Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Je suis très heureuse de vous accueillir aujourd’hui pour installer notre Collège de la diversité. Merci à vous d’avoir accepté de le rejoindre et de vous y impliquer. C’est la force de vos convictions rassemblées qui lui donnera son utilité et sa pertinence.
Ce combat, je le porte depuis longtemps.
Il était au cœur de mon engagement militant, auprès d’Unicités, au Club XXIe siècle. Il est toujours au cœur de ma vie et de ma responsabilité de Ministre.
Il peut se résumer en un mot : faire en sorte que le monde de la culture reflète davantage les richesses de notre diversité que les blocages de la société.
Ne nous y trompons pas : c’est un combat politique. Il était déjà crucial hier ; il l’est encore davantage aujourd’hui.
Il est crucial, parce que ce qui est en jeu à travers la représentation de la diversité, c’est notre capacité à créer du commun.
Il est crucial, parce que la société française est plus que jamais troublée par des courants profonds. La tentation du repli sur soi est puissante. Le risque de répondre à nos peurs par le rejet de ce qui est différent nous guette chaque jour.
Tout cela met en péril la cohésion de la Nation. Comme l’a dit le Premier Ministre lundi, après le 13 novembre, c’est notre société qui est à réinventer.
Or la culture est précisément ce qui crée du commun.
Elle en crée par des références partagées – c’est évidemment le rôle de l’éducation aux arts et à la culture, à la création elle-même, sous toutes ses formes, de l’accès à notre patrimoine, de la présence de l’architecture dans nos vies.
Elle en crée à travers des œuvres qui portent une réflexion critique, par des spectacles qui rassemblent des femmes et des hommes d’horizons différents.
Elle en crée enfin par des visages et par des figures dans lesquelles on se reconnaît, qui sont à notre image, et qui participent avec talent à la vitalité de la création française.
Or, comment se sentir partie prenante de la vie culturelle quand ceux qui l’incarnent, la dirigent et l’impulsent, semblent si différents de ceux qui y participent, ou aspirent à y participer ?
J’ai fait du renouvellement de la création et de l’accès de tous à la culture les deux piliers de ma politique. Et je suis convaincue que l’un et l’autre ne peuvent donner du fruit sans que soit menée une action forte et déterminée en faveur de la diversité.
Je lui ai d’ailleurs accordé une large place dans les mesures que j’ai prises à la suite des Assises de la Jeune Création. Certaines sont déjà mises en œuvre.
Je pense notamment à la reconnaissance des classes préparatoires publiques aux écoles d’art et du spectacle vivant, qui doivent faciliter l’entrée de candidats qui viennent de milieux défavorisés.
Je pense aussi aux nominations à la tête des établissements culturels ainsi qu’ à la politique formation qui est essentielle, pour que chaque agent de ce ministère soit sensibilisé à ces enjeux.
Si le monde de la culture veut être à la hauteur du pouvoir qui est le sien – celui de nous rassembler et de nous libérer tout à la fois – il a donc la responsabilité d’être exemplaire en matière de promotion et de reconnaissance de la diversité.
Pour gagner ce combat, mon Ministère doit être pleinement mobilisé et se doter des outils pour le mesurer. C’est aujourd’hui le cas.
Muriel Genthon, Haut-fonctionnaire en charge de l’égalité femmes-hommes, a notamment œuvré à la mise en place d’un observatoire de la parité, avec la SACD, dont je salue chaleureusement l’action à ce sujet.
Lucie Muniesa, Haut-fonctionnaire en charge de la prévention des discriminations, travaille à évaluer les progrès de mon Ministère en la matière, via une certification AFNOR. Nous déposerons la demande de label « Diversité » et « Egalité Hommes/Femmes » au début de l’année prochaine. Nous serons je crois le premier ministère à le faire.
Aujourd’hui, Karine Gloanec-Maurin les rejoint, comme Haut-fonctionnaire en charge de la diversité. Là encore, c’est une première. Je sais qu’elle y travaillera avec beaucoup de soin et qu’elle adjoindra à sa solide expérience toute sa force de conviction, car je connais sa détermination.
Nous connaissons tous la difficulté qu’il y a à nous doter d’instruments pour mesurer la diversité. Je refuse que cela nous empêche pour autant d’avancer.
Nous avons besoin d’une observation solide de la diversité dans l’ensemble du monde de la culture et des médias. Nous pouvons le faire sans contrevenir aux lois et aux principes fondateurs de la République.
Nous avons besoin de pistes très concrètes pour obtenir le plus de résultats. Nous pouvons y parvenir sans jamais toucher à la liberté de création, de diffusion et de programmation, qui doivent être des principes absolument intangibles.
C’est là que j’ai besoin de vous. C’est là que je compte sur vous.
Je compte sur vous, représentants de l’audiovisuel public – nous avons eu l’occasion de l’évoquer en en juin dernier avec d’autres représentants du monde des médias.
Je compte sur vous, représentants des musées, de l’architecture, des théâtres, de l’opéra, des salles de spectacle, des lieux culturels. Sans vous, cela ne marchera pas. Tous les établissements publics doivent être mobilisés.
Je compte enfin sur vous, membres du collège et artistes en particulier : j’ai besoin de vos propositions, de vos priorités, de vos pistes concrètes, pour que nous avancions.
J’attends beaucoup de vos travaux, que j’espère voir démarrer dès janvier.
Je le dis volontiers, je suis optimiste sur les résultats que nous pouvons attendre de votre mobilisation : vous avez tous manifesté beaucoup d’enthousiasme à l’idée de rejoindre ce collège, et je vous sais personnellement engagés en faveur de ce combat.
Merci à vous.