C'est avec une profonde tristesse que j'apprends la disparition de Bernadette Lafont. Elle nous laisse cette insolence libératrice, ces élans de liberté, si caractéristiques d’une vie à l’image du cinéma.
Celle qu’une rencontre avait placée sur le chemin des plus grands était devenue une des égéries de la Nouvelle Vague. François Truffaut, Claude Chabrol, mais aussi Jean Eustache, ont ainsi fait de cette femme iconoclaste et inclassable, leur muse.
A travers des rôles emblématiques, elle avait su incarner à l’écran comme à la vie, une femme indépendante, insoumise et résolument moderne. Camille, dans Une belle fille comme moi de François Truffaut ou Marie dans la Maman et la Putain de Jean Eustache, autant de femmes fortes et libres. A l’image de la Fiancée du pirate de Nelly Kaplan qui vient bousculer la société française un an après 1968, elle a su faire souffler sur le cinéma français un formidable vent de liberté.
Amoureuse du cinéma et du théâtre, elle n’a eu de cesse d’inspirer toutes les générations de réalisateurs, les jeunes auteurs en particulier qu'elle soutenait avec conviction, elle qui aimait découvrir et expérimenter les formes les plus nouvelles. Avec Paulette de Jérôme Enrico, elle tire une ultime irrévérencieuse révérence.
Mes pensées sincères et attristées vont à sa famille et à ses proches.