C’est un vernissage un peu particulier que je vous propose aujourd’hui.
Au Grand Palais, grâce au mécénat de PagesJaunes, une oeuvre d’Anish
Kapoor, bien réelle, se construit à quelques centaines de mètres d’ici. Une
oeuvre qui demeure cependant imaginaire tant qu’elle n’aura pas été vue,
alors qu’ici, ce sont des oeuvres bien virtuelles, quant à elles, sont
présentées en chair et en os, oserais-je dire, devant nos yeux.
Précisément, la mise au point de la plateforme immersive 3D Urban Dive a
été l’occasion, comme le rappelait Jean de Loisy, de passer pour la
première fois commande à un artiste d’installations virtuelles, implantées
dans un paysage réel.
En l’espèce, Anish Kapoor a proposée la modélisation de certaine de ses
oeuvres pour qu’elles soient virtuellement insérables dans des sites parmi
les plus prestigieux de la capitale française, revisités par des failles
sismiques, de la cire rouge et des abîmes creusés dans des lieux
surchargés d’histoire. Cette idée de confier aux artistes les clefs d’un
remodelage imaginaire général de l’urbain a déjà une histoire longue,
depuis les città ideale du XVème siècle italien en passant par les capricci
architecturaux du XVIIIème siècle. Aujourd’hui, les possibilités offertes par
les technologies immersives que vous proposez ouvrent des perspectives
plus qu’enthousiasmantes, à la fois en termes de support et d’accès.
Je serai, lundi 9 mai, à Versailles, pour célébrer le lancement du Google
Art Project, qui part de Google Street Views pour inviter à découvrir des
tableaux. L’innovation majeure qu’Urban Dive apporte, on le voit, est de
s’affranchir du plan, pour proposer des oeuvres en trois dimensions qui ne
se contentent pas d’être dans la ville, mais la recréent littéralement. La
« réalité augmentée », qui consiste à découvrir, avec des lunettes
spéciales, en pointant le viseur d’un téléphone portable, ou en surfant sur
le web, des ajouts virtuels qui augmentent, expliquent ou enrichissent
l’espace, est aussi capable de l’embellir et de se mettre au service de la
création artistique.
Je crois qu’il s’agit là d’une des applications les plus intéressantes des
nouvelles technologies, tant le spectre de ces applications paraît large. À
vocation artistique, comme on le voit ici, on peut aussi l’imaginer au service
de la médiation. Nous n’en sommes à coup sûr qu’aux débuts d’une
nouvelle histoire culturelle des supports visuels.
La France et ses écoles produisent chaque année, dans le domaine des
nouvelles technologies et de la création numérique, de nouveaux créateurs
et développeurs dont le talent est reconnu dans le monde entier. Je suis
heureux qu’aujourd’hui une entreprise aussi ancienne et familière aux
Français que les pages jaunes, qui a magnifiquement négocié durant la
dernière décennie le tournant du numérique, s’inscrive dans ce nouveau
paysage créatif où la France à tous les atouts pour être encore plus
présente.
Je vous remercie.