À leur arrivée, aux alentours de 10h, le temps que les différents acteurs de la visite se mettent en place, les élèves ont réalisé des dessins de la façade occidentale de la cathédrale. Par la suite, sous l’œil attentif d’Aurélia Vesperini, conseillère pour l’action culturelle et territoriale à la DRAC Centre-Val de Loire, Amélie Méthivier conservatrice-restauratrice et Irène Jourd’heuil, conservatrice des Monuments Historiques, les ont accueillis au pied du Portail royal. Elles ont rappelé l’importance historique et patrimoniale de la cathédrale de Chartres, tant sur le plan national qu’international, l’édifice étant inscrit sur la liste du patrimoine de l’Unesco depuis 1979. Elles ont également évoqué le contexte de l’opération de restauration menée par la DRAC sur le tour de chœur, en saluant le mécénat exceptionnel de l’association des Amis de la cathédrale et le travail des conservateurs-restaurateurs impliqués dans ce chantier.
Les collégiens ayant été répartis en deux groupes, la matinée s’est poursuivie en deux séquences d’environ 45 minutes, suivies alternativement par chacun des groupes. Alors que le premier visitait le chantier en compagnie d’Amélie Méthivier, le second a suivi Irène Jourd’heuil pour une présentation approfondie du tour de chœur. Devant les travées déjà restaurées, ils ont pu observer le le mode de construction de la clôture. Grâce à une documentation sur tablette ils ont pu localiser sur la carte les carrières de pierres qui ont été employées sur le chantier et chercher sur le monument les silex noirs caractéristiques de la pierre de Vernon.
Cela a également été l’occasion de discuter du vocabulaire architectural grâce auquel on reconnaît l’architecture gothique pour les inciter à observer les futurs édifices anciens qu’ils croiseront sur leur chemin. Sur le chantier, les élèves ont pu, en toute sécurité, une fois équipés de casques de sécurité, évoluer sur les deux premiers étages des échafaudages pour voir de plus près la restauration en cours. Ils ont pu assister à la pose du produit utilisé par les restaurateurs pour nettoyer les différents éléments architecturés. Ce fut pour tous les élèves une expérience unique que d’approcher ainsi au plus près de l’œuvre.
Paroles d'élèves...
"Les sculptures sont impressionnantes et très fragiles"
"Ce que j'ai le plus aimé : monter sur l'échafaudage car on a vu comment travaillaient ces personnes et avec quoi ils travaillent"
"Cette journée a été bénéfique, j'ai appris beaucoup de choses par rapport à la cathédrale, aux pierres... J'ai bien aimé le début quand on nous a expliqué l'histoire de la cathédrale"
Les élèves en compagnie d’Irène Jourd’heuil ont bénéficié d’un historique de la clôture à travers les siècles et d’explications sur l’iconographie des scènes représentées. Les élèves ont par ailleurs tenté de décrypter la signification des décors ornementaux du soubassement du tour de chœur en répondant aux questions de la conservatrice des monuments historiques. Cette participation active à la visite a contribué à maintenir leur attention et à éveiller un peu plus leur curiosité.
Une fois les deux temps de visite terminés, l’ensemble de la classe s’est retrouvée dans les jardins de l’Évêché pour un dernier échange avec l’ensemble des acteurs de la visite. Tous ont pu partager leur ressentis et leurs impressions sur les lieux visités et sur le tour de chœur en particulier.
Dans l’ensemble, les élèves ont été très à l’écoute des explications. Certains d’entre eux ont remarqué, durant la déambulation autour du chœur, des éléments qui leur ont été présentés durant la visite du chantier. De plus, chacun s’est montré extrêmement respectueux de l’environnement et de ses acteurs.
Je suis conservatrice-restauratrice de sculptures depuis plus de 20 ans, installée à mon compte. Quand mes enfants étaient plus petits, je suis allée plusieurs fois dans leurs classes présenter mon métier. J’ai pu constater qu’en parlant du patrimoine en général et de la conservation-restauration en particulier, on pouvait parler de pleins d’autres thèmes en lien avec ce que les enfants apprennent à l’école... et que ce métier était un merveilleux moyen de parler de physique, de chimie, de mathématiques, de biologie et bien sûr d’histoire. Je me suis rappelé que j’avais 6 de moyenne en physique-chimie en seconde et 18 en Master, et que trouver le métier qui me convienne m’avait pris du temps de réflexion.
Je n’ai jamais réussi à trouver le temps et la régularité pour poursuivre le soutien scolaire que je faisais avant la naissance des enfants, j’ai alors vu dans ce dispositif une chance de faire bénéficier les jeunes de mes connaissances, en espérant démystifier certaines choses et apporter des possibilités pédagogiques aux enseignements. On comprend mieux ce qu’on voit se produire. Pour ma part, j’ai pleinement compris ce qu'était une réaction exothermique expliquée au collège, le jour où j’ai coulé du plâtre.
Nous avons voulu nous adresser à un public qui, pour des raisons diverses, était éloigné des pratiques culturelles patrimoniales pour que cela soit vraiment utile. Et j’ai trouvé au collège de Brézolles un principal volontaire et des enseignants motivés. Enfin, la DRAC, qui soutient activement le projet, a débloqué un budget pour que je puisse plus sereinement préparer, coordonner le projet et mettre en place des visites et ateliers.
C’est donc un projet qui m’apporte aussi beaucoup, parce qu’il est pensé à plusieurs et que je crois fortement que cela en fait toute la richesse.
Le patrimoine est sous nos yeux, partout, accessible et si je peux faire le lien avec sa compréhension et sa connaissance, le pas n’est pas si difficile à franchir.
Amélie Méthivier, conservatrice-restauratrice
En savoir + : épisode 1
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