau à Marseille. Encouragé par son professeur, Etienne Bentz présente le concours d’admission de la section architecture de l’Ecole Nationale des Beaux-arts de Paris à trois reprises avant d’y être admis en mars 1890. Il quitte alors Marseille afin de rejoindre la prestigieuse école où il étudie pendant huit ans, entre 1890 et 1898, au sein de l’atelier Guadet-Paulin. Ses parents ne pouvant subvenir aux exigences de ses études à Paris, il bénéficie de bourses mais, malgré cela, il est contraint de travailler fréquemment en dehors de l’Ecole. Cela ne l’empêche pas d’obtenir des résultats honorables puisqu’au cours de son cursus, il se distingue par l’obtention de deux Médailles et du Troisième Prix au Concours Chenavard. Il valide son diplôme d’architecte en juin 1900.
Sa vie professionnelle débute la même année par une commande prestigieuse qui contribue à le faire connaître. Il signe en effet plusieurs pavillons destinés à l’Exposition universelle de Paris de 1900 : ceux d’Arles et du Poitou ainsi que le salon de thé de celui de la ville de Marseille. Tout au long de sa carrière, Etienne Bentz cultive d’ailleurs son talent de décorateur et s’impose comme un spécialiste de ce type d’architectures : à Marseille, il est l’un des principaux artisans des Expositions coloniales de 1906 et 1922 ainsi que de la Foire internationale de 1932. En 1906, il réalise, entre autres, le pavillon du quotidien Le Petit Marseillais (1906), le Grand Palais (en collaboration avec les architectes Léonce Muller et Gaston Rambert et l’ingénieur Edouard Allar ; Etienne Bentz signe plus spécifiquement la façade ; Edouard Allar, ingénieur de la Société de Construction de Levallois-Perret, conçoit la structure métallique) ; la fontaine du Grand Palais (1906, en collaboration avec le sculpteur Francis André). En 1922, Etienne Bentz est nommé architecte en chef adjoint auprès de Léonce Muller, élaborant avec lui le plan général de l’Exposition. En 1932, il signe le plan général, conçoit le Palais des Congrès et l’Entrée de la Foire.
Parallèlement à son implication dans ces grandes manifestations, Etienne Bentz s’impose auprès de la bourgeoisie marseillaise pour qui il réalise immeubles d’habitation et villas de standing, principalement dans les quartiers sud de la ville. Pragmatique, attentif aux évolutions esthétiques et soucieux de satisfaire sa clientèle, Etienne Bentz manie avec talent différents styles. Progressivement, il se départit de l’éclectisme qui caractérise ses réalisations du début du siècle (villa Les Tuileries, 1913, square Monticelli, Marseille) au profit d’une écriture épurée plus en accord avec l’esthétique du Mouvement moderne (immeuble d’habitation, 1930, rue Paradis, Marseille). Il n’hésite pas non plus à puiser dans le répertoire vernaculaire pour élaborer un style néo-régional qu’il utilise surtout dans les programmes de villégiature.
Pendant les années 1930, Etienne Bentz contribue en effet à dessiner le visage de nouvelles stations balnéaires de la Côte d’Azur, telles que Le Lavandou et Sainte-Maxime. En collaboration avec l’architecte Gaston Chauvin, il y réalise de nombreuses villas ainsi que des immeubles d’habitation ou encore des équipements, notamment des écoles. Praticien reconnu, Etienne Bentz est également professeur d’Arts décoratifs à l’Ecole régionale d’architecture de 1906 à 1939.
L’agence fondée par Etienne Bentz à Marseille continue de fonctionner jusqu’en 1960 dirigée après sa mort par son fils, Philippe Bentz, architecte avec qui il est associé depuis 1935. Son nom reste également associé à celui d’Ivan Bentz (né en 1898, architecte DPLG actif à Marseille de 1941 à 1956, associé d’André Devin) qui n’est autre que son neveu.
Sources
Archives
- AN AJ 52 387, Fonds de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris (Dossiers individuels des élèves, Section architecture, Série du 1er janvier 1896 au 31 décembre 1900, de Bacot à Bernard-Bezault), Dossier individuel d’Etienne Bentz.
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds Hennebique, Dossiers 064 Ifa 1386/3, 064 Ifa 2171/11, 064 Ifa 2324/22, 064 Ifa 2296/21.
- AD 13 4 T 11, Affaires culturelles Marseille. Enseignement des Beaux-Arts (1903-1939).
Bibliographie
- Culot Maurice (dir.), DROCOURT Daniel (dir.), Marseille. La passion des contrastes, Paris / Liège, IFA / Editions Mardaga, 1991, p.417.
- Marantz-Jaen Eléonore, Architectes en exercice à Marseille 1927-1979, document dactylographié, 2003.
- Noet Laurent (dir.), Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Corse, Marseille, Edition Jeanne Laffitte.
- Ricateau-Marciano Florence, Formation et carrière des élèves de la classe d’architecture de l’Ecole des Beaux-arts de Marseille 1813-1914, Thèse de doctorat sous la direction de Claude Massu, Université de Provence, 1999, volume 2, annexe 14, p.445.
Sources imprimées
- Anonyme, « L’oeuvre des architectes marseillais : Etienne Bentz », Sud Magazine, n°80, 5ème année, p.43-p.44.
- Anonyme, « L’oeuvre des architectes marseillais : Etienne Bentz », Sud Magazine, n°83, 5ème année, 1er-16 juillet 1932, p.37.
- Anonyme, « Petite maison à la Valentine, style provençal (Marseille) », Petites maisons pittoresques, Paris, Ducher, s.d., 3ème vol., 3ème série, pl.8-pl.9.
- Anonyme, « Palais de l’Exportation, Exposition coloniale de Marseille 1906 », L’Architecte, p.72, pl.XLIX et L.
- Collectif, L’Exposition nationale coloniale de Marseille 1922, Marseille, Commissariat général de l’exposition, 1923, p.19.
- Entreprise Julien frères, Entreprise Julien frères, Marseille. Principales réalisations depuis le début du vingtième siècle, Marseille, Imprimerie méridionale, s.d. circa 1938.
- Himmer Henri, « Le Palais des Congrès de la ville de Marseille », Sud Magazine, n°86, 5ème année, 1er octobre 1932, p.12-p.13.
- Masson Paul (dir.), Les Bouches-du-Rhône : encyclopédie départementale. Le bilan du XIXe siècle. Tome 6 : la vie intellectuelle, Marseille, Ville de Marseille/Chambre de Commerce et d’Industrie, 1914, p.499-500.
Bases de données
- Base Mérimée, Ministère de la culture.
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