La Corse, le cinéma et l’audiovisuel : depuis les films muets des années 20 jusqu’aux productions récentes de Pierre Salvadori, Orso Miret ou Frédéric Graziani, c’est une longue histoire, une longue filiation. Comment l’île de Beauté ne pourrait-elle proposer, avec ses paysages à couper le souffle, avec ses plongées et ses contre-plongées inouïes entre cimes, forêts profondes et falaises rocheuses, un regard sur le monde, un œil projeté sur l’univers, l’œil du cinéaste ? Grâce aux équipes de France Télévisions, ce sont aussi les images de la proximité et le « regard » corse qui sont offerts aux habitants de l’île, et au-delà, aux téléspectateurs du continent et de la Méditerranée.
Je me réjouis donc d’être ici parmi vous pour signer à la fois la convention triennale 2011-2013 entre l’État, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et la Collectivité territoriale de Corse, et d’autre part l'avenant à la convention d'objectifs et de moyens de la chaîne VIASTELLA, entre l'État, France Télévisions et la Collectivité territoriale de Corse
Ces deux conventions sont un événement de premier ordre pour affirmer le rôle de la Corse dans le renouvellement du paysage audiovisuel et cinématographique méditerranéen. Le document relatif à VIASTELLA est unique, dans la mesure notamment où il intègre la chaîne dans le périmètre des missions du service public audiovisuel et ouvre donc la perspective d’une diffusion en télévision numérique terrestre. Pour sa part, la convention de développement cinématographique et audiovisuel est la toute première que j’ai l’honneur de signer cette année. 25 autres suivront, puisque toutes les régions de métropole et d’outre-mer ont accepté la poursuite du partenariat pluriannuel proposé par l’Etat en 2004, renouvelé une première fois en 2007 et une deuxième fois en 2011.
A travers cette nouvelle génération de conventions, le ministère de la culture et de la communication, à travers ses services déconcentrés, les directions régionales des affaires culturelles (DRAC), et d’autre part l’établissement public qui pilote la politique publique en faveur du cinéma et de l’audiovisuel, à savoir le CNC, renforce sa politique d’accompagnement des collectivités territoriales. Favoriser la création, la production cinématographique et audiovisuelle, la diffusion culturelle, mais aussi l’éducation à l’image, sans oublier le soutien aux salles de cinéma : telle est leur ambition.
Jadis notre industrie cinématographique et audiovisuelle souffrait d’une hyper-concentration en région parisienne. Depuis quelques années, elle redécouvre le charme des régions, la diversité de leurs paysages, la qualité de leurs infrastructures. A mes yeux, il est essentiel que les créateurs, les techniciens et les comédiens puissent travailler, s’ils le désirent, dans leur région d’origine, sans être contraints de s’exiler à Paris. Dans ce domaine, je le sais, beaucoup reste encore à faire mais nous sommes sur la bonne voie.
Nos paysages, notre patrimoine architectural, nos « lieux de mémoire » sont des richesses que le cinéma peut s’approprier, voire même embellir ou ré-enchanter. Et les élus ont bien compris qu’il y avait dans ce partenariat avec le cinéma un outil formidable de développement. Je suis déterminé à contribuer avec vous tous, avec les élus, avec les professionnels, à relocaliser un grand nombre de tournages sur notre territoire. C’est une politique volontariste en termes d’aménagement culturel du territoire, c’est aussi un choix stratégique et économique pour le secteur.
Les montants financiers inscrits dans ces conventions traduisent cette ambition. Ils n’ont cessé de progresser : en 6 ans (2004 à 2010), les engagements de l’État sont passés de 10,1 millions d’euros à 24,3 millions d’euros. Sur la même période, les engagements des collectivités locales sont passés de 35,5 millions d’euros à 61,3 millions d’euros. Pour la période, tous partenaires confondus, c’est un quasi-doublement du Fonds d’aide à la création et à la production.
A travers ces conventions, il s’agit bien d’affirmer notre attachement à la vitalité et à la diversité du 7ème art sur l’ensemble du territoire. Le cinéma français est un patrimoine commun, sa production et sa diffusion doivent être communément partagées.
Le dynamisme de la Corse est particulièrement éloquent dans le secteur du documentaire de création, qui constitue le point fort de la région. A ce titre, la chaîne VIASTELLA joue un rôle essentiel dans le dynamisme de la filière audiovisuelle corse. En coproduisant ou achetant un très grand nombre de documentaires, elle contribue à la vitalité d’un tissu de producteurs locaux particulièrement actifs. Sa ligne éditoriale s’inscrit dans une dimension méditerranéenne qui permet de ne pas se limiter aux sujets insulaires mais d’ouvrir les horizons à un patrimoine élargi et partagé.
En cela, la réussite par France Télévisions, et donc ses équipes de France 3 Corse, de la chaîne VIASTELLA est exemplaire. Alors qu’il s’agissait initialement d’une expérience, initiée par France 3 Corse, l’idée a su fédérer progressivement tous les partenaires ici réunis, qui doivent en être remerciés. Depuis son lancement en octobre 2007, la chaîne a progressivement su proposer tous les types de programmes ; rencontrer son public – puisque plus de trois quart des téléspectateurs déclarent la regarder régulièrement – ; et instituer des rendez-vous appréciés et riches en débat, avec notamment l’émission « Ma Corse me suit partout » ou encore le magazine hebdomadaire Mediterraneo.
Aujourd’hui, nous renouvelons donc l'engagement de l'Etat, de France Télévisions et le Collectivité Territoriale de Corse dans VIASTELLA. La signature de la convention d’objectifs et de moyens (COM) de la chaîne Via Stella pour la période 2011-2013 est une étape importante permettant de renforcer son rayonnement méditerranéen et sa stratégie culturelle. La coopération fructueuse entre Via Stella et France Télévisions, qui se traduit sur le terrain économique, dans le domaine numérique, dans le développement de contenus culturels de qualité, sera poursuivie et renforcée.
Nous allons ainsi inscrire Via Stella comme mission de service public, dans le cahier des charges de France Télévisions. En conséquence, je peux vous annoncer que dans un horizon proche Via Stella bénéficiera d’une fréquence sur la Télévision numérique terrestre (TNT), et pourra donc être reçue par l’ensemble des foyers corses.
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Depuis sa création en 1959, depuis ses origines, le Ministère que j’ai l’honneur de servir a eu cœur de porter deux exigences : la décentralisation et la démocratisation culturelle. Ces deux priorités, je les fais miennes et je souhaite en adapter les exigences à la société du XXIe siècle telle que nous la connaissons, une « société des écrans », une société où les identités se vivent en réseaux, où les cultures locales dialoguent avec un monde global.
Oui, telle est ma conception de la décentralisation culturelle, où l’Etat assume pleinement ses responsabilités, et où tous les partenaires - l’Etat, les collectivités territoriales, les professionnels - agissent dans un même but : préserver et développer la diversité culturelle, favoriser les nouvelles dynamiques artistiques. C’est là ma vision d’une collaboration renouvelée entre la Corse et le ministère dont j’ai la charge, dans le cadre institutionnel fortement décentralisé de la politique culturelle que connait l’île depuis 2002. Ce sont les chantiers et les priorités que je développerai dans un instant devant les élus de la Collectivité territoriale de Corse.